22 - Le calme avant la tempête

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Dix jours après l’attaque, les choses reprirent leur cours comme avant et mes leçons recommencèrent. J’avais appris par l’intermédiaire de mon majordome que mon père souhaitait que je sois la marraine d’un gala de charité qui aurait lieu bientôt. Je devrais « représenter les valeurs de la famille McKenney » selon ses propres mots. Il allait donc falloir que je redouble d’efforts pour m’y préparer.

    Tout se passait plutôt bien ces jours-ci. Je prenais plaisir à apprendre encore de nouvelles choses et j’étais contente de revoir certains professeurs. Je trouvais toujours du temps pour des projets personnels : couture ou jardinage.

    Lorsque j’avais un moment de répit, Nathan et moi nous retrouvions parfois pour savourer des petits moments câlins. Nous n’étions pas allés plus loin, mais je profitais avec plaisir de sa tendresse. Cependant, nous prenions soin d'agir en toute discrétion et gardions nos distances en présence d’autres personnes. Ni lui, ni moi, ne voulions que notre histoire ne s’ébruite. Personnellement, je craignais surtout que mon père l’apprenne et que cela se termine mal.

    Depuis le départ de Sasha, j’avais réussi à convaincre William de se joindre à Nathan et moi lors de nos soirées dans le petit salon.

    Erika, la cuisinière, se joignait régulièrement à nous. J’avais pu apprendre à la connaître un peu mieux. Elle était mère de deux enfants qu’elle ne voyait malheureusement pas souvent car ils habitaient avec leur père, loin d’ici. Elle nous avait raconté beaucoup de détails de sa vie. C’était vraiment une femme courageuse et déterminée. En l’écoutant, j’espérais pouvoir me montrer aussi forte face aux obstacles qui m’attendraient.

    J’avais aussi réussi à convaincre Harold, le jardinier, de venir quelques fois. C’était un homme assez âgé, bien qu’il n’ait jamais voulu nous révéler son âge exact. Il avait toujours le mot pour rire et disait retrouver une seconde jeunesse en la compagnie de jeunes gens comme nous.

    Durant ces soirées, je pus également en apprendre plus sur le passé de Nathan et William. Nathan avait perdu son père alors qu’il n’avait que quatre ans. Sa mère était tombée gravement malade après ça et il avait dû s’occuper lui-même de sa petite sœur, de deux ans sa benjamine, ainsi que de sa mère. Il ne put quitter la maison que lorsque sa sœur fut assez grande pour se débrouiller seule et s’occuper à son tour de leur mère.

    William, quant à lui, n’avait jamais connu ses parents. Il avait été abandonné tout bébé et avait grandi dans un foyer pour orphelins, où tous les enfants étaient éduqués pour devenir des majordomes ou femmes de ménage. Ce qui expliquait pourquoi il était aussi rigide à ce sujet : il avait toujours vécu comme ça.

    Au fil des jours, je me rendais compte à quel point ils avaient tous dû souffrir au cours de leur vie. Mais ils s’étaient battus pour en arriver là, à ce moment où ils pouvaient continuer de sourire et rire, même en racontant les pires épreuves de leur vie. À leur contact, je me sentais devenir plus forte.

    Un soir, alors que je lisais tranquillement dans ma chambre, William arriva.

— Miss, il y a un appel pour vous.

— Un appel ?

Depuis que j’avais rejoint la résidence, je n’avais plus eu droit de téléphoner à qui que ce soit. Même lorsque mon père appelait, il passait par William pour faire passer ses messages. C’était la première fois que quelqu’un voulait me parler au téléphone.

— Oui, vous pouvez aller le prendre dans le bureau de votre père.

Intriguée, je me rendis dans le bureau et pris le combiné du téléphone.

À mon serviceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant