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Chapitre 51 : Pour toi

Martin Garrix & Bebe Rexha – In The Name Of Love
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Lorsque les dernières notes résonnèrent dans l'immense salle, ce fut une véritable ovation qui envahit le public. Alors qu'elle se poursuivait, longtemps, Neil fit mine de partir. Matthew le retient par le bras, croisant son regard noisette rougi par les larmes.

– Je vais y aller, murmura Neil en serrant son violon. C'est une magnifique chanson que tu as... Quelle que soit la personne concernée...

Matthew fronça les sourcils. Qu'il gobe que cette chanson ne le concernait pas passait à peine et en plus de ça, il avait réussi à se convaincre qu'elle se destinait à quelqu'un d'autre ? Quel genre d'idiot il avait pris comme partenaire ?

– Des fois, je me demande ce que je te trouve, marmonna-t-il en glissant une main derrière la nuque de Neil pour l'attirer vers lui.

– Matt... ? Matt ? protesta-t-il en posant son violon contre sa chemise pour le repousser.

Sauf qu'il n'y mettait pas beaucoup de convictions. Alors Matthew posa ses lèvres sur les siennes. Neil écarquilla les yeux, et Matthew le sentit arrêter de respirer. Puis, doucement, il répondit au baiser. Mais la magie se brisa presque aussitôt, lorsque Neil s'écarta en inspirant de l'air, son expression choquée se striant à nouveau de larmes.

– Désolé, marmonna-t-il en posant la main qui tenait l'archet sur son visage. C'est juste l'ascenseur émotionnel, j'ai beaucoup encaissé en peu de temps. À cause de toi.

– Je sais, je ne voulais pas que tu te fasses de fausses idées. C'est bien pour toi que j'ai écrit ces paroles. Autant que tu le saches.

– Alors pourquoi tu as dit que ça ne me concernait pas ?!

Pour une fois, Matthew décida d'être honnête. Après tout, il était à cœur ouvert depuis qu'il avait chanté ces paroles.

– Parce que pour moi, c'était un adieu, Neil. Je ne pensais pas te voir débarquer en pleine nuit, je ne pensais pas à avoir à t'affronter après...

– Et tu t'es fermé comme tu sais si bien le faire, dit Neil. J'aurais dû comprendre... mais tu m'as donné l'impression d'être le pire des égocentriques et... pour être honnête, j'avais juste envie de partir loin.

– Maintenant, tu sais. Et tu as entendu mon adieu, alors...

Le critique du juré se racla la gorge pour leur rappeler qu'ils n'étaient pas seuls. Ils se tournèrent vers lui d'un même mouvement.

– Neil Aaron, dit la pianiste avec un sourire d'excuse. C'est à votre tour.

Celui-ci fixa son violon et son archet, comme s'il cherchait à prendre une décision. Finalement, il secoua négativement la tête.

– Je me retire de la compéti...

– Neil, le coupa Matthew, balance ce que tu as préparé.

– Passer après le coup d'éclat que tu viens de faire ?

Matthew le poussa dans le dos en quittant la scène. Quand il se retourna, depuis les coulisses, il vit Neil commencer à jouer. Cette fois, il n'exprimait ni une joie immense ni une tristesse déchirante. C'était une jolie histoire, pleine de nostalgie. Arrivée à la moitié, elle se nuança avec un rythme plus entraînant, comme une lueur d'espoir.

Mais Matthew n'eut pas le temps d'en entendre plus. Une main large s'était posée sur son épaule pour l'arracher au spectacle. On le reconduisit à la limousine. Il était déjà très tard, la comptabilisation des votes du public associée à la décision du jury clorerait le concours le lendemain, à la même heure.

Dehors, les rues étaient presque désertes, à l'exception des quelques voitures qu'ils croisèrent, reflétant la lumière orangée des lampadaires. Matthew regarda les immeubles défiler d'un air absent. Il avait tout déballé à Neil, finalement. À présent, il se sentait étrangement vide. Il n'avait qu'une hâte, se réfugier dans son lit et dormir.

Mais Winston l'attendait au pied de l'hôtel. Derrière la vitre teintée de la limousine, Matthew vit son visage se déformer en apercevant la voiture et s'enfonça dans son siège. Le moteur se coupait à peine, et son père le tirait déjà sur le trottoir. Matthew se rattrapa de justesse au réverbère, évitant de se manger les pavés. Winston attrapa le dos de sa chemise et le traîna dans la chambre d'hôtel qu'il occupait. Il claqua violemment la porte et l'obligea à s'asseoir sur le canapé, alors que lui restait debout, le dominant de toute sa hauteur. Matthew ne supporta pas longtemps le silence, s'attendant chaque seconde à ce qu'un poing s'écrase contre son visage.

– J'ai fait ce qu'on m'a dit de faire.

– Je ne me suis pas déplacé pour cette chanson. Chanson que tu bien as failli échouer lamentablement et il me semblait pourtant que chanter était la seule chose dont tu étais capable. Je te parle de ta conduite devant les caméras. Je me fiche de savoir à quel point tu es dégénéré, je refuse que mon nom ou mon agence soit associé à ça.

– C'est dommage, parce que je reste ton fils. Qu'est-ce que tu disais, un tort finit toujours par être payé ?

La gifle le sonna une fraction de seconde, la douleur vint ensuite. Matthew voulut se relever, ne supportant pas de rester plus longtemps dans cette position de faiblesse, mais Winston le força à rester assis.

– Quand ce concours sera terminé, je t'enverrai dans un autre pays. Ne t'avise pas de revoir ce violoniste. Et qu'on n'entende plus jamais parler de toi.

Après un dernier regard mauvais, son père sortit enfin. Les gardes du corps postés devant sa chambre d'hôtel l'enfermèrent et Matthew resta assis, fixant sans le voir le mur devant lui. Un début de migraine le poussa à éteindre sa lampe et l'obscurité lui révéla le détail que la lumière cachait depuis tout ce temps : la silhouette se découpant derrière sa fenêtre.