Pacte avec le Diable [TERMINEE]

Chapitre XVII ~ Mathéïs

J'ai du mal à comprendre ce qu'il se passe tout de suite. Aux dernières nouvelles, j'étais sur le point d'être transpercé par une épée. Puis un grognement inhumain a retenti dans l'air.

Qu'est-ce qu'il se passe encore ?

Heureusement, Loan est là. Emprisonné dans ses bras, je ne bouge pas. Je n'y arrive pas, j'ai beaucoup trop peur de découvrir ce qu'il vient de pousser un cri pareil pour sortir de ce cocon protecteur.

Je m'accroche fermement à son t-shirt, priant pour que la créature, quelle qu'elle soit, nous ignore et nous laisse vivre.

Une chaleur accablante nous enveloppe tous les deux mais ne nous blesse pas. J'ouvre mes yeux, que je gardais fermés jusque-là, pour découvrir des flammes noires, dévastant sans retenu la prairie, réduisant en cendre tout hommes se trouvant sur son passage.

Pourquoi les flammes nous évitent-elles ?

Les cris d'agonies s'arrêtent soudainement. C'est la fin. L'armée impérial qui nous faisait face quelques minutes plus tôt a été entièrement décimée.

- Loan ? Je chuchote.
- Oui ?
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je n'en sais rien, Mat'.
- J'ai peur.
- Je suis là.

Un silence pensant s'installe, seulement perturbé par des inspirations et des expirations bruyantes.

- ESPECE DE CLOPORTE INVETERE ! Hurle une voix reptilienne.

Cette voix n'est pas humaine et pourtant, elle m'est familière. Je sors prudemment ma tête du cou de Loan pour regarder la créature qui vient de nous sauver la vie. Un oiseau géant au plumage noir enflammé nous observe de ses yeux rouges perçants.

J'avale difficilement ma salive en croisant ce regard.

Je le connais.

- Mlle Lilith, je balbutie.
- Pardon ?! S'étonne Loan.

Le corps de mon ami se tend contre moi quand il comprend à qui nous avons affaire. J'ai raison, c'est bien Mlle Lilith.

Ça veut aussi dire que Loan avait vu juste : c'est un démon.

Je me mets à trembler incontrôlablement en comprenant dans quel merdier je nous ai mis, Loan et moi.

- VOUS N'ETES QUE DES ABRUTIS SANS CERVELLE ! Crache l'oiseau démon. JE VAIS VOUS TUER !

L'animal monstrueux nous fonce dessus, les crocs sortie, prêt à nous hacher menu. Loan reste immobile contre moi, paralysé par une peur que je ne lui connaissais pas.

Je sais que Mlle Lilith est intimidante, mais nous avons déjà croisé des personnes intimidantes dans nos voyages, ça n'a jamais arrêté Loan. Pourquoi elle, si ?

Je ne perds pas une minute. Je sors du cocon réconfortant de mon ami et me place entre lui et l'oiseau.

Qui se trouve être notre maitresse.

J'écarte les bras pour faire barrière de mon corps.

- Je vous en supplie ! On ne recommencera plus ! Je m'égosille.

Je tremble, j'ai peur, mes jambes flageolent, mon cur bat à un rythme effréné.

Par miracle, Mlle Lilith s'arrête en pleine course pour me regarder de travers. Elle semble peser le pour et le contre, puis, au bout de ce qui me semble une éternité, elle souffle. L'air expiré me fait reculer de plusieurs pas tandis que Loan roule derrière moi, toujours sous le choc.

- TRES BIEN ! ON VA EN DISCUTER AVEC BLANCHE ! MAIS JE VOUS PREVIENS, VOUS ALLEZ ETRE PUNI !

Je suis soulagé mais pas pour longtemps. L'oiseau déploie ses ailes enflammées et ses pattes viennent nous cueillir, Loan et moi, sans ménagement. Par les airs, nous rentrons au manoir où Lilith nous laisse tomber de plusieurs mètres dans la cour intérieur.

Je m'écrase lourdement contre le gravier et étouffe un cri. Loan s'étale quelques mètres à côté de moi, sans réagir. Il reste allongé et ne bouge plus. Il me fait peur. Je me précipité vers lui et le secoue.

- Loan ! Loan !

Il ne répond pas, son regard est terne, son visage est neutre. Il est en état de choc.

- Ah ! Vous voilà enfin ! Crie une voix cristalline.

Blanche !

Je reporte mon regard vers elle, espérant obtenir de l'aide. Haha ! Quel idiot ! Son visage, d'ordinaire si doux, est fermé et coléreux.

Gloups....

Je m'accroche à Loan de toutes mes forces quand Lilith atterrit au-dessus de nous. Elle reprend sa forme humaine dans un nuage de fumée noir et ses yeux perçants me transpercent de part en part. Ma respiration se coupe et je déglutis difficilement.

On va mourir.