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TW: mutilation, mort, harcèlement scolaire, tentative de suicide


NATHAN

Deuxième week-end de Septembre

Je ne reconnais pas Mathys. Il est si agressif et sur la défensive, ça ne lui ressemble pas... Félix doit vraiment être extrêmement important pour lui si il le défend autant. Plus que je ne l'aurais imaginé.

"Quand j'étais au collège, j'ai été harcelé. Au début, ça allait, parce que j'avais mon grand frère, Milo, pour me protéger et ça calmait pas mal le jeu. Et puis, lors de ma quatrième, il est décédé dans un accident de voiture. Pour moi, ça a été un cataclysme. On était fusionnels, et comme notre père est parti quand j'étais bébé, il a été une figure paternelle pour moi, et je pense que ça a accentué le truc... je me suis retrouvé seul au monde. Et j'ai commencé les conneries."

Il retire son pull, chose qu'il n'a jamais faite devant moi. Il m'a toujours dit être frileux, et je n'avais pas plus insisté, mais c'est en voyant pour la première fois mon ami sans manches longues que je comprends: c'était une façon de dissimuler les cicatrices qui zèbrent ses bras. Elles sont nombreuses, certaines plus récentes que d'autres. Un frisson me parcourt l'échine, mais je ne dis rien. Parce que je ne sais pas quoi dire, et que j'ai peur que ce soit trop maladroit. Des larmes commencent à couler sur ses joues, mais il continue:

"C'est cette même année que j'ai fait ma première tentative de suicide. J'ai raté, comme tu peux t'en douter, et j'ai connu Félix quelques semaines après. Il arrivait d'un autre collège, et ça a été le coup de foudre. Il m'a littéralement sauvé la vie. Il a su m'aider quand j'en avais besoin, il m'a apporté l'amour et le soutien nécessaire pour que je continue, durant ces quatres dernières années. Alors oui, c'est difficile pour lui que je sois loin, que je sois un garçon, et que je lui manque. Mais je ne peux pas lui en vouloir, parce que sans lui, je ne te parlerais pas aujourd'hui. Je lui dois tout."

Il se tait, et ses larmes coulent de plus belle. Ma gorge se noue. Son histoire m'a ému, et effectivement je comprends mieux son attitude vis-à-vis de Félix, bien que ça n'excuse pas tout selon moi. Voir les larmes couler le long de ses tâches de rousseur est insupportable, et sans réfléchir, je le prends dans mes bras. Il me rend mon étreinte et pleure sans un mot, contre mon épaule, pendant quelques minutes, ou peut-être une éternité. Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que je le comprends sur certains points, mais je juge inapproprié de lui dire maintenant. C'est inutile de lui raconter maintenant, et ça serait sûrement inapproprié. Je me contente de passer ma main dans son dos.
Tandis qu'il sanglote dans mes bras, il me semblerait presque fragile et vulnérable, mais je sais désormais que non. Il est fort, il est incroyablement fort.

math&nathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant