La soirée précédente avait été riche en émotions et la nuit qui suivit fut compliquée. Bien que j’aie pu percevoir la lueur du soleil à travers les volets de ma chambre, je m’étais rendormie, n’ayant aucune envie de me lever. Mais je fus soudain tirée du sommeil lorsque je sentis quelque chose effleurer ma joue.
— Pardonnez-moi, Miss.
Je me frottais les yeux pour pouvoir distinguer William debout à côté de mon lit.
— Il est déjà midi et je commençais à m’inquiéter de vous voir encore au lit. Est-ce que tout va bien ? demanda-t-il d’une voix douce.
— Oh… Oui, oui, tout va bien. J’étais juste très fatiguée.
Je bâillai à m’en faire craquer la mâchoire, ce qui fit sourire mon majordome.
— Souhaitez-vous reporter la leçon du jour pour continuer à vous reposer ? proposa-t-il.
— C’est possible de reporter ?
— Par chance, je suis votre professeur aujourd’hui. Alors disons que je vous donne exceptionnellement l’autorisation de remettre votre leçon à plus tard.
— Oh, ce serait merveilleux ! Qu’étions-nous censés faire aujourd’hui ?
— De la couture.
Je me relevai d’un coup, aussitôt bien éveillée. Je repensais à mon petit coin couture dans mon ancien appartement à Londres. Cela me semblait une éternité depuis la dernière fois où j’avais tenu une aiguille entre mes doigts.
— OK William, j’ai changé d’avis ! J’ai bien assez dormi de toute façon.
Je me levai et filai rapidement dans la salle de bains. Mon majordome fut étonné de mon changement radical d’humeur.
— Êtes-vous sûre, Miss ?
— Oui ! Accorde-moi juste deux minutes pour me préparer ! Tu peux m’attendre à côté, je fais vite.
Je pris juste le temps de me débarbouiller rapidement, de chasser mon haleine matinale et de changer de vêtements, avant de rejoindre William qui m’attendait assis sur le coin de mon bureau. Je me fis la remarque qu’il se montrait désormais bien plus détendu en ma présence. Auparavant, il était toujours droit comme un i et agissait presque comme un robot. Il semblait à présent plus humain. Je regrettais seulement qu’il continue à me vouvoyer.
— Quelle rapidité, Miss ! Aimeriez-vous manger quelque chose avant de démarrer la journée ?
— Non, allons-y ! dis-je d’un ton décidé.
William m’emmena à l’étage des domestiques jusqu’à une buanderie dans laquelle se trouvait une machine à coudre. Enthousiaste à l’idée de pouvoir à nouveau coudre, je me précipitai pour aller m’asseoir devant la machine. Sur la table où elle était posée se trouvait un carton remplit de tissus divers. Je fouillai dedans comme si je venais de découvrir une boîte aux trésors.
— Miss ? Vous aimez coudre ?
Mais je n’entendis même pas sa question alors que je réfléchissais déjà à ce que j’allais pouvoir faire. Je choisis dans la boîte deux morceaux de tissus : le premier en velours bleu canard avec motifs géométriques, le second en satin vert d’eau.
— Que comptez-vous faire avec ceci, Miss ?
— Oh, c’est une surprise. Mais est-ce que tu peux me servir de modèle pour que je prenne les mesures ?
— Oh, euh, oui, bien sûr.
William semblait un peu embarrassé. Je saisis le mètre ruban sur la table puis me mis debout face à lui.
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À mon service
RomanceLara était une jeune fille ordinaire et solitaire, jusqu'au jour où elle se retrouva soudainement projetée de force dans un monde bien éloigné du sien, où la solitude finira par lui peser. Heureusement, elle sera entourée de trois jeunes hommes qui...