PDV Livaï
Comme d'habitude, Kenny est arrivé en retard, et je suis repartis de l'hôpital avec trois heures de retard. En bouclant le peu d'affaires que Kenny m'a rapportées il y a trois jours, je n'ai pas arrêté de repenser à ma discussion avec Eren. Jamais avant hier soir je ne l'ai vu — ou du moins entendu — aussi mal et désespéré, allant jusqu'à me supplier de ne pas l'abandonner, de ne pas le laisser à son triste sort. Je n'ai pas pu m'empêcher de laisser une larme couler, tant il m'a émus.
A l'heure actuelle, je suis dans la voiture avec mon oncle où un silence de mort règne entre nous deux. Après tout je n'ai pas envie de parler, et lui non plu apparemment.
— Eren est passé à la maison au fait.
Ah non, raté. Visiblement, il a finalement envie d'engager la conversation.
— Oui je sais, il me l'a dit.
— Ça m'a l'air d'être un bon garçon. Je suis content que tu aies réussi à te faire d'autres amis.
Oui, mais en attendant j'ai une grosse brute de la taille d'un frigo qui en a après moi. Mais bon, ce n'est qu'un détail.
— Oui, il est très sympathique.
En réalité, je ne sais pas quoi dire d'autre. Oui, Eren est très sympa, voire même trop. Il est bien trop bon pour mériter ce qu'il subit.
— Livaï, je sais que tu n'as pas forcément envie d'en parler, mais j'ai besoin de savoir.
Le feu est rouge en face de nous et Kenny s'arrête lentement. Je sais ce qu'il va me demander, et malgré le temps que j'ai passé là-bas, je n'ai toujours pas trouvé d'excuse valable.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu sois dans un tel état ? demande t-il en se tournant vers moi.
Je ne lui rends pas son regard, car j'ai trop peur qu'il puisse lire en moi. Mais qu'est-ce que je pourrais bien dire pour tarir ses soupçons ? Je ne peux pas lui dire la vérité, encore moins le fait qu'une personne de mon nouveau lycée connaisse mon passé. Alors que faire ?
— Tu as raison, je n'ai pas envie d'en parler.
Je sais que je ne pourrai pas éviter ce face à face encore longtemps. À un moment ou à un autre, je vais devoir tout lui dire, et je pense que ça ne lui fera pas plaisir.
Il ne dit rien et passe la première pour redémarrer au feu vert. Le reste du trajet se passe dans le silence où seules nos respirations retentissent. D'habitude, lorsque ce genre d'ambiance se présente, je mets mes écouteurs pour me couper du monde. Mais manque de bol, je les ai perdu dans ma course effrénée après mon altercation avec Reiner. Donc je subis ce silence, cette ambiance désagréable jusqu'à ce que la voiture se gare en face de notre immeuble. Malgré tout, je ne peux que remercier mon oncle d'être aussi compréhensif. À sa place, j'aurais déjà pété un câble pour que mon neveu me dévoile tout. Mais lui, il respecte mes silences, il ne me force pas à parler et, quand le moment vient, il est prêt à m'écouter.
Nous montons les marches de l'immeuble et, une fois chez nous, je vais directement dans ma chambre. J'ai envie de m'isoler mais surtout, j'ai envie d'avoir des nouvelles de Eren. Je sors alors mon téléphone, ne me souvenant même plus que je l'avais éteint.
Il est vrai qu'hier soir, après le coup de fil d'Eren, j'ai été obligé de rendre mon téléphone à une infirmière qui m'avait entendu parler tout seul. Je n'avais pas le droit de l'avoir avec moi, et je l'ai d'ailleurs repris en douce. Au moment où Eren m'a appelé, je m'apprêtais à le faire. Donc je ne l'ai récupéré qu'à mon départ, éteint. Et pris dans mes pensées durant le trajet, je n'avais pas pensé à le rallumer.
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Laisse-moi juste t'aider ! (Ereri)
Fiksi PenggemarLivaï vient tout juste d'obtenir une bourse pour étudier au lycée Les Ailes de la Liberté. Il compte bien profiter de cette oportunité pour tout reprendre à zéro, faire table rase du passé. Mais dans ce lycée, il y rencontre Eren, un garçon beau, in...