CHAPITRE XV

1.4K 75 41
                                    

On me secoue. J'ouvre les yeux instantanément. Je vois Camila. Elle me regarde avec de la pitié dans son regard. Je remarque autour de moi, des bouteilles avachies sur le sol ou encore sur la table ou le canapé. Je souffle. J'ai recommencé. Je ne suis qu'une pauvre fille noyée dans le chagrin.

- Lauren. Lève toi, m'ordonne Camila.

Je n'arrive pas à le faire tellement mes forces sont faibles à cause de l'alcool que j'ai ingurgité.

Ma femme me regarde avec les larmes aux yeux.

- Pourquoi tu fais ça ? Ça ne sert à rien. Tu t'enfonces plus qu'autre chose.

- Il y en a qui s'enfuit dans un autre pays pour fuir ses démons, moi je le fais dans l'alcool et ça marche pour au moins quelques instants. Je me prépare au fait que ma famille vienne aujourd'hui.

- J'ai oublié ce détail.

- Ma vie n'est qu'un fardeau. J'ai l'impression que je ne vais pas tenir, je lui avoue en lâchant quelques larmes.

Elle s'assoit à côté de moi et entoure ses bras autour de moi en posant son menton sur mon épaule.

- Si tu ne tiens pas, je ferrai la même chose, me dit-elle avec un air fatiguée.

- Non. Toi, tu es forte. J'ai constamment Karla dans ma tête. Je repense à la dernière fois que je l'ai vu. J'aurais dû l'emmener à l'école mais je ne l'ai pas fait.

Je suis en sanglot. Je n'arrive pas à me calmer.

- Je n'ai pensé qu'à moi et mon putain de travail ! Quand je l'ai vu dans le rétroviseur de ma voiture, son sourire était dès plus grand. Elle avait tout pour être heureuse et sa joie faisait la mienne. Je l'ai vu sur ce trottoir et je lui ai simplement sourit. J'aurais dû m'arrêter et lui faire un dernier câlin ou un simple baiser sur sa joue. Elle aurait eu cette mimique de dégoût car mon bisou aurait été mouillé mais ça m'aurait fait rire. Elle m'aurait fait pensé à toi.

J'ai déballé tout ça dans un souffle. Je n'avais pas encore confié tout ce que je ressentais et cela fait tellement de bien de lui dire cela. Je pleure mais cela ne m'arrête pas.

- Elle est morte, trop tôt, trop jeune, trop subitement. C'était ma fille et on me l'a enlevé. Son visage était trop innocent, il a été déformé par ce monstre qui l'a tué. Elle me manque tellement. Tu ne peux pas savoir à quel point mon envie de l'avoir est énorme.

Camila se redresse et me tourne la tête vers elle. Elle pleure, elle aussi.

- Je ressens ce que tu ressens. C'est juste que je ne l'exprime pas.

Elle pose sa main sur ma joue.

- Mon cœur, je veux que tu restes forte. Notre vie sans Karla serra dur à commencer mais nous réussirons, je te le promets.

Je hoche la tête. Je ne suis pas convaincue mais je veux la croire un minimum.

Elle m'embrasse tendrement. Elle me caresse la joue avec son pouce.

- Si je venais à te perdre, je ne m'en remettrai jamais, je lui avoue tristement.

- Tu ne me perdras jamais. Je ne te quitterai jamais parce que tu m'es trop vitale. Tu es toute ma vie, Lauren. Ma vie toute entière. Car il ne me reste plus que toi.

Nos fronts se collent.

- Nous avons toujours été ensemble et ce n'est pas maintenant que cela va se terminer, dit-elle avec détermination.

La porte de notre maison s'ouvre brusquement. Nous nous levons précipitamment vers l'entrée. Nous voyons ma mère, mon père et mon frère.

- Super ! Je chuchote à moi-même, blasée.

Karla. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant