Chapitre 21 : Espoir

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Tonight Alive - The Edge

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– Bon, très bien, dit la fille en croisant les bras sur sa robe, ses bracelets s'entrechoquant. Expliquez-nous ?

Matthew serra et desserra les poings pour évacuer sa frustration. Elle s'était calmée, tant mieux ; ils allaient finir vite fait ce pourquoi ils étaient venus, rentrer dans un endroit où il n'y aurait personne et Neil lui donnerait des explications sur ce qui venait de se passer.

– Il n'y aura plus de concert, lança-t-il donc. Mon ancienne agence a décidé que je ne poursuivrai pas ma carrière sans eux, ils nous ont bloqué l'accès à toutes les salles de la ville, peut-être même plus loin.

– Mais pourquoi ils font ça... ?

Neil soupira.

– C'est ma faute en vrai. Enfin pas moi en particulier, ça aurait pu être n'importe qui d'autre mais c'est moi qu'ils ont utilisé et...

– J'ai refusé de détruire sa carrière, acheva Matthew. J'ai été viré. Point.

– C'est un peu plus compliqué, dit Neil en voyant l'air sceptique de la fille. J'ai pas l'impression que j'étais le problème, et de ce que j'ai entendu, j'ai pas non plus l'impression qu'ils voulaient vraiment se séparer de lui. Je crois surtout qu'ils essayaient de le faire obéir et comme ça marchait pas, ils ont voulu lui faire peur.

– Tu n'as pas l'impression d'extrapoler, là ?

– Non, ça m'étonnerait pas qu'ils essayent de te récupérer plus tard, répondit Neil. S'ils s'en fichaient de toi, ils ne se fatigueraient pas à t'empêcher de reconstruire ta carrière.

Matthew garda le silence. Comment Neil parvenait à viser si juste alors qu'il n'avait pas la moitié des cartes en main pour comprendre ce qui se passait ?

Un mouvement dans le public attira leur attention, un jeune d'une vingtaine d'années s'était frayé un chemin jusqu'à la scène pour s'adresser directement à eux.

– Je sais pourquoi vous n'avez plus accès aux salles, mon père est le propriétaire de celle sur la grande avenue. S'il vous accepte, ton agence a menacé de ne plus jamais lui envoyer un seul de ses artistes.

Des murmures scandalisés s'élevèrent autour de lui.

– Alors il faudrait organiser un truc sans que ces crétins l'apprennent ! Vous pourriez refaire un concert et on se chargerait de faire passer le mot entre nous ? demanda la fille aux accessoires.

Il y eut un silence.

– On ne pourra pas, répondit Matthew.

Ils n'avaient plus moyen de payer une aussi grosse somme et plus le temps passerait, plus le peu d'argent qu'il leur restait disparaîtrait dans la nourriture et le loyer. Les maigres revenus de Neil ne suffiraient pas.

– Quand on a essayé de donner ce concert, j'ai financé la salle et le matériel. Mon agence s'est arrangé pour que le remboursement ne nous parvienne pas, je n'ai plus assez.

– Et si on se cotise pour payer la salle ? proposa le gars au bas de l'estrade. Ça fera moins de bénéfices pour vous, mais c'est toujours mieux que rien, non ?

– Dans ce cas, on devrait tenter une salle plus importante... réfléchit Neil.

– Oui ! Au moins mille places, au moins ! Il y avait tellement d'amis à moi super dégoûtés de ne pas pouvoir assister à votre tout premier concert !

Neil se tourna vers le public avec espoir. Tout dépendrait entièrement d'eux.

– Est-ce qu'il y en a quelques-uns qui sont intéressés par cette proposition ?

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