Épilogue

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lundi 3 septembre, 16h19


Il essuya son front humide d'un revers de manche. La chaleur lourde et pesante de cette fin d'après-midi estivale se faisait durement ressentir. Les fleurs avaient déjà bourgeonné depuis quelques temps, les arbres cependant, perdaient de leur éclat verdoyant pour laisser place à quelques reflets virant à l'ocre.

Les teintes gaies et joviales de l'été s'évaporaient peu à peu pour laisser entièrement place aux couleurs plus sobres qui caractérisent l'automne. Les petits animaux de la forêt faisaient leurs réserves, leur poil s'épaississait et leur apparition se faisait plus rare.

Il s'assit sur le banc en bois à l'écart des autres avant de masser lentement sa nuque et observa les nouvelles recrues qui s'entraînaient durement. Elles étaient plus nombreuses qu'il y a quelques années, certains se démarquaient par leur vivacité et leur vigueur. D'autres paraissaient manquer de dextérité et d'hardiesse. Mais toutes étaient là avec le même objectif en tête : devenir plus fort pour vaincre cette menace.

De nature pessimiste, il soupira à cette pensée.

Selon lui, ils ne la vaincront jamais. Ces jeunes gens s'entraînant dur comme fer ne finiraient que par servir de gibier tôt ou tard.

Ainsi soit-il.

Il saisit sa gourde et la porta à ses lèvres avant de poser le regard sur Eren et ses congénères qui avaient bien grandis, eux aussi. Tous avaient acquis une maturité étonnante en l'espace d'un an. Il se perdit dans l'écho de leur rire, laissant son esprit dériver vers ce terrain d'entraînement, ce-même terrain sur lequel il avait aperçut cette crinière blonde pour la première fois.

Elle l'avait drôlement surpris ce jour-là et il se souvient s'être méfié d'elle à l'instant-même où son regard avait croisé le sien.

Et il avait bien eu raison de se méfier.

Cela faisait maintenant presque dix mois qu'il n'avait toujours pas eu de ses nouvelles. Trois saisons s'étaient écoulées sans elle, un nombre incalculable d'heures s'étaient envolés sans sa présence. Et il ne comptait même plus les nuits qu'il avait passé seul, à cogiter dans le noir. Il ne trouvait presque plus le sommeil - sommeil n'étant déjà pas fameux, et n'arrivait à fermer l'œil que trois ou quatre misérables heures par soir.

C'était plus fort que lui.

Le visage de Rachel le hantait et il se demandait chaque jour si elle était toujours en vie. La lueur d'espoir qui avait naquis au creux de son ventre les premières semaines sans elle s'était peu à peu consumée pour ne laisser place qu'à un béant trou noir dans sa poitrine.

Tout s'était éteint.

- Mon caporal, c'est l'heure du dîner.

Il ne prit même pas la peine de relever les yeux vers l'intrus qui osait interrompre ses songes et se releva nonchalamment. Petra le fixait avec son éternel regard farouche. Il passa à côté d'elle sans daigner lui accorder un coup d'œil.

Il finit son repas sans grand appétit avant de prendre la direction de sa chambre. Une fois assit sur sa chaise de bureau, il regarda le soleil s'endormir paisiblement derrière les carreaux.

Est-ce qu'elle l'avait oublié ? Est-ce qu'elle était avec un autre à l'instant même ou lui, pensait éperdument à elle ?

La rouquine s'était réjouie du départ de Rachel et avait essayé de profiter plus d'une fois de la solitude du caporal pour essayer de se l'accaparer à nouveau.

En vain.

Ce comportement puéril avait profondément agacé Lévi qui souhaitait juste se retrouver seul, encore, toujours, et à jamais.

À l'aube (Lévi X OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant