Cinquème jour : La marche tueuse

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Seulement le cinquième jour, vous allez me dire.
Bah oui, hein.

Que voulez-vous. Moi aussi je pensais que ces vacances improvisées passeraient à la vitesse de l'éclair, mais avec un adolescent aux cheveux décolorés aussi silencieux qu'une armoire, que dis-je, une tombe, évidemment que ça risquait d'être long. Long comme une croisière.

Tout d'abord, Malfoy restait dans sa chambre. Par malaise ? Par appréhension ? Par je-ne-te-dirai-jamais-merci-de-m'héberger ? Aucune idée, et j'avais pas le cran de directement lui demander.
Ma chambre était celle à côté de la sienne. Je pensais pouvoir l'espionner en gluant mon oreille au mur qui nous unissait, bah même pas. Silencieux comme un mort. J'ai même cru qu'il était mort à un moment. Avant qu'il éternue vraiment bruyamment.

Mais aujourd'hui serait un jour différent et qui marquera le début d'une incroyable ... épique aventure ... j'ai pas de synonymes, lalala. J'avais cuisiné des cookies et étais allé acheter des pommes vertes ! Quoi ? Faut bien l'attirait d'une quelconque manière !

Fier de moi et de mes achats, j'allais lui apporter mon cadeau. En...fin, non, c'est pas un cadeau, c'est plus ... un encouragement à sortir de sa chambre. 

- Malfoy ! ma voix traversa toute la maison, alors que je me précipitais dans les escaliers.

- Qu'est-ce qui t'arrive à gueuler comme un berger ?

La vitesse à laquelle il avait répondu à mon appel me choqua tellement que je ratais la dernière marche. Mon nez embrassa le plancher, suivit de près par mon menton.

- Argh, j'avais murmuré en espérant au fin fond de mon ego que le Serpentard n'avait pas entendu ma furieuse chute. 

Le sang se précipitait lui aussi pour inonder le sol. Je me relevais, prenant lassement le bas de mon pull pour éponger mon nez et le sol. Technique de flemmard et de gros crade ? Oui, je vous l'accorde. Mon pull plaquait sur le nez dont s'écoulait toujours mon traître de sang, j'entendis à nouveau de Malfoy :

- Tu t'es cassé la gueule, Potter ?

- Le sol m'as rattrapé, t'inquiète. On est meilleur ami lui et moi.

La porte de sa chambre s'ouvrit rageusement sur un Malfoy presque paniqué. Il reprit contenance et s'approcha lentement de moi. Je m'étais installé sur la marche farceuse, boudeur et le ventre à l'air étant donné mon pull remonté jusque mon nez.

- Comment t'as fait, encore ?

- J'ai couru, et j'ai mangé une marche...

Il soupira de ma bêtise (bizaremment, je me sentais jugé), les mains dans les poches de son pantalon noir.

- Attend ici.

Malfoy prêt de moi pour descendre et je le vis disparaître dans le tourniquet qu'étaient les marches. J'avais été tenté de lui dire que je ne pouvais pas aller bien loin, mais c'était rare de croiser le chemin du "gentil" Serpentard. Alors j'en profitais !

Le blond revenait à peine deux minutes après son départ, une boîte de mouchoirs dans les mains, sa baguette dans l'autre. Une demi seconde, je crus qu'il allait m'étouffer avec l'énorme paquet qu'il avait rapporter, et face à mon irréactivité quand il me tendu celui-ci, il s'assit à côté de moi et entreprit de me débarbouiller le nez.

- Baisse ton pull, Potter. Comment tu veux passer pour un mec normal avec autant de sang sur la gueule ?

Il est gentil, là, on est d'accord ? Je suis pas entrain de rêver ? (Comment ça j'ai déjà rêvé de lui ? PAS DU TOUT!) Toujours face à mon bug, il me chatouilla le ventre. Un brusque sursaut suivit d'un rire incontrôlé, mon pull s'écrasa sur ma peau nue, libérant l'accés à mon merveilleux nez ensanglanté.

- Tu vois, quand tu veux.

A l'aide de quelques mouchoirs, Malfoy essuya une quantité de sang que je crus impossible. Mais la montagne rouge à mes côtés me faisait comprendre que j'avais tort. Silencieux face à son pas en avant, je regardais simplement Malfoy prendre soin de mon nez. Ses doigts fins effleuraient tout les coins de mon visage, à la recherche des gouttes de sang vicieuses. C'est vrai que comparer nos visages n'étaient pas nécessaire pour comprendre qu'il était vachement attractif. Il faisait en sorte de n'avoir aucun contact visuel, même bref. 

Je refusais de penser qu'un garçon comme lui soit devenu un partisan de Voldemort. Il paraît beaucoup trop innocent sous mes yeux en ce moment, à prendre soin d'un gars qu'il doit normalement détesté en plus de séjourner chez lui. Comment faisait-il pour transporter cette odeur de pin avec lui ? (je parle bien de l'arbre) L'odeur emplissait à présent mon nez alors que mes lèvres ... 

ouvrèrent leurs stupides bouches !!!

- Tu es un Mangemort ?

Les gestes délicats du blond s'étaient figés. Et il relevait les yeux sur les miens, s'attendant forcément à du jugement ou du reproche, mais ne croisèrent que leurs éclats inquiets.

On va pas ensemble, PottyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant