Keyvan est LE garçon le plus populaire de Woosder, le célèbre lycée de la ville. Le fait qu'il soit gay et l'assume ne dérange personne, pas même ceux qui le détestent.
C'est vrai qu'il est prétentieux et arrogant, qu'il se la raconte, qu'il aime j...
- Ben, ce costume est magnifique ! Il te va à merveille ! se dit lui-même Benjamin en se regardant dans le miroir.
- À qui parles tu ? s'écria Robert depuis la chambre d'à côté.
- À moi-même ! Faut bien que je me complimente puisque personne ne le fera...
- Je suis certain que tu vas passer une excellente soirée et peut-être même que tu vas rencontrer quelqu'un !
- C'est ça oui, je vais rencontrer le désespoir. Quoique c'est déjà fait. Bref, il faut que je positive. Avec un peu de chance, il y aura de l'action, genre des gens qui vomissent ou des disputes entre couple.
- Avec qui ira Lisa au fait ?
- Avec Sam... Mais je comprend toujours pas comment ça a pu arriver... Enfin, tant mieux pour elle.
- Il a du courage ce garçon...
- Tonton !
- Et ce McNamara ?
- C'est mort depuis longtemps avec lui, pas de commentaires, merci tonton.
Benjamin était effectivement très élégant dans son costume trois pièces noir et ses cheveux pour une fois coiffés. Cela le rendit plus confiant que d'habitude, oui, il était sûr qu'il plairait à son partenaire inexistant et que le fantôme qui l'accompagnerait au bal et lui allaient passer une bonne soirée bien déprimante. Pourtant, il ne comptait pas rater la soirée, peut-être par envie de se faire du mal en voyant les autres danser ensemble.
Chez les McNamara, Keyvan se trouvait dans son bain lorsqu'il se mit à réfléchir. Le bal, c'était ce soir et il ne comptait finalement pas s'y rendre. Des milliers de "j'y vais, j'y vais pas" lui torturaient l'esprit et il avait finalement décidé que non. En temps normal, un soir de bal, il serait déjà habillé, coiffé, prêt à faire fondre tout le monde grâce à sa beauté et sa classe, son élégance folle. Mais non, il ne parvenait pas à sortir de son bain chaud. Ce premier bal de Noël se ferait sans lui, sans aucun doute, c'était décidé et sûr à cent pour cent. D'ailleurs, le jeune homme préféra éteindre son téléphone afin de ne pas se faire harceler par ses amis.
- Keyvan, s'écria sa mère derrière la porte. Le bal... Vas-y ! Je veux des photos de mon fiston adoré avec la couronne de Roi sur la tête !
- Non, je n'irai pas !
- C'est à cause de ce garçon, c'est ça ?!
- Je ne vois pas le rapport !
Alors que Benjamin se fit conduire jusqu'au lycée par son oncle, il se mit à déprimer légèrement en pensant au fait qu'il était certainement l'un des seuls à s'y rendre accompagner par personne. C'était un constat plutôt triste, il fallait bien l'admettre. Peu importe, il fallait qu'il porte un sourire sur son visage afin de faire croire aux autres que tout vas bien pour lui.
De magnifiques limousines se stationnèrent devant le lycée, les couples, beaux et heureux, en sortirent en se donnant la main, ce soir était un événement de taille. D'ailleurs, un photographe chargé de les prendre en photos jouait les paparazzis, ce qui rendit les élèves tout fous, ils étaient des stars ce soir. Ben, lui, marcha si rapidement que personne ne le vit entrer dans le grand gymnase qui faisait office de salle de bal.
- Hey oh, Ben ! Waow, tu es tout mignon... s'écria Lisa au loin, main dans la main avec Sam.
- Salut, répondit Ben en souriant tout en allant se chercher un verre de sangria sans alcool, puisqu'il n'avait que ça à faire.
Les couples se mirent à danser, à rire, à s'amuser avec leurs amis, à boire dans une ambiance folle. Ils avaient tellement attendu !
- Vous êtes tous complètement beaux ! Vous êtes magnifiques et ce soir, comme à l'accoutumée, un Roi et une Reine seront choisis ! Vous voterez tous aux alentours de vingt-deux heures pour vos chouchous ! Mais en attendant, amusez vous ! dit le professeur Starasan qui serait l'animateur de la soirée.
Des applaudissements retentirent et la soirée repris son cours normalement, sauf pour Alex et Ashley qui commencèrent à discuter sur le côté, loin des autres.
- Donc, le sceau est sous notre table, tout est prêt. C'est tellement excitant ! dit Ashley.
- Ok, juste avant ça, on prendra le micro pour faire un petit discours à Ben. Ça va être kiffant ! s'amusa Alex.
- Dommage qu'on ne peut pas s'occuper de cette pétasse de Lisa ! Regarde la... On dirait une montgolfière...
- Elle aura son tour, t'inquiète... Bon, on fait ça à quel moment ?
- Alex, je te l'ai dis hier... À vingt-et-une heures. Dans une heure quoi...
- Ok... Oh mon Dieu j'ai tellement hâte ! Regarde le... Tout seul, comme un con à regarder les autres danser en buvant son verre... Si Keyvan était là, il rirait bien.
- C'est tellement dommage qu'il ne soit pas là ! Je lui ai envoyé un message mais il ne répond pas.
Vingt heures quarante.
Sms de Keyvan à Ben.
° Key : Sors de là ! Il faut que tu partes ! Ils ont prévu un sale coup, Ben !
Keyvan se sentit tout à coup très mal. Dans sa tête, de mauvaises images. Il imaginait Ben se faire lancer le sceau de sang de cochon sur la tête. S'il n'y était pas allé, c'était pour ne pas voir ça. Et si cela s'était déjà produit ? Et s'il était déjà trop tard ? Ben ne méritait pas ça, non. Il l'aimait, ce garçon, tant pis s'il ne savait pas très bien pourquoi.
Keyvan ne reçut aucune réponse et pour cause, dans le gymnase, le réseau ne passait pas. Le garçon décida d'envoyer un message à son meilleur ami afin de le dissuader de mener son plan à exécution.
° Key : Alex, stp, ne fais pas ça. Ne faites rien à Ben...
Alex ne reçut évidemment pas le message de Keyvan non plus. En l'absence de réponse, le jeune homme se mit à imaginer d'atroces scénarios. Peut-être que Ben était déjà chez lui en train de pleurer, la tête pleine de sang. Peut-être que tout le monde avait ri, peut-être que la soirée était terminée à cause de cet événement pas comme les autres. Benjamin était peut-être déjà sur toutes les lèvres, il était possible qu'on parlait déjà de lui comme d'une victime d'un plan diabolique mené à bien part le clan des populaires.
Il était peut-être déjà trop tard. Il ne savait rien y changer. Il ne lui restait déjà plus qu'à regretter amèrement de ne rien avoir pu faire.
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