Pacte avec le Diable [TERMINEE]

Chapitre XX ~ Loan

En deux semaines, mon état de santé s'est grandement dégradé. Je m'efforce de le caché mais la tâche est de plus en plus difficile. Surtout à Mathéïs, qui me pose beaucoup de questions.

Jusque-là, j'ai réussi à toutes les éluder mais c'est de plus en plus compliqué.

Ce soir, je rentre de ma séance quotidienne de torture dans la chambre de Lilith. Je suis épuisé, je n'ai plus de force. A cause de sa magie qui me blesse et me régénère presqu'aussi vite. Malheureusement, des marques de plus en plus visibles restent ancrées sur ma peau, témoignant de la violence que je subi.

En plus de ça, Lilith s'amuse bien avec le collier magique qui orne mon cou. A chaque fois qu'elle veut me dire un truc - même inutile - elle actionne le collier qui m'envoie une décharge électrique relativement puissante.

J'ai peur de ne pas tenir une éternité. Je continue de me battre pour Mathéïs en croisant les doigts pour qu'il ne me voit pas mourir.

Quand je pénètre dans notre chambre, je le vois allongé dans son lit dans le noir. Son visage endormi me réchauffe un peu le coeur.

Je prends quelques secondes pour l'observer tendrement puis me dirige dans la salle de bain afin de me laver et me changer pour la nuit. Pensant être seul, je retire mon t-shirt sans précaution.

Ce que je ne savais pas, c'est que Mathéïs ne dormait pas réellement et le voilà qui débarque dans la salle de bain, mon torse dénudé et buriné visible aux yeux de tous.

Mon premier réflexe - un peu ridicule - est de caché mon torse avec mon t-shirt. Mais le mal est fait, je le vois sur son visage dépité. Il a vu.

Merde....

- Je pensais que tu dormais, je lui dis à mi-voix.

Il me regarde quelques secondes, détaillant mon corps découvert de ses yeux bicolor. Je baisse le regard, incapable de soutenir le sien en attendant sa réaction verbale.

Comment je vais m'en sortir cette fois-ci ?

- Loan.... Qu'est-ce que- ?
- Ce n'est rien, Mathéïs, je t'assure. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter, je mens maladroitement. 

Il semble peu convaincu par mon excuse bidon car ses sourcils se froncent.

- Tu peux m'en parler, tu sais. Comment tu- ? Ces marques, d'où elles viennent ? Déglutit-il.
- Je.... Euh.... Lilith m'a demandé de m'occuper du jardin ce soir. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Elle est bizarre ! Je rigole.

Une tentative d'humour tellement bidon.

- Le jardin ? En pleine nuit ? S'étonne Mathéïs.
- Ouais, tu sais, faut pas chercher à comprendre. C'est Mlle File-les-j'tons ! Je poursuis avec mon humour feint.
- C'est vrai qu'elle est bizarre, consent Mathéïs en haussant les épaules.

Ouf.... Je l'ai échappé belle.

Mon ami semble avoir gobé mon histoire montée de toute pièce à la dernière minute. Il reste dans l'encadrement de la porte en marmonnant tous les trucs bizarres que Lilith a pu faire depuis notre arrivé.

Je me racle la gorge pour attirer son attention. J'aimerais prendre une douche, seul, si possible.

- Désolé, je te laisse, comprend Mathéïs.
- Merci.

Il repart et referme derrière lui. Je souffle un grand coup, soulagé d'avoir échappé à un interrogatoire complet. Je me doute bien qu'un jour, je vais y avoir droit mais je préfère repousser ce moment le plus possible. Je ne veux pas l'inquiéter, ni le faire culpabiliser.

Soyons réaliste, si je me retrouve dans cette situation plus que préoccupante, c'est à cause de la décision de Mathéïs. Mais je n'arrive pas à lui en vouloir. C'est physiquement impossible. Ses yeux me font chavirer et faire n'importe quoi.

Je finis de me déshabiller et entre sous le jet d'eau chaude. Je prends le temps de détailler mon corps dans la douche : un corps frêle et fragile - plus rien à voir avec celui que j'étais avant - ; un visage marqué par la fatigue et la douleur ; des yeux cernés au possible et une coupe de cheveux toute plate. Je ne suis plus qu'un cadavre ambulant et ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'il ne retourne à la terre.

Je suis en train de mourir, à petit feu, sous les yeux de celui que j'aime. Parce que oui, je suis amoureux de Mathéïs et je ferais tout pour, même donner ma vie.