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Chapitre 39 : Soirée pizzas et plan

KDA - Popstar

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Matthew dormit presque toute la matinée. Même dans l'après-midi, Neil refusa de le laisser sortir de son lit tant qu'il ne se sentait pas totalement rétabli. Quand il déclara qu'il s'ennuyait, le violoniste récupéra l'ordinateur portable et s'installa à côté de lui.

- Je sais comment t'occuper, je vais te lire des fanfics !

Matthew s'enroula dans ses couvertures, lui tournant le dos.

- Ne me dis pas que tu as continué à lire ces trucs ?

- Amélia m'a donné le lien de la sienne, et j'ai promis de la lire, donc... mais elle est bien meilleure que celle que tu as lue. On est dans une époque un peu moyenâgeuse, dans l'armée des chevaliers. C'est une vraie histoire.

- Ah, vraiment ? Et qu'est-ce qu'on y fait ? fit Matthew, prêt à tout pour lui prouver le contraire.

- Euh... tu es un chevalier, je commande ta garde et il y a une série de meurtres qu'on doit résoudre, en gros. En passant sur le fait qu'on se tourne autour, enfin que tu es éperdu d'admiration pour moi.

Matthew sentir une pointe d'irritation l'envahir.

- C'est toi qui es éperdu d'admiration, je te rappelle. Pourquoi, je suis toujours... toujours celui qui...

- Est « en dessous » ? compléta Neil, mort de rire. Parce que tu es plus calme que moi, je pense. Enfin toujours, tu exagères un peu, tu n'as lu que deux exemples.

- Non. J'ai vu les fanarts, je sais de quoi je parle. En plus, je ne vois pas pourquoi je serais éperdu d'admiration pour toi.

Neil lui tapota l'épaule avec un sourire condescendant, celui qu'on donne à un enfant persuadé d'avoir raison, mais qui se trompe sur toute la ligne.

La vraie question était tout autre. Comment se faisait-il que le violoniste soit toujours là, après tout ce qu'il avait vu, après avoir réalisé l'horrible personne qu'il était ? Qu'est-ce que Neil pouvait bien lui trouver ? Il fallait qu'il sache. Et il voulait une réponse sincère. De préférence, sans avoir à poser la question.

Le lendemain soir, Matthew s'absenta juste avant le repas du soir et revint avec deux pizzas et des bouteilles d'alcool. Il avait choisi plusieurs parfums de bière, au cas où Neil n'aimerait pas l'un d'eux. Celui-ci le regarda avec des yeux ronds depuis son lit où il pianotait sur l'ordinateur portable.

- En quel honneur ? Je ne t'ai jamais vu manger de pizza.

- Oui, c'est et ça restera exceptionnel. Mais on a ce qu'il faut pour envisager notre tournée, je me suis dit que ça valait bien une petite récompense.

Neil bondit hors de son lit, attrapa ses brouillons, survolté, et se lança dans un récit de ses dernières idées, comment il pourrait les accorder en musique, celles qu'il avait déjà discutées avec l'équipe qu'ils avaient engagée pour enregistrer leur musique d'accompagnement. Matthew dut lui arracher ses feuilles pour qu'il s'assoie enfin.

Les cartons des pizzas s'ouvrirent sur un appétissant fumet, des poivrons, des olives, de la sauce tomate, du fromage et ils mangèrent les parts en discutant de tout et de rien, comme Matthew l'avait prévu. Nonchalamment, il décapsula une des petites bouteilles de bière et la lui tendit, en en prenant une lui-même.

Le problème qui se posa rapidement, c'est que Neil ne prenait jamais plus que lui. Que ce soit les parts de pizza, ou l'alcool, il tenait à tout garder équitable. S'il voulait qu'il mange, il fallait donc manger, et s'il voulait qu'il boive... eh bien il devait boire.

Au moins, Matthew pouvait mesurer l'état du violoniste par rapport au sien. Quand il se sentit un peu flotter dans les brumes de l'alcool, il lança la conversation sur le sujet qu'il retenait depuis qu'il avait déposé les cartons à pizza sur la table :

- J'ai toujours du mal à croire que tu sois fan de moi. Tu ne connaissais rien de moi, avant, mais tu as vu mon vrai caractère, qu'est-ce que tu fiches encore ici ?

- Oh mais faut pas... j'admire beaucoup de choses chez toi... et tes défauts, je les aime bien aussi, donc... tu as de la chance... même si, comme tu n'aimes pas les autres, des fois on dirait que tu te sens au-dessus de tout...

- Qu'est-ce que tu aimes chez moi ?

- Tu as des yeux... commença Neil, en serrant sa bouteille à moitié vide.

- Oui, bravo...

- Chut ! Tes yeux, ils sont gris... c'est magnifique...

Comme Neil était trop ailleurs pour se rendre compte de quoi que ce soit, Matthew décida de faire semblant de continuer à boire.

- Tu sais... je me demande... quand on te touche, pourquoi ça te dégoûte autant ?

Non, non. Pas intéressant.

- Je sais pas.

- Mais ces derniers temps tu... tu es plus... proche avec moi. Des fois, j'ai cru... j'ai cru que je te dégoûtais plus trop... que...

- On s'en fiche.

- Non ! fit vivement Neil en renversant sa bouteille de bière, qui roula hors de la table et se brisa sur le sol. Oh... désolé... je ramasserai...

Matthew lui en décapsula une autre, qu'il lui fit glisser sur la table.

- Pourquoi « non » ?

- Parce que euh... bah...

Des rougeurs, autres que celles dues à l'alcool, colorèrent ses joues. Matthew eut un étrange sourire. Ça c'était une piste à creuser. Sauf que Neil, même complètement abruti par l'alcool, réussit à éviter de trop parler. Exaspéré, Matthew finit par être plus direct :

- Ne sois pas stupide. Je te demande ce que tu aimes chez moi, tu réponds mes yeux. Je te parle de mon caractère.

- Oh... Oh ! Ah. Ben je... j'aime bien ton caractère... C'est difficile de pas t'aimer...

- De m'aimer ? répéta Matthew.

Neil faillit renverser une deuxième bouteille.

- Non ! Non ! J'ai pas dit ça ! J't'aime pas ! Enfin ! Non, mais non... Enfin, tu sais que c'est pas vrai que je t'aime pas...

- Tu m'aimes ?

Neil gémit et enfouit son visage dans ses bras, ratant le haussement de sourcils de Matthew. Quelque chose se tramait et il en aurait le cœur net. Oh, Neil allait entendre parler de ça. Enfin, pour le moment il n'était pas en état de répliquer, alors Matthew se leva et obligea son violoniste à faire de même. Il le poussa tout habillé dans son lit et rabattit la couverture sur lui.

- Dors, ordonna-t-il en revenant vers la table d'un pas mal assuré pour jeter les bouteilles de verre dans un coin.

Il éteignit ensuite la lumière et retrouva son propre lit à tâtons, en se demandant si continuer à habiter avec Neil n'allait pas devenir dangereux à la longue. Mais cette pensée se perdit vite dans les brumes de l'alcool.