Every little step

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Un. Et deux. Et trois.

Et un. Et deux. Et trois.

Les bras du jeune homme se levaient dans les airs, sa respiration s'échappant de sa bouche dans un souffle parfaitement contrôlé. Puis ses mains redescendirent dans le vent, entraînant ses bras et affaissant ses épaules alors que ses jambes suivaient le mouvement au rythme qui s'insinuait dans ses oreilles.

Et un. Et deux...

Les battements de son cœur accéléraient puis se calaient eux aussi à l'allure parfaite. Il ne souriait pas, il était concentré. Nul besoin de lui parler, impossible d'envisager une seconde d'arrêter cette musique pendant son moment à lui, au risque de se récolter les foudres de cette tornade dansante. Les yeux étaient posés sur lui, comme un mur de regards l'observant derrière des carreaux de verre. Ils ouvraient la bouche, chuchotaient, écarquillaient les yeux, suivaient les mouvements de l'élégance même du prodige qui s'agitait sur le parquet.

La mélodie était belle, l'artiste lui donnant vie d'autant plus.

-Bon ça suffit !

Un claquement de mains fit s'arrêter net le danseur. L'adolescent tenta de cacher son agacement en se tournant vers son professeur qui fusillait de son regard les élèves agglutinés derrière les carreaux de la salle de danse. Le professeur ouvrit la porte en verre et poussa un coup de gueule qui fit disparaître les groupies, au féminin et au masculin, loin de l'endroit tant convoité de l'école.

L'adolescent toujours au milieu de la salle avait baissé la tête depuis bien longtemps, peu intéressé par l'attention que les gens portaient sur lui quelques secondes plus tôt.

-Non mais c'est fou ça. Pas moyen d'être tranquille ici. Je vais demander à poser des rideaux. C'est jolie les vitres, c'est beau, c'est sûr, mais. C'est. Chiant.

Le professeur souffla agacé et se rendit compte des regards de sa classe de danse sur lui. Il tiqua un instant et roula de ses yeux ridés par le temps.

-Allez aux vestiaires ! C'est finit pour aujourd'hui.

Les élèves se précipitèrent en dehors de la salle pour disparaître dans les vestiaires. La classe étant partagé en deux groupes bien distinct, 8 filles et 8 garçons, les cours n'en étaient que plus agréables. Surtout pour les danses en duo.

Mais, par manie de compter toujours ses élèves, le professeur réalisa qu'un des garçons manquait à l'appel en passant les portes des vestiaires. Et sans étonnement, il trouva le concerné assit sur le parquet, un peu plus loin. Il secoua la tête au premier abord en constatant que c'était toujours pareil, il n'aimait pas se mélanger aux autres. Pas qu'il recevait de méchants traitements ou agressions, non, pourtant sa classe était d'un calme hors norme. Le professeur ne comprenait jamais cela.

L'élève commença à se masser la cheville en grimaçant un peu. Il fermait les yeux en pressant ses pouces sur sa peau, sa jambe repliée devant lui, ses cheveux sombres humides de sueur cachant son visage si clair habituellement. Pourtant de petites rougeurs s'étaient formées sur ses pommettes comme à chaque fois qu'il faisait une activité physique.

-Tu as mal ? Demanda le professeur légèrement inquiet en s'agenouillant devant lui.

-Non... C'est juste un peu engourdi. Je n'ai pas envie que la blessure se réveille.

-Tu as été voir le médecin de l'école ?

-Il a dit que je ne risquais rien, mais je n'ai pas confiance.

Le professeur sourit malgré lui.

-Pas confiance en lui ou en ta cheville ? Le taquina-t-il.