XIV : Primevères et buglosses

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Le soleil avait doucement transpercé les carreaux de la fenêtre, ce matin là. C'était un soleil un peu pâle, comme un jaune d'oeuf cuit quelques minutes de trop.
Il avait arraché Hannah au sommeil de la plus agréable des façons ; la jeune fille était immédiatement sortie de son petit lit de bouleau clair, à l'affût du moindre rayon. Le soleil écossais était une denrée de luxe, comme les oranges que recevaient ses ancêtres à Noël ; le genre de cadeau qui drape les journées d'une aura de gaieté et donne le sourire aux étudiants les plus grincheux.
Ils en étaient particulièrement gâtés depuis la rentrée, et cet été indien illuminait ses journées.

Hannah se laissa envahir par un bien-être inattendu, mélange de paix, de lumière, et de l'odeur de brioche fraîche qui émanait jusque dans sa chambre.

Les dortoirs de Pouffsouffle étaient un de ces lieux qui vous donnaient l'impression d'être à la maison. Ils étaient bâtis dans les contrebas de l'école, au niveau des jardins, de telle sorte que c'était les élèves de Pouffsouffle qui profitait des premiers rayons de l'astre du jour.
Les chambrettes, d'une douce modernité qui contrastait avec les pierres et le ciment des murs, étaient bâties en cocons, et étaient ouvertes sur l'extérieur ; chacune des du mobilier respirait la rondeur et la simplicité.

Ce fut justement sur sa commode blanche, peintes de boutons d'or, qu'Hannah fit, ce drôle de matin-là, une étrange découverte.
Au dessus du bocal frappé des armoiries de Pouffsouffle qu'elle reléguait d'habitude à la fonction de boîte à bijoux, se trouvait une pochette blanche sur laquelle était gravé son prénom.

Hannah fronça les sourcils. Elle ne reconnaissait pas l'écriture qu'elle avait sous les yeux. Ce n'était ni celle de sa meilleure amie, Susan Bones, ni celle d'Emily Waters, sa compagne de chambre, et elle ne reconnaissait la marque d'aucun de ses professeurs dans ces déliés délicats. À vrai dire, elle était certaine de ne les avoir jamais vue. Alors, qui était l'inconnu qui lui adressait ce paquet ?

Intriguée, elle défit le rabat de coton et fit glisser de l'enveloppe de tissu un cadeau étonnant : un petit bouquet de primevère accompagné d'une carte.

Cette fois, elle était vraiment étonnée.
Elle s'empara du papier et lut à voix haute son message :

"Oh ! fais un pas de plus ! Viens, entre,
Si nul devoir ne le défend ;
Viens voir mon âme dans son antre,
L'esprit lion, le coeur enfant"

Tu as illuminé mes heures de ta lumière ;
Accepte ce présent, mes simples primevères.

Ton Liono"

Une sensation nouvelle étreignit soudainement son coeur ; elle se sentit toute drôle à l'idée d'une personne écrivant ces mots, ces mots si merveilleux, en pensant à elle.
Est-ce qu'elle était... aimée ? Avait-elle un admirateur caché dans les murs de Poudlard ?

Ces interrogations lui donnaient le tournis. Elle aggripa le rebord de son lit pour ne pas tomber. C'était la première fois que ça lui arrivait. Elle, si solide, venait de tomber. Amoureuse ? Elle n'en savait rien. Elle relut avec émerveillement les quelques phrases tracées à la plume.

Viens voir mon âme dans son antre...

- Hannah ? Ça va ? lança Emily, les yeux encore voilés de rêves.

La jeune fille feignit de choisir un collier et se tourna pour cacher ses joues, toutes roses. Elle était maintenant détentrice d'un de ces doux secrets qui ravissent les jeunes filles en fleur. Se savoir aimée, admirée lui faisait chaud au cœur et dessinait sur son visage un sourire involontaire.

- Oui, oui, tout va bien ! Bien dormi ?

À l'image de sa maison, Hannah était d'une nature solaire, altruiste et honnête. Toujours à protéger les plus jeunes, à materner ses amis et à se préoccuper du bien-être général ; l'harmonie était son plus grand plaisir et sa plus grande quête.

Perfectly Wrong [Dramione❤]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant