MATHYS
Deuxième week-end d'octobre
Sans surprise, la semaine a été longue et douloureuse. Chaque chose que j'ai fait me semblait être un effort insurmontable, et mon moral était au plus bas. En clair, depuis le départ de Félix j'ai à peine dormi et mangé, et si mes amis n'avaient pas été là pour me soutenir je ne sais pas comment j'aurais tenu. La nuit, si je me mettais à pleurer, Mindy restait éveillée jusqu'à ce je me calme. Guillaume s'occupait de porter mon sac, débarrasser mon plateau, ce genre de petites choses anodines mais appréciées, car mes muscles semblaient en coton -pas étonnant compte tenu de mon manque de sommeil et d'appétit. Jules, quant à lui, s'était allié à Nathan pour faire mes devoirs à rendre.
Et ce dernier, tout au long des journées en classe, a veillé sur moi. En cas de crise, il me faisait sortir de la salle et m'aidait à me canaliser jusqu'à ce que la crise passe. Il expliquait aux professeurs, sans rentrer dans les détails, que je traversais une période difficile. Il a pris les cours pour moi, il m'a supporté sans rien dire quand j'étais d'une humeur exécrable, toujours son fidèle sourire aux lèvres.
Ils se sont tous concertés et pliés en quatre pour que je ne me retrouve jamais seul dans la journée. Par peur que je me fasse du mal, certes, mais surtout pour être entouré.
J'ai réalisé cette semaine sur qui je pouvais vraiment compter.
Aucune nouvelle de Félix. Il m'a bloqué sur tous les réseaux sociaux, et j'ai fait de même, encouragé par Mindy. Cela me brise le coeur, mais je suis d'autre part réellement soulagé. Comme si j'étais libéré de lui, de son emprise. Malgré ça, je continue de m'en vouloir énormément. Ses mots résonnent dans ma tête."Quant à toi, tu m'as quitté alors que je t'aimais. Je t'aime plus que personne ne t'a jamais aimé, et plus que personne ne t'aimera jamais, tu m'entends. Et tu m'as demandé de partir. Plus que jamais, tu es responsable de ton malheur."
J'ai la nausée rien qu'en y repensant. Mais ce n'est pas ce qui me fait le plus mal, non. Bien que ses mots m'aient blessé, ce qui me laisse un trou béant à la place du cœur, c'est nos bons moments. Presque quatre ans passés ensemble. On a grandi ensemble, depuis la quatrième, et tous nos heureux souvenirs me hantent, comme pour me narguer et me rappeler qu'ils ne se reproduiront plus.
On est samedi, et dehors il pleut. Comme tout le monde s'est mis d'accord pour ne pas sortir, je suis avec tout le groupe dans la salle commune. En trois années d'internat, je n'y suis pas énormément allé. En fait, en trois années d'internat je n'ai rien fait qui puisse me faire sociabiliser de près ou de loin pour m'éviter les foudres de Félix. Et contrairement à ce que j'imaginais, l'ambiance de l'endroit est agréable. On y trouve des murs gris pâles recouverts de dessin des élèves des classes arts plastiques, ainsi que des fauteuils, des poufs, une télé et des DVDs, mais surtout un piano, et je regrette de ne pas savoir en jouer. Jules a demandé à Nathan d'en faire, mais gêné d'être mis en avant, il a refusé. C'est dommage. J'aurais aimé l'entendre jouer.
Il s'est assis à côté de moi sur le canapé à la place, alors je ne me plains pas. Je suis la conversation d'une oreille distraite. Ils évoquent tous leurs projets pour les vacances de la Toussaint la semaine prochaine. J'essaie de ne pas y penser. Je vais devoir retourner chez ma mère, et cette perspective ne m'enchante pas. De plus, je vais à coup sûr croiser Félix, vu la petite taille de notre village. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, je vais me retrouver seul deux semaines. Après le cocon que m'ont créé mes amis, ça risque de faire mal. Je risque de me faire mal.
Malgré tout, j'essaie de ne pas y penser. Le futur fait peur, alors vivons au jour le jour.
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math&nath
Teen FictionD'abord il y a Mathys. Mathys est amoureux, timide, brisé. Et puis il y a Nathan. Nathan est attentionné, maladroit, incertain. Il y a aussi Félix, et son emprise sur Mathys, il y a Mindy et son soutien, il y a Jules, Guillaume, Cassandre, la termin...