Laisse-moi juste t'aider ! (Ereri)

Chapitre 10

PDV Livai

Cinq jours sont passés depuis que j'ai retrouvé ces accusations sur ma table. Cinq jours que je m'assois à cette même table en faisant semblant de ne pas voir ces mots gravés dans le bois. Cinq jours que les autres feignent de ne rien avoir vu, de n'avoir rien remarqué d'étrange. Mais cela fait également cinq jours que je suis incapable de dormir normalement. Et malgré mes talents d'acteur, Eren l'a remarqué.

Ces derniers temps, nos rôles semblent s'être inversés. Si il y a quelques semaines c'était moi qui cherchais à tout prix à percer son épaisse carapace, désormais c'est lui qui me colle aux baskets. Et quand il ne me suit pas comme un petit chien, je peux sentir ses regards lourds de sens sur moi. J'ai presque l'impression d'avoir un deuxième oncle à l'école.

D'ailleurs, cela fait plus d'une heure que je me suis installé à la bibliothèque pour travailler. Mais malgré la musique qui pulse dans mes oreilles pour faire fi du bordel des deux abrutis à ma droite, je n'arrive pas à comprendre un traitre mot de mon cours à cause du regard d'Eren, installé sur la table d'en face. Je lève les yeux, lui jetant un regard noir. Mais ce gamin insupportable ne baisse même pas le regard, continuant de me dévisager comme-ci j'étais une bête de foire. Tant pis, j'en ai marre qu'il me fixe sans cesse.

Je me lève brutalement, attrapant mes affaires étalées sur la table. Sans même lui demander son avis, je tire la chaise en face de lui et m'assois dans un grand fracas. Je jette mes affaires sur la dite table, sous le regard médusé du châtain qui semble gêné par le bruit que je fais.

— Bien, maintenant que je suis en face de toi, tu peux mieux me voir n'est-ce pas ?

Ses yeux s'agrandissent et deviennent comparables à des soucoupes tandis que ses joues prennent une légère teinte rosée.

— Tu vas jamais me lâcher c'est ça ?

— Je fais comme toi Levi, je bosse à la bibliothèque.

— Pourtant il me semble que tu fixais autre chose que tes cahiers.

Un puissant soupir passe la barrière de ses lèvres tandis qu'il s'adosse à sa chaise. Un silence s'installe entre nous, et plus les secondes passent, plus son regard s'assombrit. Lorsque ses yeux émeraudes rencontre les miens, je peux pressentir ce qu'il va me dire.

— Si tu me dis que tu t'inquiètes pour moi, je jure que je te fais avaler ta langue.

Un petit sourire amusé se dessine sur son visage. Pourtant la situation n'a rien de drôle.

— Je suis inquiet pour toi.

— T'es suicidaire ou quoi ? Tu me crois vraiment pas capable de te faire avaler ta langue ?

J'en ai assez de toutes ces conneries. J'en ai assez que mon oncle me bassine tous les soirs avec mes médicaments, qu'il s'inquiète pour moi même dans son sommeil et qu'il soit obligé de bosser dur pour me nourrir. Mais j'en ai aussi assez de voir cette expression de pitié sur le visage d'Eren. Si il y a bien une chose que je déteste, c'est de me faire plaindre.

— Écoute Eren, ce qu'il s'est passé il y a cinq jours était dégueulasse. Mais je vais bien maintenant, j'ai déjà oublié cette histoire.

Son sourire a disparu, et désormais, son regard fait presque peur.

— Arrête de me mentir Levi. T'as pas oublié cette histoire et je sais que tu n'es pas prêt de l'oublier.

C'est dingue, il parle sur le même ton que Kenny.

— Bordel Levi, t'as été vomir dès que tu as vu cette phrase sur ta table ! dit-il en s'étranglant presque tellement il s'efforce de ne pas crier.