Pacte avec le Diable [TERMINEE]

Chapitre XXIII ~ Mathéïs

On a enfin fini d'étendre ce foutu linge ! C'est dingue la quantité de vêtements qu'elles ont pour des démons ! Ça nous a pris toute la matinée, c'est épuisant.

- Tu as bien travaillé, faisons une pause, me propose gentiment Blanche.
- Vous êtes sûre ? Je demande par politesse.

J'userais bien d'une pause en effet ! Mais je ne veux pas lui comme ça, ça ne se fait pas trop pour un esclave.

- Haha ! Mais oui, aller viens boire un coup.
- Merci, Blanche.
- C'est normal, tu fais du bon boulot, me complimente-t-elle.

Je suis gêné par son compliment. Je reste un semple esclave, ce n'est pas comme si j'avais le droit à des privilèges.

Je l'accepte quand même de bonne grâce et la suis jusqu'au grand salon. Elle va cherche un plateau avec un théière et deux tasses déjà toutes prêtes. Elle le pose sur une petite table et s'installe d'une drôle de façon sur son fauteuil.

Les jambes en tailleur et de travers.

Moi, je m'assois par terre face à la table et patiente poliment qu'elle m'autorise à me servir. Blanche m'observe de ses yeux malicieux en souriant comme une idiote.

Bah quoi ?

- Serre-toi, m'ordonne-t-elle presque.

J'obéis docilement et m'empare d'une tasse bien chaude. Je réchauffe mes doigts gelés contre la porcelaine et savoure cette sensation agréable. Blanche prend la deuxième tasse et commence à siroter l'infusion en poussant des soupires de bien-être.

J'en fais de même et suis surpris par le goût particulier de ce thé. On dirait un mélange de menthe et de poivre avec un peu de fraise en arrière-goût. C'est étrange mais c'est bon.

- C'est un thé à quoi ? Je lui demande, curieux.
- Menthe avec un peu de sang, me répond-elle.

Je recrache le contenu de ma bouche sur la tapis.

Pardon ?!

- Haha ! Mais non, idiot. C'est de la menthe poivrée avec un peu de fraise.

Je suis rassuré mais je n'ai pas apprécié la blague. Contrairement à Blanche qui se moque clairement de moi. Son fou rire la plie en deux.

Je me demande ce que fait Loan en ce moment ? J'espère qu'il va bien.

- Blanche ?
- Haha ! Oui ? Haha !
- Tu as pu parler à Lilith ?

Elle s'arrête immédiatement de rire pour reprendre son sérieux.

- Non, pas encore. Elle est partie tôt ce matin. Je crois qu'elle a emmené Loan avec elle.
- Elle t'a dit où ils allaient et pourquoi faire ? Je m'inquiète.
- Non. Lilith est mon amie et colocataire mais nous avons des occupations bien différentes et elle ne parle pas beaucoup, m'avoue-t-elle.
- C'est quoi tes occupations à toi ?
- Moi ? J'aime bien dessiner.
- C'est vrai ?
- Oui. Argh !
- Blanche ?! Tout va bien ?!

La jeune femme-démon se plie en deux, mais pas rire cette fois. Elle semble en proie à une douleur insoutenable. Je me lève, paniqué sans savoir quoi faire. Je ne comprends pas ce qui peut lui faire autant mal. Elle n'est pas blessée et elle n'a pas pu se faire mal en étendant du linge.

- Blanche ?! Qu'est-ce qui t'arrive ?! J'hurle, cédant à la panique.
- Lilith... est... en... danger..., marmonne-t-elle entre deux grognements.

Ça veut dire que Loan l'est aussi probablement.

Je n'ai pas le temps d'exprimer mes craintes à voix haute, Blanche se redresse en grimaçant, le visage grave, une lueur inconnue dans ses yeux. Elle marche vers la sortie en m'ignorant.

- Blanche ? Où tu vas ? Laisse-moi t'accompagner ! Je m'écris en me lançant à sa suite.

Elle se retourne en se tenant la poitrine. Elle me scrute quelques secondes puis me fait signe de la suivre. J'accours à ses côtés et la suit où qu'elle aille.

Nous débouchons dans la cour intérieure où elle va se placer au centre.

- Ferme les yeux, me dit-elle.

Je m'exécute. Un léger vent vient soulever mes vêtements et secouer mes cheveux. La curiosité l'emporte et j'ouvre les yeux. Une tornade de plume blanche l'enveloppe pour bientôt l'avaler. Je panique quelques instants avant de comprendre ce qu'elle fait : elle prend sa forme démoniaque.

C'est un griffon géant blanc qui me fait ensuite face. Les ailes déployées, prête à décoller, au plumage blanc parsemé de flocon de neige. Ses yeux toujours violets se braquent sur moi et je sursaute. Sa voix résonne dans ma tête, elle m'ordonne de grimper.

J'obéis et agrippe son pelage pour atteindre son cou. Les plumes sont douces et froides, comme si elles étaient faites de glace pure.

- ACCROCHE-TOI ! Me dit la voix de Blanche dans ma tête.

J'empoigne fermement son pelage et me colle le plus possible à elle pour aviter d'être balloté par le vent. Une fois que je suis prêt elle fait battre ses ailes et nous propulse dans les airs à grande vitesse.

Bizarrement, je me sens en sécurité ainsi perché sur un animal démoniaque géant.

A la vitesse de l'éclair, nous parcourons plusieurs kilomètres avant de survoler une clairière où il semble y avoir de l'agitation.

Blanche pousse un cri strident qui fige tout le monde en contre-bas sur place.

Je crois apercevoir une tâche de sang noir et Loan.

Loan !