Chapitre 15

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 Lewis n'a même pas le temps de finir de se tirailler l'esprit qu'Henry est dans la chambre, un épais bandage sur son cœur. Il glisse sa petite main dans la sienne, et sent la chaleur revenir doucement. Lewis trouve ça presque magique de le voir revenir à la vie ainsi, il est émerveillé. Les médecins sont installés tout autour de lui, et attendent avec impatience son réveil. Ils examinent les machines, les constantes, toutes ces machines qui clignotent et font du bruit. D'un seul coup, Henry ouvre des yeux catastrophés, gêné par ce tube dans sa bouche et dans son nez. Il serre la paume de Lewis. Il le rassure et répète comme une douce litanie ce que les médecins lui ont expliqué auparavant. Ça va faire un peu mal ou être très désagréable, mais ça va aller. Tu ne vas pas t'étouffer, c'est juste tes poumons qui se remettent à fonctionner. Henry a une larme coincé dans le coin de l'oeil. Mais sentir la main chaude de Lewis contre lui le rassure énormément. L'humoriste, qui, cette fois, a gardé son sérieux, commence à retirer le tube. Henry tressaille, essaye de fuir mais il n'y arrive pas. Il essaye de crier, de lui supplier d'arrêter, mais elle continue car elle n'entend rien. Lewis comprend tout en sentant sa main déchiquetée par Henry. L'humoriste ordonne Henry de ne pas bouger mais c'est plus fort que lui, c'est vraiment désagréable de sentir un tube dans sa gorge. Enfin, l'opération périlleuse est terminée. Henry relâche la pression sur la main de Lewis et regarde autour de lui. Il ne lui semblait pas avoir fait des travaux de peinture chez lui. Puis, son regard glisse sur son bandage, et il devient tout blanc. Il essaye de défaire le bandage, mais les soignants l'en empêchent. Lewis tremble. Il a tellement, tellement peur de sa réaction.

Henry met des heures à retrouver l'usage de sa parole. Les médecins s'inquiètent, ça ne devrait pas prendre autant de temps. Ils lui font faire de nouveaux examens, et virevoltent autour de lui comme des mouches. C'est un véritable défilé de blouses blanches. La stupeur se lit sur tous les visages. Henry regarde autour de lui, complètement perdu. Il passait juste à la pharmacie et le voilà entouré de médecins et d'infirmiers en tout genre. Ça lui tord l'estomac. Une médecin prend la décision d'attacher ses mains aux barreaux du lit. Il ne doit surtout pas toucher ses bandages, encore moins la cicatrice. Henry regarde Lewis avec le cœur brisé. Il ne peut plus que sentir que quelques doigts de Lewis. Il laisse sa tête reposer sur l'oreiller, les joues humides. C'est rare de voir Henry pleurer. La dernière fois, c'était à cause de Lewis. Cette fois, il n'y est pour rien. Il arrive à babiller quelques mots, mais décidément pas assez pour comprendre ce qui se passe, et Lewis n'ose rien dire tant qu'Henry n'aura pas retrouvé toutes ses facultés. Son regard s'illumine lorsqu'il voit sa famille entrer dans la pièce. Mais il sent qu'il s'est passé quelque chose de grave, ils n'ont pas leurs tête habituelles. Leurs sourcils sont froncés et leurs yeux sombres comme la nuit. Ils font des sourires pourtant, mais ils sonnent faux. Il babille quelques mots, et sa famille le regarde avec pitié. Il déteste ça. Il grogne et demande des explications qui ne viennent pas.

- A-S-H-A ? demande t'il en articulant les lettres du mieux possible. Tous sourient et secouent la tête. Il sourit aussi, soulagé. Il porte la main à son cœur et s'arrête un moment. Il sent quelque chose de différent sous les bandages. Il regarde son père, baissant la tête, puis sa sœur, droite comme un i. Puis, Lewis, hésitant.

Il finit par trouver le courage de lui expliquer. Et ce jour-là, dans le service, retentit le cri le plus terrifiant jamais entendu. On avait pourtant précisé à Lewis qu'il ne devait pas trop utiliser ses cordes vocales. Les soignants courent vers lui, et lui expliquent le pire en langage de médecin. Son père se met à pleurer. Henry regarde ses larmes avec un trou béant dans le cœur. Il n'avait jamais vu son père pleurer, même à l'enterrement. Il se prend la tête, catastrophé, et commence à manquer d'air. Il tremble de tout son être, et les paroles douces de sa sœur et de Lewis n'y changent rien. On lui met un masque respiratoire, et, enfin, il finit par se calmer. Mais il y a dans ses yeux quelque chose de tortueux, de désastreux. Il digère une colère infinie. Une tristesse abrupte, il se sent comme lancé par-dessus un précipice. Il est en colère contre ce cœur qui ne s'arrête pas, il le devrait !

Lights up - En RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant