Lewis ne répondit rien. Il serra simplement Henry dans ses bras, au plus fort qu'il le pouvait. Il espérait, au plus profond de lui, que ça suffirait à le réparer. On espère toujours qu'un mot, un sourire, une caresse, ça suffira. Lorsqu'on est confronté à une peine bien trop grande, on espère toujours. C'est dur d'imaginer une douleur qui dépasse tout, d'être confronté à ce que l'amour ne suffit pas à guérir. Il ressentait sa douleur jusqu'à ses entrailles. Pourtant, Henry ne lui avait pas encore tout dit. Il avait passé sous silence tout ce qui concernait sa mère, ça faisait encore trop mal à l'intérieur. Mais il ne voulait pas quitter Wellington sans lui en avoir parlé. Il voulait laisser tous ces souvenirs douloureux dans une boîte sous le lit, et commencer à vivre. Il avait décidé qu'il était temps.
Il sentit Lewis s'approcher lentement de lui, se et fondre dans ses bras. Henry se sentit immédiatement soulagé. Lewis n'avait pas été repoussé par sa cicatrice. Au fond, peut-être que c'était lui qui se repoussait lui-même, à chaque fois. Peut-être que sa honte ne venait que de lui. Peut-être que Gemma avait raison lorsqu'elle disait que ce n'était pas de sa faute. Sa mère voulait qu'il vive, et c'était tout, juste de l'amour. Peut-être qu'il devait arrêter de s'en vouloir d'exister. C'est sur ces belles pensées qu'il s'abandonna aux bras de Morphée.
Et c'est l'odeur délicieuse de croissants chauds accompagnés d'un bisou sur le front qui le réveille. Il ouvre un œil, aperçoit le visage souriant de Lewis. Il referme l'œil quelques secondes, et l'ouvre une nouvelle fois. Il n'a pas rêvé. Lewis est toujours là. Peut-être que le paradis a un visage, et c'est celui-là. Dommage que l'enfer l'attende dans un appartement. Lewis le regarde en souriant. Il est effrayant ce regard. Qu'est-ce qu'il peut trouver de beau chez lui ? Henry repousse Lewis, en murmurant : pas aujourd'hui amour, les yeux pourtant brillants de désir.
« - Dommage, j'avais acheté du Nutella...
- Je n'aime pas ça, Lewis....
- Ce n'était pas pour toi » répond-il avec un clin d'œil.
Henry le regarde sans comprendre, interloqué. Lewis regarde son torse avec des yeux brûlants de désir. Henry se rallonge, déjà épuisé par cette longue journée qui l'attend et ferme les yeux. Il a un peu de mal à supporter l'idée qu'on l'admire, d'une manière ou d'une autre. Lily s'en est toujours accommodée, comme un accord tacite entre eux deux. Très vite, elle avait cessé de faire des compliments, de le regarder avec des yeux brillants, de tout faire avec lui. Elle n'avait jamais insisté. Une seule fois, il lui avait confié qu'il n'aimait pas son torse, et elle l'avait accepté, sans jamais en chercher les raisons. Elle s'était habituée à faire l'amour avec lui en sachant qu'il gardait à chaque fois un haut. Elle était comme ça, Lily. Elle n'avait jamais voulu le rendre mal à l'aise, alors, sans se poser de question, elle avait tout accepté. Et puis, un jour, elle avait cessé de le regarder avec des yeux brillants. Ce jour-là, tout s'est arrêté. Mais Asha est arrivée, et il a décidé de rester. Il n'avait jamais été un bon fils, ni un bon compagnon. Mais il voulait essayer d'être un bon père, pour elle. Et, puis, Lewis était arrivé. Lui qui le regardait à chaque fois avec des yeux brillants et le sourire aux lèvres. Ils s'étaient trouvés sur une route escarpée, ils étaient tous les deux cassés. Mais en se trouvant, ils s'étaient trouvés une raison d'avancer. Leurs passés respectifs ne faisait plus aussi mal lorsqu'ils étaient tous les deux. Henry avait découvert la lumière que Lewis dissimulait derrière sa noirceur. Et Lewis avait découvert le côté sombre du Henry, pourtant si lumineux.
- Henry, tu m'écoutes ?
Pas vraiment. Il relève la tête. Lewis sort de la salle de bain, une serviette nouée autour de sa hanche et les cheveux humides. Il est magnifique. Ses quelques abdominaux sont finement dessinés et brillent à la lumière du jour. Et pourtant, un sentiment de tristesse s'empare de lui, une simple goutte dans l'océan de ses yeux. Mais pourtant, elle est bien là. Bientôt, il faudra revenir, et il n'aura plus le droit de regarder ni de toucher celui qu'il aime. C'est terrible de voir de ses propres yeux le moment où tout s'éteindra, où tout partira en fumée, et tout disparaîtra. Il voudrait que ce moment précis dure toute la vie, mais il sait bien, dans la vie rien n'est simple. Lewis s'approche de Lewis lentement, et Henry le suit du regard. Il laisse glisser sa serviette, et s'installe nu sur le torse de son ami, qui réagit immédiatement :
- Qu'est-ce que tu fais, Lewis ?
- Un sandwich
Il dépose ses lèvres sur le front d'Henry, qui ouvre de grands yeux étonnés. Lewis embrasse, d'abord timidement, puis, avec de plus en plus d'ardeur, la moindre parcelle de peau d'Henry. Et, alors qu'il sent le torse d'Henry commencer à se raidir, il se relève, s'assied sur ses jambes et sourit. Il ne dit rien, il le regarde simplement. Des gouttelettes fines s'échouent sur le torse d'Henry, qui le font sursauter à chaque fois. Lewis l'embrasse lentement sur le front, et lui fait fermer ses yeux. Il étale ensuite la pâte à tartiner partout sur le corps d'Henry. Cette fois, il ne lui demande pas ce qu'il fabrique, il a tout de suite compris. Ce qui se passera dans cette chambre d'hôtel restera dans cette chambre.
Henry se met à gémir en sentant la langue de Lewis sur sa peau. Merde. Il imagine son corps nu penché près de lui, et il brûle de l'intérieur. Il ne devrait pas ressentir tout ça, ces milliers de ballons qui éclatent dans son cœur lorsque Lewis est près de lui. Et pourtant, il ressent tout. Mais, cette fois, il décide qu'il a le droit. Lily n'est pas là. Il va faire la plus grosse erreur de sa vie. Mais il compte bien la faire jusqu'au bout pour ne rien avoir à regretter. Il sait que cette erreur-là, il s'en souviendra toute sa vie. Il sait que ça sera la plus belle de sa vie. Alors, il se laisse aller, sous les coups de langues précis de Lewis. Il soupire d'aise lorsque la langue s'attarde sur la cicatrice. Ça ne répare pas, mais ça met du baume au cœur. Lily n'a jamais vue cette cicatrice. Et lui, il les embrasse. Il les aime. Pourquoi a-t-il fallu que tout soit compliqué ? Lorsqu'il croise les yeux océan de Lewis, il sourit. Il a la réponse.
Les choses s'accélèrent, et, rapidement, les lèvres de Lewis se referment sur son pénis. Henry étouffe un cri. Les mouvements de Lewis sont de plus en plus rapides, et, bientôt, Henry ne parvient plus à maintenir le rythme. Il s'effondre dans le lit, tel une masse gémissante, les cheveux humidifiés par la transpiration et le corps bouillant. Ses lèvres rougies, cherchent la peau de Lewis, en vain. Il finit par trouver l'une de ses mains, qu'il embrasse tendrement. Ses longues boucles se perdent devant ses yeux. Il ne trouve plus ses mots, mais il en est certain, son corps parle pour lui. Il aura beau se cacher derrière Lily, il sait de quel côté son cœur balance. Et ce n'est pas le bon côté. Enfin, Henry pousse un cri, et, doucement, sa respiration ralentit. Lewis relève la tête, les joues encore gonflées de la semence, et, pose sa tête sur le torse d'Henry. Il écoute les battements de son cœur ralentir, et il lui semble n'avoir jamais entendu de son aussi mélodieux. Il entend ce que son cœur lui dit. Il écarte quelques mèches bouclées de son ami, avant de déposer ses lèvres rougies contre son cou.
- Lou ?
- Mh ?
- Le moment est très mal choisi, mais...je...Je voudrais te présenter à ma mère.
- Tu es sûr ?
- Elle habite à côté, je...tu voudrais bien....
- Oh, euh...je ne sais pas...Et Bri ?
- On s'en fout. Je lui ai parlé de toi.
- Oh. Eh bien...si tu veux.
- C'est très important pour moi....pour nous.
- Ce serait un honneur de rencontrer ta famille. »
Henry embrasse une nouvelle fois le front de Lewis, et il sourit. Il a tant de fois rêvé de ce moment, de lui présenter celui qui fait vibrer son cœur. Il lui a tellement parlé de lui. Il est sûr que sa mère va l'adorer. Ils restent là, tous les deux, silencieux dans le grand lit. Heureux.
Tout à l'heure, Lewis rencontrera la mère d'Henry, il est un peu stressé. Il ne peut pas projeter sa propre histoire à la sienne, et espère de tout cœur que ça se passera bien. Il n'est plus très sûr d'avoir la force de supporter un nouvel échec.
- Ne t'inquiètes pas, elle t'adore déjà.
Alors Lewis sourit. Cette fois, il a envie d'y croire.
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Lights up - En Réécriture
Roman d'amourLewis. Dans les rues bondées, il est un de ces fantômes dont la lumière passe au travers. Un de ces cœurs d'un noir d'encre. Il n'a pas su trouver le courage de fuir contre les monstres qui volent l'innocence des enfants la nuit. Devenu adulte épri...