À l'aube (Lévi X OC)

Confession

samedi 7 novembre, 22h21

La présence du jeune homme était bien la seule que Rachel arrivait à supporter. Les bras autour de ses jambes, elle était assise sur le canapé moelleux du salon. Les robustes flammes du feu de cheminée ravivaient son visage triste, elle saisit son verre face à elle et but une gorgée, le regard perdu dans l'éclat orangé face à elle.

- Tu devrais aller te coucher, maintenant, lui dit le caporal en se relevant.

Les yeux dans le vague, elle fixait maintenant un point devant elle. Le moment qu'elle redoutait tant venait d'arriver : dormir. Elle n'avait fermé l'œil que quelques heures ces derniers jours lors de courtes siestes improvisées l'après-midi. Elle qui aimait tant la nuit auparavant l'appréhendait dorénavant.

Dès l'instant où elle fermait les yeux pour essayer de s'endormir, l'image de la brune apparaissait devant ses yeux et elle se réveillait instantanément en sursaut, haletante et le cœur battant à tout rompre. Elle ne voulait plus jamais dormir.

- J'y arrive plus.

Sur ces mots, elle expira lentement pour tenter d'évacuer son stress post-nocturne. Elle resserra son emprise autour de ses jambes recroquevillées contre elle et déposa son menton sur ses genoux en baissant les yeux. Il se retourna et lui jeta un regard froid. La voix tremblotante de la jeune femme faisait peine à entendre et contrairement à ce qu'il laissait transparaître, il s'inquiétait pour elle.

C'était la première fois que Rachel laissait tomber le voile qui l'entourait d'ordinaire, la première fois qu'elle avouait ses faiblesses à voix haute. Il avança vers elle avant de s'asseoir à ses côtés pour fixer les flammes à son tour. Le regard de la jeune femme avait dévié vers le profil statique du caporal, ses yeux impénétrables, son nez parfaitement dessiné, ses lèvres charnues.

- Comment vous faites pour dormir vous ?

Il ne répondit pas tout de suite, ses pensées s'étaient aussi perdues dans les flammes vivaces.

- Je ne dors plus vraiment non plus.

Elle n'arrivait pas à lâcher son regard de ce visage et jamais il ne lui avait parût si triste. Quels mystères cachait-il ? Quelles souffrances avait-il enduré ? Elle mourrait d'envie de tout savoir mais n'oserait jamais lui poser ce genre de question. Il devait bien avoir une raison pour qu'il ne parle jamais de lui et, elle-même étant très pudique vis à vis de ses propres sentiments, n'aurait pas le courage de braver l'inconnu en lui demandant le pourquoi du comment.

Combien d'hommes avait-il perdu ? Combien d'amis ? De proches ?

Un poids s'installa dans son cœur et elle eut envie de le prendre contre elle, de le serrer de toutes ses forces, de lui promettre qu'il n'était plus seul, qu'elle était là à présent, qu'elle étancherait sa peine jusqu'à la fin de ses jours.

Mais ça non plus, elle n'oserait jamais lui dire, bien trop fière pour prendre un tel risque. Quel effet lui faisait cet homme ? Pourquoi était-elle si faible à ses côtés ? Il détourna son regard et ses prunelles se tournèrent vers Rachel qui le regardait toujours.

- De quoi as-tu peur ?

Elle fixait maintenant ses lèvres qui venaient de s'entrouvrir pour lui poser une question. Les yeux de la jeune femme était vitreux, l'infinité de larmes qu'elle s'empêchait de laisser couler contre ses joues brillaient vivement dans ses prunelles. Elle battit faiblement des cils de manière accablante et cherchait ses mots.

Ce soir-là, Rachel était semblable à une douce brebis ayant survécu à une chasse à cour. Elle avait violemment été blessée, se cachait et se recroquevillait dans un endroit à peu près à l'abris, esseulée et meurtrie, essayant tant bien que mal de guérir. Elle n'était plus la tigresse qu'il avait connu lors de leurs premiers ébats, confiante et séductrice.