Chapitre Dix-Huit

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Harry se réveilla en se sentant à la fois incroyablement bien, et terriblement sensible dans le bas du dos. Au début, les nappes du brouillard de Morphée l'empêchaient encore de se souvenir de ce qu'il avait fait pour finir dans un état pareil. Lentement, cependant, alors qu'il reprenait conscience dans la lueur de l'aube, il commença à se souvenir de la nuit qu'ils avaient passée ensemble, et prit une grande inspiration avant d'ouvrir les yeux. Il était allongé sur le côté, tout contre Severus, qui était allongé sur le dos. Harry, dans son sommeil, avait passé un bras sur son ventre. Les draps blancs n'étaient pas remontés entièrement sur eux, s'arrêtant au niveau des hanches. Harry ne savait pas quelle heure il était. Peut-être qu'il avait un peu faim, il n'était pas sûr. Une pensée soudaine le fit se crisper : il ne savait pas encore où il allait prendre son petit-déjeuner. Il n'était pas rentré dormir au dortoir cette nuit, et les Gryffondors qui étaient resté sur place — qu'ils aient passé leurs ASPICs ou non — allaient savoir qu'il avait découché. Harry était sûr qu'il était suffisamment tard pour qu'ils se soient tous réveillés la lumière qui se déversait depuis la fenêtre de la chambre de Severus était teintée d'une aura dorée, une teinte bien plus tardive que l'aube.

Qu'allait-il faire ? Où allait-il dire qu'il avait passé la nuit ? Toutes ses affaires étaient encore dans la Tour de Gryffondor tout le monde savait qu'il était encore au château. Et il devait partir aujourd'hui, même s'il n'avait pas la moindre idée des réponses qu'il allait donner si on lui posait des questions. Et où allait-il pouvoir aller ? Le Square Grimmaurd, bien sûr — il savait qu'il devait y aller. Plus de squat au Terrier, plus de vacances passées à Poudlard. C'était fini. Il était adulte.

Il était seul.

Son cœur se mit à battre de plus en plus vite en réalisant les implications terrifiantes. Quand pourrait-il retourner auprès de Severus ? Est-ce qu'il allait même vouloir qu'il revienne ? Et même s'il le voulait... Quand ? Est-ce qu'il s'attendait à ce que Harry ait déjà pris sa décision quant à ce qu'il ferait de son avenir ? La nuit dernière, il avait mentionné que passer du temps seul, au Square, serait une bonne idée. Peut-être qu'il ne l'aimait pas vraiment, en fait. Pas autant qu'il le pensait ? Peut-être que Severus avait besoin d'espace ? Est-ce qu'il était trop étouffant ? Est-ce qu'il voulait aller trop loin ? Trop vite ? Il savait déjà que Severus se méfiait de leur relation. Peut-être que c'était lui qui avait besoin de temps pour y penser. Harry voulait désespérément croire en ce qu'il avait entendu — par deux fois — de sa bouche même lorsque Severus s'endormait : qu'il aimait Harry. Mais qu'est-ce que ça voulait vraiment dire ? Pouvait-il — devait-il — dire à Severus ce qu'il ressentait ? Est-ce que Severus parviendrait à le croire ? Est-ce qu'il allait encore penser qu'il n'était qu'un Gryffondor naïf et un gamin confus ?

Et qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire au Square Grimmaurd de toute manière ? Severus lui avait suggéré de faire du ménage, mais Harry était presque sûr que s'il essayait de faire quoi que ce soit par lui-même, Kreattur allait lui faire une crise. Et, maintenant que l'elfe de maison le servait vraiment, la demeure était plutôt bien tenue. Severus n'y avait pas mis les pieds depuis que Dumbledore était mort, après tout. Donc, qu'allait-il y faire ? Harry commençait à regretter d'avoir refusé l'offre d'Apprentissage au moins il aurait eu quelque chose à quoi se raccrocher. Peut-être qu'il pourrait encore entrer dans le programme d'entraînement des Aurors ? La date de clôture des inscriptions était déjà passée, et depuis longtemps, mais Shacklebolt ferait sans doute une exception pour lui. Harry soupira. Non, ce n'était pas vraiment ce qu'il voulait faire. Il ne savait peut-être pas encore ce qu'il voulait faire, mais il savait définitivement ce qu'il ne voulait pas faire.

« Tes angoisses existentielles nuisent à mon repos. »

La voix de Severus gronda dans le silence du matin. Harry releva la tête pour regarder ses yeux, qui étaient toujours clos. Il sentit le bras de Severus resserrer son étreinte autour de lui.

Non DéclaréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant