math&nath

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NATHAN

Je ne dis plus rien. Mathys non plus. Le silence n'est pas pesant, mais fragile. Vulnérable. J'ai peur qu'en parlant je les brise. Le silence et Mathys.
Je tourne la tête vers lui. Il a fini sa cigarette depuis longtemps. Des larmes coulent sur sa joue, sans un bruit, sans un sanglot de sa part. Lentement, je passe mon bras autour de ses épaules, et il vient machinalement poser sa tête contre moi.

"C'est de ma faute, s'il m'en veut ?"

Je ne m'attendais pas à ce qu'il parle en premier, et je prends donc un moment pour examiner sa phrase. Le fait que ce soit une question et pas une affirmation me surprend.

"Bien sûr que non. Tu as fait ce qu'il te semblait le mieux, tu n'es pas en tort."

Je m'abstiens de dire que c'est uniquement la faute de Félix, qu'il n'a pas à être aussi possessif, et que ces larmes n'auraient jamais dû couler. Parce que je sais l'importance que Félix a pour lui, même si je commence à douter de la sincérité de ses intentions. Mathys change de sujet:

"Je veux rentrer."

J'acquiesce et en douceur, je me lève, puis lui tend la main pour qu'il se lève à son tour. Dans le foyer, la musique continue, étouffée par les murs, et la lune commence à nous éclairer. Si Mathys n'était pas en train de pleurer, je trouverais le moment magique. J'envoie un SMS à Jules pour l'informer de notre retour à l'internat, puis je suis Mathys dans les escaliers. Je l'accompagne jusqu'à sa chambre, et lui souhaite une bonne nuit une fois devant sa porte. Je fais demi-tour, mais il attrape mon poignet. Nous sommes à quelques centimètres l'un de l'autre, et pour la première fois, c'est comme si je ressentais une proximité. Je me fige. Mathys murmure:

"Nathan, est-ce que..."

Il s'arrête, secoue la tête puis reprend:

"Oublie ça. Merci pour ce soir. Merci pour tout."