CHAPITRE IX

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Trois jours plus tard,
Miami

Je regarde le plafond. Depuis trois jours, je dors dans la chambre d'amis. Camila ne veut pas que je dorme avec elle, ce que je comprends. Je fais énormément d'effort mais j'ai l'impression que ça ne suffit pas. Il faudrait que je trouve quelque chose qui me permettra d'avoir son pardon. Je pense qu'il faut que je lui laisse de l'espace pour qu'elle réfléchisse mais je ne peux pas m'empêcher d'être collée à elle tout le temps. Je l'aime plus que tout.

Je décide de me lever et de descendre pour prendre mon petit-déjeuner. Je traîne des pieds. Je prépare des toasts et des tartines au chocolat. J'apporte le tout dans la salle à manger et prends du jus d'orange en passant. J'attends sa venue dans la pièce. Je m'assois sur une chaise et divague dans mes pensées.

Karla me manque. On n'a pas de nouvelles. L'agent qui m'a fait sortir n'a pas de pistes. Tous les suspects que la police avait ne sont plus concernés par l'affaire à part Lucy puisqu'un bout de son t-shirt a été retrouvé. On ne sait plus quoi penser. Je perds espoir chaque jour. J'essaye par tous les moyens de savoir qui veut du mal à ma fille. Je pense à un psychopathe qui nous suivait sans arrêt et ça me fait peur.

Une larme coule sur ma joue. Je la laisse tomber. Ma jambe et mes lèvres tremblent et je n'arrive pas à me calmer. Mes poings se serrent, j'ai envie de frapper quelque chose. Je me lève de ma chaise et la fais tomber violemment par terre. Je tape fortement dans le mur en face de moi. Je ne compte plus les coups. Je ne pense pas à la douleur mais je vois qu'il y a du sang sur la tapisserie. J'arrête au bout d'un moment et repose ma tête contre le mur. J'éclate en sanglot. Je n'arrive plus à tenir. C'est beaucoup trop dur à supporter.

Je sens qu'on m'enlace par derrière. Je souris à ce contact car je sais que c'est Camila. Sa tête repose sur mon dos et ses bras sont autour de ma taille.

- Lauren. Ça ne sert à rien de frapper ce mur. Il ne t'a rien fait, dit-elle en rigolant nerveusement.

Elle me caresse le ventre en passant sa main sous mon pull. Je ferme les yeux.

- Je suis tellement désolée de t'avoir trompé, je lui avoue en lâchant des larmes. Tu ne m'hérites pas ça. Tu es une femme exceptionnelle. Tu es tellement forte. Tu as su survivre avec un bébé dans ton ventre à l'âge de dix-huit ans alors que je n'étais pas là parce que je m'en voulais tellement de t'avoir trahi. Je ne suis qu'une pauvre merde qui n'a aucune responsabilité. Je ne sais pas ce que tu fais encore avec moi, je suis tellement nulle.

Elle me retourne et me prend dans ses bras. Son visage est dans mon cou et je sens sa respiration contre ma peau. Des frissons me viennent. Elle me caresse les cheveux. Je lui embrasse le front.

- Je t'aime tellement, Camila. Je n'aurais pas survécu sans toi.

Elle me regarde dans les yeux.

- Tu seras la seule femme que j'aimerais dans ma vie. Crois moi, me rassure-t-elle. Je ne te pardonne pas complètement le fait que tu m'es trompé une deuxième fois mais je veux bien faire un effort.

Je souris, heureuse de sa réponse.

Je l'embrasse fougueusement. Elle approfondit le baiser en y mettant sa langue. Je pose mes mains sur ses hanches. L'embrasser est juste merveilleux. C'est comme si je revivais à cet instant.

Nos sommes interrompues par mon téléphone qui sonne. Je me sépare d'elle et prends mon mobile. Je décroche sans regarder qui c'est.

- Allô ?

- Oui, bonjour. C'est Madelaine Petsch à l'appareil.

Mon visage s'illumine. Il y a peut-être quelque chose de nouveau.

- Je viens vous annoncer que nous avons... Avant de vous le dire, asseyez vous, je vous en prie. Vous serez sous le choc.

Je m'assois. Je n'ai pas envie de savoir ce qu'il se passe parce que je sais très bien ce qu'elle va m'annoncer. Les larmes me viennent aux yeux.

- Nous avons retrouvé votre fille. Mais pas dans de bonnes conditions. Une femme l'a retrouvé au bord de l'eau, morte.

Je lâche le combiné. Je ne peux plus respirer correctement. Je tremble. J'essaye de me lever mais je m'écroule directement. Je hurle.

- Non ! Pourquoi ?!

Je pleure toutes les larmes de mon corps. Je ne peux pas y croire. Ma petite fille ne peut pas être morte.

Camila accourt vers moi. Elle s'accroupit.

- Lauren ! Que se passe-t-il ?! Qui t'a appelé ?!

- C'est la police, je lui dis avec du mal. On a tué notre petite fille...

Elle n'affiche plus d'expression de visage. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Comme si elle était morte.

- Non. Ce n'est pas vrai, dit-elle avec l'absence d'émotions.

Elle se lève et se tient à une chaise. Elle manque de force. Elle est troublée et anéantie de l'intérieur. Tout comme moi.

Ma respiration devient de plus en plus rapide. Je commence à voir trouble. Puis, plus rien.

On me secoue. J'ouvre les yeux et vois Madelaine. Je n'ai pas envie de bouger. Je suis allongée par terre comme toute à l'heure. L'agent me regarde avec un air désolé.

- Il faut vous lever.

Je ne fais toujours rien mais elle me redresse de force. Elle me prend le bras et me met debout. Je la regarde tristement.

- Vous savez ? J'avais encore un espoir, je lui avoue avec une voix enrouée.

- Je suis navrée de ne pas avoir été à la hauteur.

- Ce n'est pas votre faute.

Elle commence à pleurer.

- J'ai tout fait pour y arriver ! Mais ce putain de coupable était introuvable ! Crie-t-elle avec haine. Et il l'est toujours.

Je ne sais pas quoi faire pour la calmer.

- J'aurais dû la trouver. Je voulais... rendre heureuse une famille et de les soulager en leur disant qu'elle était avec nous, sous notre protection et qu'elle s'était juste égarée parce qu'elle s'était maladroitement perdue ! Peut-être que c'est absurde de réagir comme ça mais ça me met tellement en colère contre moi-même ! M'avoue-t-elle.

Elle s'assoit sur une chaise autour de la table.

- Vous n'avez pas quelque chose à boire, de l'alcool de préférence ? Me demande-t-elle en essuyant ses larmes.

Je hoche la tête et pars en chercher. Je prends une bouteille de whisky et des verres. Je reviens dans la salle à manger et lui pose le verre. Je la sers et fais de même avec moi.

- Pourquoi vous prenez à cœur cette affaire ? Je décide de lui poser.

Elle souffle. Elle boit une gorgée.

- J'ai perdu ma fille, moi aussi. J'avais eu tellement de mal à l'avoir et puis, on me l'enlève. Elle est décédée d'une maladie et depuis, j'essaye de faire toutes les missions qui consistent à retrouver des enfants disparus. Je n'en ai jamais raté une et c'est pour ça que je suis comme ça aujourd'hui parce que je n'ai pas réussi.

- Je comprends mieux pourquoi vous êtes dans cet état.

Un blanc s'installe. Je remarque qu'il n'y a pas Camila.

- Votre femme est dans le salon. Elle dort dans le canapé, m'avertit-elle.

Je hoche la tête.

- Je suis désolée de vous démoraliser encore plus mais vous devrez aller voir le corps de votre fille, à la morgue, pour affirmer que c'est elle.

- Je ne sais pas si j'y arriverai.

- Vous n'êtes pas obligées de le faire aujourd'hui mais il faut le faire au plus vite. Je n'aime pas forcer les gens à voir leur proche mort sur un brancard mais je suis obligée.

- On ira demain, je lui dis contre mon gré.

Karla. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant