Lights up - En Réécriture

Chapitre 9

Elle regarde la nuit tomber doucement par la fenêtre. Quelque chose lui cisaille la poitrine. Quelque chose d'indéfinissable, qui glisse en elle, qui s'accroche à sa gorge, qui lui noue le ventre. Une larme glisse sur son ventre arrondi, qu'elle essuie précipitamment. Elle a promis d'être forte. Mais ce soir, elle n'est plus certaine d'y arriver. A la première contraction, il est parti. Il ne veut pas être là. Il étouffe, elle le sait, elle le sent. Quels lourds et intangibles secrets garde t'il au fond de lui ? 

Une grimace la sort de ses amères pensées. Le bébé arrive. Et Henry n'est pas là. Il est parti. Pour de bon cette fois. Et même s'il revenait, qu'est-ce que ça changerait ? Les animaux sauvages ne sont pas heureux dans une cage. Henry est un des leurs. Fier, libre. Elle y avait cru pourtant, que l'amour saurait éteindre ce volcan bouillonnant. Il n'en était rien. Elle était épuisée d'essayer de le retenir. Mais elle l'aimait, d'un amour pur et sincère. Elle aurait aimé être plus forte que tout ça. Dans ses bras, elle s'y sentait bien. C'était comme se sentir protégée de tout. C'était un rêve de petite fille. C'était son rêve à elle. Mais lui, elle ne pouvait arrêter d'y penser, lui n'était pas heureux. Elle voulait le laisser partir. Mais c'était dur. Il revenait chaque fois. 

Dans le couloir sombre de cet hôpital, quelque chose se préparait à naître. Et c'était plus, bien plus qu'un enfant. C'était le pardon et la résilience. Elle était pleine de bonne volonté. Elle s'en voulait de s'accrocher autant à lui. D'espérer. D'attendre. 

Elle était désespérée par cet amour imparfait, déchiré en dedans, brisée de l'intérieur. Leur amour était si loin des rêves, de la plénitude. C'était comme ça chez eux. Un jour, elle lui avait demandé pourquoi il restait. Le café était encore chaud. Ils avaient fait l'amour un peu plus tôt. Mais sa réponse, terrible avait creusé un puit sans fond au fond de son cœur. Elle n'avait rien dit lorsqu'il lui répondit: "je ne sais pas. Je ne sais pas. Je n'ai jamais appris à faire autrement.". Elle en a pleuré des jours, dans la tiédeur de la nuit. Il n'en savait rien. Ou peut-être qu'il savait. C'était pire encore. 

Les larmes roulaient contre sa joue sans pouvoir s'arrêter. Il se creusait en son sein un chagrin indicible. Elle était terrifiée de lâcher sa main. Dans ses yeux à lui, il faisait toujours gris. Mais elle s'y sentait bien, elle aimait son mystère, elle aimait le voir travailler, sa manière de tenir un stylo ou de jouer avec ses cheveux, sa manière de regarder le ciel des heures, elle aimait le goût de ses lèvres, elle aimait comment il s'accrochait à elle la nuit. Elle aimait son nez, son élégance. Elle pensait que ça aurait suffi. 

Elle se mit à hurler. Les infirmières faisaient de leur mieux mais rien ne sut l'apaiser. C'était une rage presque désespérée. Elle avait vraiment tout essayé. Mais il lui filait entre ses doigts. La peur cisaillait son tronc. Il n'était pas venu et tout devenait clair et limpide. Elle savait que tout n'avait été qu'un prétexte. Il était parti chercher des vêtements disait-il. Mais il n'était pas revenu. Elle pleurait tout doucement en serrant la main de l'infirmière. 

- il viendra, la rassurait-elle d'une petite voix 

Lily tournait la tête, les larmes se perdant dans l'amas de ses cheveux. Il ne viendrait plus. 

Même lorsqu'il fut temps d'y aller, que le bébé poussait très fort contre le bas de son ventre, elle supplia d'attendre un peu. Elle voulait y croire. Elle voulait qu'il soit là. Mais l'infirmière n'écouta pas ses supplications et le brancard s'éloigna. Elle était terrifiée. Elle fixa la porte jusqu'à qu'elle disparaisse de sa vue. Elle se ferme dans un silence lourd. 

Il ne viendra pas. 

On l'entendra hurler jusqu'au bout de la nuit, s'épuisant sur un lit métallique. Ses yeux sont boursouflés d'avoir trop pleuré. Elle se sent seule. Finalement, une infirmière pose le bébé sur sa peau. Elle prend l'enfant et respire son odeur. Elle n'a plus de larmes, juste une joie incommensurable. Dans ce monde là, elle n'est plus seule.