Chapitre 20

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Lily a appelée Henry. Je le sais car son regard s'est éteint lorsqu'il m'a souri. Je l'ai observé pendant toute la durée de son appel, et c'était terrifiant. Tout ce qui reste de leur amour, c'est des yeux éteints, perdus dans le vide. Juste des cendres, qu'il touche du bout de doigt et qui tombe sur le sol dans un bruit sourd. Je devrais être heureux, mais je ne le suis pas. Je sais qu'Henry ne l'est pas. Il a tout perdu. Tout lui glisse entre les doigts, et pourtant, il continue de s'accrocher à moi. Comme si j'étais tout ce qui lui restait. Je ne veux pas avoir ce poids sur mes épaules. Ça me déchire le cœur, mais je vais devoir m'en aller. Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment, mais je le dois. Il a déjà sa vie toute tracée, lui. Et une chérie qui l'attend sagement à la maison. Justement parce que je l'aime, je dois m'en aller, et le laisser être heureux. Sans moi. Je vais devoir lui en parler. Mais là, quand je vois ses deux billes lumineuses briller, je n'ai pas le courage. Je sais qu'il est heureux avec moi, tout son corps, tout son être me le murmure en secret quand les lumières sont éteintes. Mais pas assez pour faire voler sa vie en éclat, pas assez pour prendre les armes, pas assez pour prendre un autre chemin. Pas assez pour m'aimer dans la lumière, je me contente de la nuit, mais maintenant, la nuit, elle me terrifie. Je sais que bientôt le jour se lèvera, et que je devrais m'en aller. Et je frémis déjà à l'idée de le voir disparaître.

J'ai envie que cet instant ne meure jamais, je ne veux pas d'autres secondes, pas d'autres instant, je veux juste que cet instant continue d'exister, que le temps s'arrête, et être heureux, rien qu'un instant, sans se soucier du lendemain, et au moment ou tout ça ne sera plus qu'un souvenir enfoui dans la mémoire. Je veux continuer de l'aimer sans plus jamais avoir peur. Mais c'est faux, je suis terrifié, à chaque seconde. Je suis terrifié de l'aimer autant, et que ça ne suffise pas. L'aimer ça ne va empêcher ni la pluie, ni les tempêtes, ni son cœur d'arrêter de battre pour une autre. Mais quand je vois ses deux yeux verts briller dans la pénombre de la chambre, je ne peux pas. Parce que ses yeux tu sais, ils brillaient si fort que j'ai vu des étoiles. Et toutes ces lumières ne suffiront pas à m'aveugler.

- T'es prêt ?

0dix a<ns. Je suis prêt à avoir mal, à avoir peur, à supporter les critiques, la rage, la colère et les cris, je suis prêt tu entends, je suis prêt à porter tout cet amour sur mes frêles épaules, et même à aimer pour dix, pour cent, tant que tu restes à mes côtés. Je suis prêt à tout, si seulement t'aimer pouvait suffire un jour. Mais je ne dis rien. Parfois, il y a des choses qui ne sont pas bonnes à dire. Parfois, aimer de toute son âme, ce n'est pas assez. Et dans ces cas là, il n'y a rien à dire, juste encaisser les coups, le cœur qui se fissure en deux, et les larmes qui bordent les yeux, et sourire, toujours. Sourire et ne rien dire.

- Oui, je suis prêt.

Il me fait un petit sourire, et me glisse à l'oreille que je suis beau. Alors je souris. Je suis beau, mais je ne suis pas assez. Les portières claquent, et la voiture démarre en trombe. Par la fenêtre, j'observe les paysages s'écouler doucement devant moi, et une sensation de vertige immense me prend à la gorge. Je ne me sens plus si prêt que ça. La route s'allonge devant moi, les arbres s'élancent et me donnent le tournis, et, tout à coup, sans trop savoir, je me mets à pleurer. Les larmes roulent le long de la vitre humide. Henry ne dit rien, il continue à conduire en sifflotant. J'ai peur, tellement peur de cette route qui s'allonge et dont je ne vois pas la fin. J'ai peur parce que je ne sais plus où je vais, la seule chose dont je suis certain, c'est que c'est la mauvaise route. Je laisse mes larmes rouler sur mes joues. A cet instant précis, je réalise que je suis terrifié. Je ne sais pas comment aimer sans avoir l'impression que mon cœur s'arrache à chaque fois. Je ne sais pas comment vivre dans le même univers que lui. Je sens ses doigts ramper sur ma cuisse, et, au milieu des larmes amères, un fin sourire éclaire mon visage. Et tout me semble bien plus facile maintenant. Je n'ai même pas le cœur qui se serre lorsque le moteur arrête de gronder. Je pense juste à ses doigts enlacés dans les miens, et le monde n'existe plus.

Lights up - En RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant