On va pas ensemble, Potty

Tu en vaut la peine

   La rédemption n'était pas dans mes projets de cette année, honnêtement. C'était pour ça que traîner autour de la salle commune des dorés n'était pas une partie de plaisir. Je voulais attirer l'attention de Potter, la faire titiller, jusqu'à ce qu'il n'en peuve plus et vienne me trouver de lui-même. Je pourrais m'en vouloir d'être aussi forceur ou imprudent d'accepter l'aide proposée de la part du premier ennemi juré du Maître de mes parents, mais non. Finir comme mon père n'était pas mon but. Et ne le serait jamais.

   Bizaremment, depuis quelques temps, j'avais l'impression que tout devenait plus lent et lourd. Potter se montrait de moins en moins, et il m'arrivait de rarement le croiser, sans doute par hasard, hein (qui a dit que je faisais exprès de traîner dehors pour le croiser? Même pas vrai d'abord). Et l'image qu'il renvoyait donnait froid dans le dos : ses yeux avant d'un vert rempli de vie étaient maintenant exténués et cernés, sa démarche naturellement énergique ne ressemblait plus à rien, ses cheveux n'avaient pas changé (toujours aussi brousailleux que la norme). Il donnait une vision assez pathétique de lui-même. D'un côté, je me demandais vraiment ce qui lui arrivait, mais une autre partie de moi s'en foutait complètement et ne serait pas prêt à s'attarder dessus.

   On pouvait pas avoir un cœur en or tous les jours.

Maintenant, si je mettais l'histoire de Potter de côté, il fallait que je concentre sur l'Armoire à Disparaître que j'essayais à tout prix de réparer. Les vacances de Noël approchait à grands pas... et il serait surprenant que Vous-Savez-Qui demande à me voir. Rien que l'idée de le voir me rendait malade et me tordait les tripes. Mon sommeil n'était pas prêt à s'en remettre.

- Trop réfléchir t'as fait griller des neurones, Malfoy ?

Je relevais les yeux du paysage astronomique que m'offrait la Tour d'astronomie pour trouver Potter, les mains dans les poches de son jean, qui me regardait tranquillement. Pour une fois, il n'était pas si dépravé.

- Salut, avait-il soupiré en s'asseyant à côté de moi, gardant une distance de sécurité.

- Tu ressembles à un rat crevé.

- Je sais, je sais.

Il sourit mais seulement avec ses lèvres. C'était peut-être idiot comme remarque, mais avant, il souriait avec ses yeux. J'étais tenté de lui demander ce qui lui arrivait, mais non, je n'avais pas la délicatesse de Granger. Si j'avais osé lui demander, dans un faible murmure, j'aurai fini par détruire ma faible marque d'affection et d'inquiètude comme je le faisais toujours.

- Ne pose pas de question, s'il te plaît, souffla Potter en croisant les bras.

- Ce n'était pas mon intention...

Un peu quand même, je devais l'avouer.

- Tu te rappelles de ce que tu m'as... de ce que tu m'as proposé la dernière fois ? avais-je demandé avec un rapide débit de peur de me faire rejeter.

- Dans la Salle sur Demande, tu veux dire ?

- Non, non. Avant.

Il sembla réfléchir une seconde, les yeux dans le vague. Ils étaient toujours cernés, d'ailleurs. Et sa peau matte semblait moins douce que d'habitude. Je secouais légèrement la tête, reportant le regard sur le paysage, tandis que mon cœur se perdait dans un océan d'appréhension avant qu'il ne réponde.

- Je crois, oui. Pourquoi, tu as révisé tes plans ?

- Peut-être... peut-être que j'aurais bien besoin d'aide.

- Tu l'avoues enfin, Malfoy.

- C'était pas un secret.

- Mytho pas, va.