Mon âme se détache de mon corps. Pas littéralement, métaphoriquement parlant. Je ne réagis plus à rien depuis que Mathéïs m'a fait réaliser que l'oiseau géant qui est venu à notre secours n'est autre que Mlle File-les-j'tons.
Elle est très énervée et elle ne nous a pas tué uniquement grâce à l'intervention de Mathéïs. Une fois de retour au manoir, je sens mon corps s'écraser mollement contre le sol.
J'entends vaguement la voix de Blanche pénétrer dans la cour.
On doit être dans la cour intérieure.
- Qu'est-ce quil sest passé ?
- Ces deux abrutis finis se sont enfuis !
- Et puis-je savoir pourquoi ?
- Euh....La conversation me parait lointaine.
- Je crois qu'ils ont compris qui nous étions.
- Je vois.
- S'il vous plait, ne nous tuez pas, supplie une voix brisée.Mathéïs ? Je ne peux pas le laisser tout seul.
Au prix d'un effort titanesque, je reprends le contrôle de mon corps. Je papillonne des paupières et grogne. La douleur de la chute me réveille.
- Loan ! S'exclame Mathéïs en me sentant bouger.
- Il faut les punir ! S'écrie la voix cassante de Lilith.
- Doucement, Lilith. Laisse-les s'expliquer d'abord.Le regard violacé de Blanche et le rouge carmin de Lilith se braquent sur moi et Mathéïs. Celui-ci tremble comme une feuille, les yeux pleins de larmes, il est au bord de la syncope.
Calme-toi, Mat. Je prends le relais.
Mais que dire. Je ne peux pas dévoiler comme ça que Lilith m'a torturé pour son plaisir personnel, sous peine de mourir dans la seconde.
- J'ai a-aperçu L-Lilith f-faire de la m-magie, je mens maladroitement.
Le visage de ma maitresse s'adoucit légèrement, approuvant mon mensonge tandis que l'expression de Blanche prend une forme étonnée.
- Vraiment ?
J'acquiesce silencieusement. Moi-même, je suis sur le point de craquer. Le poids de leur regard est tellement lourd à supporter.
- Soit. Vous avez tenté de vous enfuir malgré votre parole, donc vous serez puni, conçoit Blanche.
- J'ai une idée ! S'écrie Lilith, enthousiasme.
- Pas de torture ! S'exclame immédiatement son amie.
- Loin de moi cette idée, répond sournoisement Lilith. Non, j'avais pensé à un collier.
- Un collier ? Pourquoi faire ?
- Un collier magique. Maintenant qu'ils sont au courant, nous n'avons plus besoin de nous cacher. Ce collier fonctionnera comme une cloche.
- C'est une bonne idée. Je vais les fabriquer tout de-
- Non ! Laisse ! Je vais m'en occuper.Lilith se retire en sautillant comme une enfant.
Une enfant psychopathe !
Blanche l'observe s'en aller avec un rictus amusé puis reporte son attention sur nous. Son visage se fait sérieux et déçu.
- N'essayez plus jamais de vous enfuir, je ne pourrais pas vous sauver une deuxième fois, déclare-t-elle d'un ton plus doux que je ne l'aurais cru. Lilith aurait été prête à vous tuer sans compassion. Faites attention à l'avenir, elle est sans pitié.
J'avais remarqué !
Je me garde bien de ce commentaire. Je crains beaucoup plus ma maitresse que celle de Mathéïs.
- Allez dans vos quartiers et ne sortez pas jusqu'à nouvel ordre. Nous vous ferons savoir quand les colliers seront prêts.
- M-merci, B-Blanche, murmure Mathéïs.Un sourire tendre étire les lèvres de la jeune femme.
- Y'a pas de quoi, chaton. Dépêchez-vous.
J'obéis sans broncher. Elle a raison, nous avons eu de la chance que Lilith ne nous ait pas tués sur place, et également que Blanche intervienne. Si elle ne l'avait pas fait la punition aurait été beaucoup plus cruelle.
Je supporte à moitié le poids de mon ami et l'entraine délicatement dans nos chambres. Il tombe à genoux à l'entrée en laissant aller ses sanglots. Je ne dis rien. J'entoure simplement ses épaules tremblantes de mes bras, tout en tremblant aussi et ferme les yeux en écoutant ses pleurs.
- Je suis désolé, Mathéïs. C'est ma faute.
- H-hein ? Qu'est-ce q-que tu r-raconte ?
- C'était mon idée de fuir. Pardon.
- Ce n'est pas grave. Le plus important, c'est qu'on soit vivant. Je n'en reviens pas que Lilith et Blanche soient les démons de la légende que tu m'as raconté l'autre jour.
- Moi non plus, Mat'. Moi non plus.Extérieurement, je ne pleure pas, je ne cris pas, je ne réagis presque pas. Mais intérieurement, j'hurle mon désespoir à pleine gorge, pleure toutes les larmes de mon pauvre corps et prie pour que Mathéïs survive.
Nous voilà prisonnier, enchainé comme de vulgaires chiens, asservis à deux femmes-démons cruelles et sans compassion pour l'éternité.
Je supporterais tout ça pour m'assurer que Mathéïs n'ait rien. Je subirais les séances de torture puissance mille de Lilith sans broncher, pour lui.
VOUS LISEZ
Pacte avec le Diable [TERMINEE]
FantasyDeux jeunes femmes. Un pacte avec le roi des Enfers. Deux jeunes hommes. Un destin sombre.