Le fin sachet de thé, plongé dans l'eau bouillante, diffusait lentement ses arômes fleuris. Le liquide se teintait d'une douce couleur rosée, et la cuillérée de miel qu'Hermione avait déposé au fond de sa tasse se dissolvait peu à peu en une poussière d'or.La jeune fille n'aurait su dire ce qui l'avait amené dans ce bureau spacieux, en ce dimanche après-midi. Une envie de s'épancher, peut-être. Un désir de chaleur, de cette tendre affection maternelle dont elle était privée depuis bientôt un mois.
L'incompréhension de ses amis aussi. Ginny, affairée à mille projets étranges, ne lui avait pas adressé un mot de la journée ; et Hannah était partie à l'infirmerie, sans avertir qui que ce soit, juste après son petit-déjeuner. Lorsque Hermione y était passée afin de vérifier son état, Mrs Pomfresh avait levé les yeux au ciel et affirmé que ce n'était qu'un stupide mal de tête adolescent. Hermione n'avait pas compris l'exaspération de l'infirmière : Hannah et le terme stupide étaient radicalement des antonymes ! Enfin, même après une visite à la salle commune des Serdaigle (Hermione entrait sans soucis : elle avait toujours la réponse à l'énigme qui servait de mot de passe), Luna était introuvable, et Neville, accompagné du Professeur Chourave, passait comme à son habitude l'après-midi dans l'atmosphère terreuse et humide de la serre.Délaissée par tous, Hermione s'était alors rappelée de l'existence d'une invitation qui lui avait paru tout à fait bienvenue ; elle était donc partie vers l'aile Ouest, habitant les couloir de sa présence anonyme, la tête baissée et les cheveux déployés en remparts. Après une longue marche et des dédales poussiéreux qui lui parurent infinis, elle était arrivée devant une pauvre porte taillée dans un bois qui s'émiettait par endroits. Les illusions nocturnes étaient loin de cette crudité froide, de cette triste misère sale. Le froid qui s'engouffrait dans chacun de ses pores, avait rendu la réalité plus difficile encore. La déception lui avait glacé le cœur. C'était anodin, ce n'était qu'un pauvre sentiment fugace, banal. Un petit tourment inutile. Mais c'en était un de plus, une sorte de branchage de douleur ajouté, sans douceur aucune, au fagot de sa peine.
La douleur n'est romantique qu'aux yeux des imbéciles, songea-t-elle en serrant les dents. Elle voulu frapper ; mais une précaution retint son poids serré : il n'aurait pas fallu que le lambeau qui tenait lieu de porte se brise sous le coup ; il y avait tout de même mieux en matière d'entrée, que de faire s'écrouler le bureau de la personne qui nous invite à prendre le thé.
Alors, elle poussa simplement le bout de bois. Et elle fut éblouie.
Le bureau du professeur O'Connor avait été pour le moins revisité par sa propriétaire - elle aurait dû s'y attendre. Le verre, tranchant d'une manière incongrue par sa claire modernité, avait remplacé les pierres qui soutenaient habituellement les murs moyenâgeux, de telle sorte que la lumière mordorée du crépuscule naissant envahissait les plus sombres recoins de la pièce, irradiant, se mouvant dans une danse enflammée. Les vitres reflétaient cette chorégraphie lumineuse, de telle sorte qu'on aurait pu se croire dans un immense brasier. Des objets et meubles aux styles pour le moins éclectiques, mélange de vintage British et de cette esthétique épurée typiquement américaine, parsemaient la pièce immense.
Se sentant quelque peu malvenue, Hermione osa cependant appeler son enseignante :
- Professeur ?
Mrs O'Connor était assise à son bureau, et examinait des liasses de documents, disposés en une grande pile vacillante. La porte éculée n'avait produit aucun bruit - pas même ce grincement aigu caractéristique du vieux et de l'indigence. Lorsqu'elle entendit Hermione, elle sursauta, sa chevelure ardente bondissant, ballerine elle aussi de la chorégraphie intense qui se jouait entre les murs, et refourgua le tout pêle-mêle dans un tiroir.
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Perfectly Wrong [Dramione❤]
FanfictionLa seule chose dont j'étais parfaitement sûre était que personne ne m'aimerait jamais. Que j'étais trop compliquée, trop étrange pour qu'un homme me jette un seul regard. Que j'étais brisée et que c'était fini ; qu'à dix-huit ans, ma vie s'achevait...