Chapitre 3

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Chapitre 3 : Le Rendez-vous

Cette nuit-là, Matthieu apparut dans un rêve si tangible que je crus sentir ses bras protecteurs m'envelopper. Sa présence était si réelle que j'aurais pu m'attendre à ce qu'il me murmure des mots d'affection. J'aurais souhaité que le temps s'arrête pour pouvoir prolonger cette étreinte réconfortante, mais la lumière du matin, perçant à travers les rideaux, vint briser ce doux mirage. La chaleur des rayons, loin de me consoler, me ramena à une réalité cruelle. Le sentiment de sécurité que j'avais ressenti s'évapora, laissant place à un flot de larmes que je ne pouvais contenir.

Je restai là, assise sur mon lit, les joues encore baignées de larmes, observant la ruelle déserte par la fenêtre. Le temps semblait s'étirer interminablement, rendant chaque seconde plus douloureuse que la précédente. L'idée du rendez-vous imminent avec mon père pesait lourdement sur moi, me privant de la tranquillité fragile que j'avais goûtée en rêve. En constatant l'heure sur le réveil, je réalisai qu'il était déjà 6h30. Une demi-heure s'était écoulée, engloutie par mes pensées tourmentées, sans que je m'en aperçoive. Après avoir essuyé mes larmes, je me résolus à prendre un bain, espérant que l'eau fraîche m'apporterait un peu de clarté d'esprit et m'aiderait à affronter cette journée.

L'eau chaude glissa le long de ma peau, apportant un réconfort temporaire. Cela me donna le courage nécessaire pour me préparer à rencontrer cet homme que l'on disait être mon futur mari, une figure imposée qui avait soudainement bouleversé le cours de ma vie.

En sortant de la salle de bains, je choisis une robe noire élégante, arrivant juste au-dessus des genoux, accompagnée de simples ballerines noires. Je laissai mes cheveux détachés, les ondulations naturelles tombant en cascade sur mon dos. En me regardant dans le miroir, je vis les cernes marquer mon visage, témoins silencieux de mes nuits agitées. Pour égayer ce visage fatigué, j'appliquai un léger maquillage qui insuffla une touche de vitalité à mon apparence.

Assise sur le bord de mon lit, je me laissai emporter par les souvenirs de ma jeunesse. Je me rappelai la fille modèle que j'avais été, dévouée à satisfaire les exigences de mon père, sacrifiant de nombreuses joies pour répondre à ses attentes. La rencontre avec Matthieu à l'université avait été une révélation, un tournant qui m'avait appris à savourer les petites choses de la vie. Nos moments de bonheur, nos disputes insignifiantes face à la perte incommensurable de Matthieu, étaient désormais des souvenirs précieux. Ma rêverie fut interrompue par la voix ferme de mon père frappant à ma porte.

— Iris, es-tu réveillée ? demanda-t-il avec une autorité caractéristique.

— Bonjour, père, oui, je suis réveillée, répondis-je d'un ton neutre.

— Puis-je entrer ? continua-t-il, toujours aussi impérieux.

— Oui, bien sûr, père, entrez, répondis-je en tentant de masquer mon appréhension.

La porte s'ouvrit, révélant la silhouette imposante de mon père, légèrement courbée par les années, mais conservant une rigueur implacable. Son visage, habituellement sévère, semblait toutefois un peu moins austère que la veille.

— Je vois que tu es déjà prête. C'est bien, je n'aurais pas toléré un retard. Ta mère nous attend pour le petit-déjeuner. Ne la faisons pas attendre, ordonna-t-il en se dirigeant vers la cuisine.

Je le suivis en silence jusqu'à la cuisine, où ma mère avait préparé un petit-déjeuner copieux. Elle nous accueillit avec un sourire bienveillant, et nous prîmes place à table dans un silence chargé de tension. La présence de mon père rendait la conversation difficile. Ma mère brisa le silence avec une douceur qui contrastait avec l'atmosphère pesante.

Do I have the right ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant