Chapitre 16 : Souvenir & double-crise.

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  C'est toujours la même scène, là où je me vois être assise à côté de Thomas et qu'on est tous les deux assez jeunes. Lui il doit avoir cinq ans, moi trois ans et demi. C'est avant qu'on nous force à changer de prénoms.  Un grésillement se fait entendre et la porte de la chambre s'ouvre sur un homme vêtu d'une combinaison verte qui ressemble à un pyjama. Il entre dans la pièce et moi et Thomas on se regarde en même temps, trouvant l'accoutrement de cet homme ridicule. 

  — Je lui dis ou tu t'en charges ? demandai-je dans un chuchotement à mon frère.

Il me fait signe de garder mon opinion pour moi, et je soupire.

  — Thomas, Mia, venez avec moi, ordonne le gars.

On ne fait aucun geste, ne serait-ce comme-ci qu'on aurait à peine entendu ce qu'il vient de dire. Ouais, à chaque fois c'était une personne différente qui venait nous voir, jamais hostile mais jamais vraiment gentille non plus. 

  — Thomas, Mia, levez vous. Je n'ai pas le temps pour vos enfantillages, d'accord ? dit l'homme, agacé. On travaille tous d'arrache-pied pour tenir les délais et vous êtes les seuls à résister encore à vos nouveaux noms. Sérieusement, les enfants... vous voulez vraiment perdre votre énergie à ça ? Alors qu'on vous a sauvé de ce qui se passe à l'extérieur ?

Ne pouvant plus y tenir, Thomas réplique :

  — Vous êtes ridicule.

La seconde moi se retient de sourire en entendant la réponse de son frère, tandis que l'homme tâche de masquer sa surprise, sans succès ; une expression amusée passe sur son visage.

  — Je te demande pardon ?

  — En plus d'être ridiculement idiot, vous êtes sourd ! dis-je avec colère à la place de mon frère. Votre combinaison, là... on dirait un pyjama qu'on aurait trempé dans du liquide d'une émission lumineuse provoquée par l'excitation d'électrons d'une molécule - autrement dit une matière fluorescente et répugnante ! C'est ridicule et totalement dégoutant. Toute façon vous perdez votre temps. On sait pas ce que vous et les autres idiots voulez qu'on fasse, mais c'est un refus catégorique. Pas question qu'on s'habille comme un manchot qui se serait trempé dans un pot de peinture verdâtre. Et cessez de nous appeler Mia et Thomas. Nos noms sont Lilly et Stephen ! 

  J'ai dit ça avec calme mais énervement. Je pense que si une personne aurait entendu une gamine de 3 ans parler comme ça, elle tomberait de haut.
L'homme rigole, avec bonne humeur, sans condescendance.
Je me souviens avoir eu envie de jeter quelque chose contre le mur à ce moment là.
L'homme par contre a dû être ravi en voyant mon côté précoce et surdoué, et il dit en consultant son calepin :

  — On m'avait bien dit que toi et ton frère aviez « des côtés enfantins absolument charmants ». J'imagine que vous me le montrerez plus tard. 

  — Dites ? Vous connaissez l'histoire du type en pyjama vert qui croyait savoir tout mais qui au final savait quedal ? répliquai-je avec dédain. Cessez de jouer copain-copine avec nous, on sait très bien que vous êtes un hypocrite.

  — On m'avait aussi dit que tu étais très précoce pour une personne de ton âge, Mia. Plus particulièrement une très grande surdouée, c'est intéressant. 

  — Et qu'est-ce que ça peut vous faire qu'elle soit plus intelligente que vous ? demande Thomas sèchement. Et arrêtez d'appeler Lilly, Mia ! On gardera les noms que nos parents nous ont donné.

  — Vous voulez parler de votre père qui est devenu cinglé ? Qui a failli battre votre mère à mort sous l'emprise de la maladie ? Votre mère qui nous a suppliés de vous emmener ? Et qui devient de plus en plus folle chaque jour ? Ces parents-là ?

Mia chez les fondus ( Tome 2 ) {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant