19

49 4 0
                                    


TW: self-harm, mort


Mathys

Mindy a préféré me laisser seul, et je lui en suis reconnaissant. Je suis incapable de supporter une présence humaine. Le problème, c'est que tout seul, je suis également incapable de me gérer. Je connecte mon téléphone à mon enceinte, et je lance l'album "Blurryface" de Twenty One Pilots. Celui que j'écoute le moins, à cause des souvenirs qu'il contient.

Je m'en souviens comme si c'était hier.

Il pleuvait des cordes. J'étais allongé sur mon lit, et j'écoutais le vinyle de "Blurryface" en boucle. Milo me l'avait offert à Noël. Il avait partagé avec moi sa passion pour Twenty One Pilots, et c'était devenu notre groupe préféré. Il les avait connu par hasard sur internet, à leur tout début. Il m'avait dit "écoute ça, un jour ce groupe sera un des plus grands".
Il avait eu raison.
Nous étions le 15 novembre. Deux jours plus tôt, il était allé les voir en concert à Paris. Je devais l'accompagner, mais Maman avait refusé au dernier moment. Ses raisons n'avaient pas été claires. Elles sont jamais claires, ses raisons.

Le soir du concert, le 13 novembre, il y avait eu un attentat. J'ai paniqué, passé la soirée à pleurer. Il ne répondait pas. Vers minuit, il m'avait rappelé. Ce n'était pas son concert. Pas sa salle. Il allait bien. Il rentrait le dimanche, comme prévu.
Et nous étions le dimanche. Et il n'était pas là. J'avais qu'une envie: le serrer dans mes bras. J'avais eu si peur.

Et puis le téléphone a sonné.

Maman est rentrée dans ma chambre quelques minutes après. Je ne me souviens plus des mots exacts, juste l'essentiel. Vitesse, pluie, accident. Et puis, un mot plus violent. Mort.

Et j'ai alors compris que je ne pourrais plus jamais le serrer dans mes bras.

Je ne sais pas quand j'ai commencé à pleurer, mais les larmes coulent sur mes joues, et mouillent le pansement de Nathan. Je me déteste. Tandis que "Fairly Local" se lance, j'ouvre le tiroir de ma table de nuit, et saisis le paquet de mouchoirs qui s'y trouve. Je l'ouvre, et récupère les lames qu'il contient. A travers la fenêtre, le ciel est noir, sans lune ni étoiles.

"Je suis désolé."

Je sanglote lamentablement. Pas sûr que Milo m'ait entendu, mais j'espère qu'il comprendra, et que je ne le déçois pas trop. Pas sûr, ça non plus.

math&nathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant