Renouveau

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Levi tenait son smoothie et passait en revue chaque personne qui entrait dans son champ de vision. Moka, son goût préféré. Il sourit à une grand-mère qui avait les verres de ses lunettes aussi gros que des culs de bouteilles, aida un bambin à ramasser son jouet, puis il tenta d'imaginer une histoire entre deux gamines qui avaient l'air de se crier l'une sur l'autre. Le dialogue qu'il avait monté de toute pièce le fit ricaner. Il s'amusait. Pour dire vrai, il faisait tout, sauf regarder Erwin qui grattait le fond de son assiette avec son couteau.

-Tu m'épates, dit-il.

-Pourquoi ? Demanda Levi.

-Tu pleures pour me voir et tu ne me dis pas un mot.

-Je n'ai pas pleuré.

Erwin continuait d'analyser son assiette. Il espérait sûrement que de la nourriture y apparaisse de nouveau, comme par magie.

-Si tu veux quelque chose, commande. Je paie. Mais arrête de gratter cette foutue assiette, tu m'agaces.

Comme chien et chat. L'air était électrique entre les deux. Après pourtant tant d'amour échangé, il ne restait que du dégoût. De la haine, peut-être. Une répulsion, certainement. Les mots n'étaient pas assez forts que pour décrire ce qui se passait entre eux deux à cet instant précis.

-C'était une bêtise de vouloir te revoir.

-Alors pourquoi m'as-tu contacté ?

Levi haussa les épaules en mordant sa paille. Lui-même ne trouvait de réponse à cette question. Mais, enfin, Erwin le regardait. Et ce simple fait le déstabilisait.

-Tu es toujours aussi beau, en tout cas.

Voilà. Premier compliment. Levi attendait cela depuis trop longtemps. Sentir un regard bienveillant sur lui, entendre un homme le complimenter et nourrir son ego. Il soupira d'aise et répéta la phrase en boucle dans sa tête. Encore, eut-il envie de demander. Mais il se contenta d'hocher la tête pour remercier Erwin.

-Et si nous couchions ensemble ?

-Levi, c'était un compliment de politesse.

-Oh.

-J'ai quelqu'un.

-Oui, j'ai compris. Désolé.

Jackpot, Levi. Vraiment doué en amour. Une nouvelle fois, et il en frissonna, il allait devoir passer sa soirée seul.

Alors qu'Armin terminait sa séance de yoga, parce que la santé était devenue sa nouvelle folie, Eren cuisait des petites boulettes. Du moins, il jouait avec les petites boulettes. Il avait l'esprit occupé par Levi. Aujourd'hui, il n'avait reçu aucun message. Pas même son « bonjour » monotone mais habituel.

-Je devrais faire quoi ?

-Eren, il t'en manque combien, des neurones ?

-Je te demande pardon ?

-Primo, la viande crame. Secundo¸ pourquoi tu t'amuses avec ce pauvre garçon ?

-Je ne m'amuse pas, réfléchit Eren.

-Aux dernières nouvelles, tu ne l'aimes pas à proprement dit. Vous êtes sur un site de rencontre, bon sang. Laisse-le partir pour qu'il puisse trouver chaussure à son pied.

Bip, Armin. Mauvaise réponse.

-Je n'ai pas envie.

-Ce que tu peux être égoïste. C'est énervant. Pour l'amour de Dieu, Eren, éteint le gaz !

O N L I N EOù les histoires vivent. Découvrez maintenant