Chapitre 20

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PDV Livaï

D'un geste frénétique, je fais basculer tous les déchets qui s'empilent sur la table. Puis, d'un geste habile, j'enroule le sac autour de lui-même pour le fermer. Je le jette sur le côté, le laissant rejoindre les six autres sacs empilés-là. J'ai l'impression d'agir sans vraiment savoir ce que je fais. Un voile me brouille la vue et mes pensées sont encore embrouillées. Heureusement, j'ai pus trouver une aspirine dans la salle de bain d'Armin. Grâce à ça, ma tête cogne moins.

Quand je me suis réveillé ce matin, Eren avait la tête nichée dans mon cou, et mes bras entouraient sa taille. Il respirait calmement, encore dans un profond sommeil. J'ai eu un peu de mal à émerger et à me souvenir de la soirée passée. Mais quand les images me sont revenues, j'ai presque bondi du lit. Je dis bien « presque » car je me suis plutôt glissé hors de la chambre, le plus discrètement possible pour ne pas réveiller Eren. Pendant une dizaine de minutes, j'ai tenté de regrouper toutes mes affaires pour m'évader de cette maison. À ma grande surprise, ma veste se trouvait sur un des canapé entre deux personnes endormies. Même si mon esprit n'était pas clair, je me souvenais l'avoir posée sur le porte-manteau à l'autre bout de la pièce. Bizarre. Mais je ne me suis pas attardé sur ce détail. Je l'ai enfilée, puis je me suis précipité vers la porte. Puis, pour je ne sais quelle raison, je me suis retourné, et l'état pitoyable de la maison s'est dévoilé. Ma bonne conscience m'a soufflé que partir sans rien ranger serait synonyme d'un manque de savoir vivre qui ne m'est pas propre. Alors, j'ai enlevé ma veste, et je me suis mis au travail.

Je ne sais pas quelle heure il est, mais je pense que ça doit bien faire trois quarts d'heures que je m'affaire à tout ranger. J'ai trouvé de la nourriture dans des endroits que je n'aurais jamais soupçonné, des résidus de cendres et autres trucs dont je ne voulais pas savoir la provenance, des verres encore remplis d'alcool. J'ai même trouvé un soutien gorge coincé dans le canapé. Je l'ai donc posé là, laissant sa propriétaire le récupérer lorsqu'elle se réveillera. Enfin, je n'ai cessé d'enjamber les corps endormis en pleine cuite. Certains dormaient à même le sol, d'autres dans des positions improbables, d'autres les uns sur les autres. Je n'ai pu m'empêcher de me dire que ce tableau ressemblait beaucoup aux séries et films que j'ai regardés. Cela doit être normal quand on est riche.

Je boucle mon septième sac lorsque j'entends quelqu'un descendre les escaliers. Réaction idiote, je me suis précipité vers le comptoir pour me cacher. Si ça se trouve, c'est Eren qui descend, réveillé par tout le bruit que je dois faire. Je l'imagine déjà pénétrer dans le salon et croiser mon regard. Alors, nous serions certainement obligés de parler de ce qui s'est passé dans la salle de bain. D'ailleurs, je ne sais pas bien encore ce qui s'est passé dans cette salle de bain. J'ai l'impression que tout est loin, hors de ma portée. Je revois nos lèvres se toucher, nos mains se balader, mais je ne me souviens même plus comment nous en sommes arrivés là.

J'entends des pas dans le salon, puis un bâillement. Curieux, je me relève un petit peu, suffisamment pour pouvoir apercevoir le visage de cette personne qui vient d'entrer. C'est Armin, le visage marqué par la fatigue et une vraie gueule de déterré. Aussitôt, je me sens ridicule de m'être caché. Alors, le plus naturellement du monde, je sors et déclare d'une voix monotone :

- T'as vraiment une sale gueule.

Armin sursaute si violemment qu'il me fait moi-même sursauter.

- Ok Livaï, lâche t-il après quelques secondes de silence, règle numéro 1 : ne sors jamais de nulle part comme si de rien n'était, surtout quand je suis en gueule de bois.

Il prend appuie sur l'énorme ilot central, le souffle encore court.

- D'ailleurs, qu'est-ce que tu faisais derrière le comptoir ?

Laisse-moi juste t'aider ! (Ereri)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant