C'était un jour gris comme certains les aiment. Le soleil peinait à glisser ses rayons jusqu'à mon verger fleuri.
La terre y était parfaite et j'avais pris la peine de bien l'arroser, peut-être trop ou mal je ne sais pas...
Cela faisait longtemps que le printemps s'était installé à nos côtés. Les bourgeons était gros comme des poings serrés...
Poing serré pour cacher les cicatrices que vous laisse la vie, je les carresse tendrement.
Ils faut dire que prendre soins d'un si beau verger était parfois difficile en cette saison mais qu'importe. Je savais que les plus beaux arbres ont parfois des épines pour se protéger et vous rappeler de ne pas trop les tailler. La nature aime être libre et sauvage et si vous voulez de beaux fruits il faut les laisser percer les nuages et chercher le soleil. Ceux qui me cherche savent qu'il suffit de suivre le ruisseau qui irrigue mes terres. Sa blancheur prend parfois la couleur du ciel quand le soleil triomphe et s'impose. La légende raconte que son lait devient miel au 1er jour d'été et qu'alors,
les vieux jardiniers pourront y tremper leurs vielles mains meurtries et les sortir la peau aussi douce et belle que celle d'un roseau a l'Aube du printemps.
Un soupir m'échappe, on me dit terre à terre, sans doute est ce vrai, reprenons le travail et oublions cette histoire de miel. Les épines elles, sont la et les rêves sont parfois plus douloureux que la plus profonde d'entre elles. Et puis je n'ai jamais été fragile ou du moins il y a si longtemps.
Je connais ce vent frais qui vient d'ailleurs qui vous appelle. Cest celui qui fait pousser les branches, sortir les bourgeons et éclore les boutons d'or et d'argent. Je l'entends murmurer à mes arbres ce doux refrains. Je les entends reprendre avec lui en cœurs de chacune de leurs feuilles cette vielle chanson intemporelle. Je la connais encore et même si mes feuilles sont tombées elle me fait encore sourire.
Ce matin le grand olivier a fait tomber la clôture. Le vent a été trop fort cette nuit au point que la plus haute feuille s'est posé sur l'étoile du Nord, Celle qui guide les marins. Ca devait arriver, je le savais depuis longtemps. Tout jardinier sait que pour avoir avoir une belle couronne et de beaux
fruits les racines on besoin de s'étendre. Cette fois ci la Racine a fait tomber le vieux mur que j'avais pourtant entretenu. J'avais réussi et je ressentais cette fierté que je lisais sur le visage du vieux Chêne rude et robuste. Celui sur lesquel je grimpais étant enfants. Je savais que de l'autre côté du mur je ne serais pas la pour prendre soins de chacune de ses branches et que certaines
se casseraient sans doutes sous les vents forts et violents. Je connais ces plaines arides et ennivrantes sur lesquels j'ai souvent erré parfois même perdu...
Je repense à mon vieux chêne silencieux seul sur sa terre nue. Je n'enjamberai plus jamais ses branches pour y grimper, son regard s'est vidé avec le dernier refrain. Il est toujours là regardant par dessus les reste de sa clôture. Son ruisseau déborde de miel aux milles senteurs et sa terre douce et paisible le berce patiemment. Son écorce épaisse semble couvrir tant histoires
passées, cachées.
Je regarde mes mains et soudain je comprends.
J'avais besoin de ma peau épaisse pouvant supporter les épines les plus profondes, celle qui vous plante le cœur d'égoïsme. Celle qui donne aux vieux chênes leur écorce capable de braver les tempêtes de vents et rester debout des siècles sous un soleil brûlant.
Si la légende dit vrai je chanterai jusqu'aux premiers flocons sur ma douce terre vierge en rêvant d'un printemps éternel de l'autre côté du ciel par dessus les étoiles, d'un jardin ou les Chênes n'ont ni écorce ni épines...
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Loin Du Vide
PoetrySi la lecture ne vous a pas donné envie d'écrire, c'est que le vide vous a eu...