À l'aube (Lévi X OC)

Intimidation

jeudi 1er octobre, 7h05

Assises par terre, Rachel et Anna étiraient leurs muscles pour se préparer à la longue journée d'entraînement qui les attendait. Le soleil illuminait la clairière qui leur servait de terrain d'entraînement derrière le château du Bataillon d'Exploration, réchauffant les visages encore endormies des deux jeunes femmes. Les feuilles des arbres avaient d'ores et déjà changé de couleurs, virant maintenant à des teintes orangées et ocres, une brise fraîche balayait légèrement leur chevelure

Elles avaient pris soin de ne pas trop se mélanger aux autres : elles les appréciaient bien mais se sentaient tout de même plus à l'aise en retrait de la foule. Rachel se leva rapidement afin d'entamer un jogging autour de l'étendue verdoyante qui s'étalait devant elle quand une voix dans son dos la fit tressaillir. Elle n'avait entendu arriver personne. Depuis combien de temps était-il là ?

- Jones et Davis, avec moi.

Son regard glacial contrastait sévèrement avec les couleurs pastels du ciel, indiquant le lever du soleil paresseux qui se dissimulait encore derrière les arbres. Bien que la température extérieure ne dépassait pas les dix degrés, un frisson parcouru l'échine d'Anna, effet incontestable des deux pupilles argentées et lacérées comme des lames qui détaillaient les deux jeunes femmes avec dédain.

Sans bien évidemment les attendre, le caporal
tourna les talons et s'avança vers l'entrée, ouvrit une porte puis une deuxième.

Ils traversèrent le long couloir dans un silence pesant, s'enfonçant dans le château. Il ouvrit une énième porte en bois et ordonna à Anna de s'asseoir et d'attendre là. Elle s'exécuta sans broncher avant de lancer un regard rempli d'incompréhension ponctué d'un froncement de sourcils nerveux à l'intention de son amie.

La blonde avait d'avance compris ce qui se tramait : ils voulaient les interroger individuellement sur leurs origines. Elle hochait doucement la tête en direction d'Anna, la savant plus nerveuse et angoissée qu'elle, essayant en vain de montrer à son amie qu'elle avait le contrôle de la situation. Elle jeta un dernier coup d'œil vers elle, anxieuse rien que de l'imaginer emmêler ses propos et bafouiller de confusion avant que Lévi n'interrompt leur contact visuel pour frôler la blonde et fermer doucement la porte.

Rachel se tournait vers son supérieur et le toisa arrogamment. Pour qui se prenait-il à les traiter de la sorte ? Était-ce un complexe d'infériorité camouflé derrière un uniforme qui lui donnait cette allure et ce sentiment de puissance ? Ou cet homme était-il condescendant de nature ? La blonde se perdit dans ses pensées et questionnements puis entra dans une pièce à part, suivie de près par le caporal.

- Assieds-toi.

Elle soupirait lourdement avant de s'asseoir pour bien montrer son ennui face à la situation actuelle, les jambes et les bras solidement croisées- langage corporelle qui désignait alors fermement son refus d'obtempérer, qu'elle était complètement hermétique face aux circonstances et réceptive à aucun dialogue : tout cela lui passait totalement au-dessus et elle était très sereine, quoi qu'il puisse arriver, elle ne dévoilerait rien.

Le regard statique du soldat sondait celui de Rachel à la recherche d'une quelconque émotion mais cette dernière ne cillait pas, bien trop fière pour flancher devant cet abruti. Il n'avait pas prit place en face d'elle et s'était simplement adossé contre la fenêtre, cachant alors le peu de luminosité qui entrait dans la pièce.

A contre-jour, il était difficile pour elle de soutenir les prunelles acerbes qui la détaillaient avec minutie, elle ferma instinctivement l'œil gauche, aveuglée par un rayon de soleil qui traversait son minois.