Do I have the right ?

Chapitre 12

Chapitre 12 : L'Ombre du Passé

Le temps, sur l'île Maurice, semblait s'écouler différemment. Chaque jour était une parenthèse enchantée, un morceau de paradis que je voulais garder avec moi pour toujours. Alex avait pris soin de transformer notre lune de miel en une succession de moments parfaits. Le matin, il se levait avant moi pour préparer des surprises qui me laissaient toujours émerveillée. Nous visitions des plages secrètes, explorions des jardins luxuriants, et savourions des dîners sous un ciel étoilé, chaque détail soigneusement orchestré par Alex pour que je n'aie qu'à me laisser porter par la douceur de nos journées.

Pourtant, au fond de moi, je sentais une ombre planer, une ombre que même le soleil éclatant de l'île ne parvenait pas à dissiper. Le souvenir de Matthieu ne me quittait jamais vraiment. Il était là, caché derrière chaque sourire, chaque éclat de rire, comme un rappel silencieux de tout ce que j'avais perdu. Même lorsque je riais aux éclats, lorsque je me laissais aller à la magie du moment, je ne pouvais m'empêcher de ressentir cette pointe de culpabilité, ce doute persistant : avais-je vraiment le droit d'être heureuse ?

Cette question me hantait, jour après jour. Comment pouvais-je accepter cette nouvelle vie, ce bonheur qui me semblait presque volé, alors que Matthieu n'était plus là pour partager le sien ? Si je souriais trop, si je profitais trop de ces moments, est-ce que je ne trahissais pas sa mémoire ? Ces pensées tournaient en boucle dans mon esprit, me plongeant dans une mélancolie dont il était difficile de sortir.

Alex, de son côté, faisait tout pour me rendre heureuse. Il m'observait avec cette tendresse qui lui était propre, me protégeant, veillant à ce que je ne manque de rien. Mais il ne semblait pas percevoir le tourment qui continuait de me ronger. Ou peut-être qu'il le percevait, mais choisissait de l'ignorer, espérant que le temps ferait son œuvre, que je finirais par guérir. Il était patient, incroyablement patient, toujours prêt à attendre, à m'offrir l'espace dont j'avais besoin.

Les jours passèrent ainsi, entre émerveillement et douleur sourde, chaque instant de bonheur teinté de cette ombre qui refusait de s'éclipser complètement. La journée, je parvenais à masquer mes sentiments, à enfouir mes pensées sombres sous des sourires et des éclats de rire. Mais la nuit, lorsque tout devenait silencieux, mes barrières s'effondraient, et je me retrouvais seule face à mes démons.

Un soir, après une longue journée passée à explorer l'île, nous étions assis sur la terrasse de notre suite, contemplant la mer sous le clair de lune. L'air était doux, empli du parfum des fleurs exotiques qui bordaient les jardins de l'hôtel. Les vagues caressaient doucement le rivage, créant une mélodie apaisante. Mais malgré la beauté du moment, mon esprit était ailleurs, perdu dans des souvenirs qui refusaient de se taire.

Je me rappelais Matthieu, sa voix, son rire, nos moments ensemble. Je me souvenais de nos projets, de nos rêves communs, de ce que nous avions imaginé pour l'avenir. Et maintenant, tout cela n'était plus qu'un souvenir, une vie qui ne serait jamais réalisée. Une larme roula sur ma joue, et je l'essuyai rapidement, espérant qu'Alex ne l'avait pas remarquée.

— Iris, murmura-t-il soudain, sa voix douce rompant le silence de la nuit. À quoi penses-tu ?

Je sursautai légèrement, prise au dépourvu par sa question. Comment pouvais-je lui expliquer ce que je ressentais sans lui faire de mal ? Comment lui dire que, malgré tout ce qu'il faisait pour moi, mon cœur restait prisonnier du passé ?

— Je... Je pense à Matthieu, avouai-je finalement, ma voix à peine audible.

Il ne dit rien pendant un moment, ses yeux cherchant les miens dans l'obscurité. Puis, avec une douceur infinie, il prit ma main dans la sienne.