XIII : Le paradis, à n'en pas douter, n'est qu'une immense bibliothèque

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Les rayons du soleil, déjà crépusculaires, transperçaient les carreaux de la bibliothèque, révélant des tourbillons aériens de poussière, faisant briller les reliures d'or des livres précieux. Les pierres des murs, lustrées par des sortilèges contrant l'humidité, diffusaient une fragance subtile, mélange de pluie d'été et de vieux parchemin ; les grands meubles de bois soutenaient inlassablement les étagères d'ouvrages patiemment triés, classés, rangés.

Une bibliothèque n'est jamais un lieu anodin. Elle est l'écrin de rêves adolescents laissés entre les rayonnages, d'espoirs secrets coincés entre deux pages, des premiers amours et des premières peines.

Dès le premier instant, dès la première seconde, Hermione était tombée amoureuse de son école. Mais plus que les murs millénaires, que les pièces aux allures de salles de bal, que les multiples tapisseries aux histoires fascinantes, elle avait adoré la Bibliothèque.

À quatre ans, exaspérée de n'être que la simple auditrice des contes que sa mère lui lisaient avant de s'endormir, elle avait appris à lire. Sans manuel, sans maîtresse agaçante, sans syllabes à répéter quotidiennement. Elle perça toute seule le mystère des petits caractères qui ornaient les pages de ces livres d'images. Rapidement lassée, elle les avait délaissés pour des pages plus excitantes : des aventures chevaleresques, des princesses courageuses, des châteaux hantés et des amants maudits. Elle ne les avaient jamais lâchés.

Hermione avait toujours été un peu différente des autres enfants. Préférant rester "le nez dans ses bouquins", comme disaient affectueusement ses parents, que de se joindre aux courses de ses camarades. Nourrie de rêves, de mots, de phrases, comptant plus d'amis de papier qu'en chair et en os.

Par-dessus tout, Hermione voulait devenir une héroïne, celle de sa propre histoire. Toujours angoissée de ne pas être à la hauteur, elle travaillait des heures, lisait encore davantage.

En grandissant, cette petite chose invisible qui la séparait des enfants de son âge s'accentua, jusqu'à en devenir presque gênante. Le matin, ces livres s'ouvraient mécaniquement sur les pages qu'elle avait quitté la veille ; ses crayons de couleurs dessinaient tout seuls sur ses cahiers ; un jour, alors qu'elle défendait un petit garçon dans la cour de récréation, les agresseurs avaient disparu de façon instantanée.
Elle mettait généralement tout ces petits événements sur le compte de sa distraction, mais elle cru avoir sombré dans la folie le jour où elle vit distinctement les sœurs March jouer avec Laurie sur la tranche de cuir rouge de son livre préféré.

Elle garda son secret avec autant d'émerveillement que de peur, effrayée à l'idée qu'on puisse la traiter de monstre, mais souhaitant de tout son cœur que les personnages reviennent visiter ses journées. Au fil du temps, elle se persuada du caractère imaginaire de son apparition, oubliant son aventure... ou presque. Ce qu'Hermione ne savait pas, c'est que quelqu'un, loin de sa petite chambre, pensait à elle.

Elle reçut sa lettre de Poudlard un premier jour de juillet. Elle la parcourut avec émerveillement, essayant de faire abstraction, pour un instant, du fait que ce n'était probablement qu'un canular, où une publicité pour un camps de vacances à thème. Mais, dès la seconde où elle eut achevé sa lecture, la porte d'entrée vibra sous l'effet de trois coups.

Ses parents avaient levés le nez de leurs journaux, saisi la clé de la maison sans remarquer le moins du monde le trouble de leur fille, et laissé apparaître la personne la plus extraordinaire qu'Hermione avait jamais vu ; le professeur MacGonnal, directrice adjointe du Collège de sorcellerie de Poudlard, comme elle se présenta immédiatement. Hermione était une sorcière, affirma-t-elle, et une place lui était réservée dans cette étrange école. La jeune fille avait d'ailleurs reçu sa lettre, remarqua-t-elle.

Perfectly Wrong [Dramione❤]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant