Étendue sur un lit, Gabi ouvrit les yeux et sut tout de suite qu'elle rêvait. Elle fixa la bibliothèque située au plafond et les fils de toiles d'araignées qui scintillaient à la lueur de la lune éternelle. Elle se redressa sur le vieux lit où elle était. Autour d'elle il n'y avait que des bibliothèques, dans tous les sens, toutes remplies. Des toiles d'araignée brillaient dans chaque recoin. Les arachnides trottaient de partout. De petites araignées en émeraude qui vivaient leur vie, tissaient en silence les toiles et se promenaient le long des étagères.Gabi savait que cette bibliothèque sans dessus dessous était la représentation de son esprit. Là où elle se réveillait la nuit après s'être endormi.
Elle se leva et arpenta les coursives des bibliothèques. Elle jeta un œil par-dessus la rambarde en bois. Encore des étagères de livres à l'infini. Sa tête était à la fois un bazar sans nom et la mémoire vivante de la terre.
— Emerald, t'es où ? appela-t-elle.
— Au dessus, lui répondit une voix gutturale.
Gabi leva la tête et vit une femme étendue dans une sorte de hamac en fils d'araignée. Les arachnides lui servaient le thé. Elle sirotait sa tasse en lisant un livre. Gabi se dirigea vers une coursive à la verticale et posa un pieds dessus. Elle monta le long de cette coursive sans problèmes. Elle savait que la gravité jouait des tours ici. Elle se posta en face du hamac mains sur les hanches. Une paires d'yeux en émeraude se posa sur elle.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Tu peux pas dire « quoi » comme tout le monde ?
— Au grand jamais je ne m'abaisserai à ce genre de vocabulaire, répliqua la femme.
Ses traits étaient sévères, sans doute à cause de son visage ultra fin, de ses pommettes qui ressortaient ou de son profile dessiné au couteau. Sa peau était verdâtre, ses cheveux long et lisses semblaient être en émeraude, comme ses yeux, et des cornes de taureau dépassaient de sa tête. Elle aspira une gorgée de thé et fit mine de continuer sa lecture. Sa robe élégante, noire et avec de la dentelle ajoutait une touche de noblesse à ce personnage énigmatique. Gabi grogna.
— C'est mon hamac...
— Voilà une raison de plus pour me l'approprier.
Elle chassa une araignée qui grimpait sur sa main.
— Au diable ces horreurs ! Pourquoi donc ces choses pullulent ici ? Mon espace mental est une bibliothèque, pas une culture d'araignée !
— C'est aussi mon esprit, donc on doit partager.
— Mais pourquoi ces insectes ?
Gabi laissa une araignée en émeraude lui grimper sur les doigts.
— J'aime bien ces bestioles. Elles construisent leur maison et attendent que la nourriture vienne à elles. Puis on ne dirait pas, mais elles sont patientes et déterminées. À chaque fois que leur toile est détruite, elles la tissent à nouveau, encore et encore. Elles persévèrent.
— Jolie comparaison, mais cela ne change rien au fait qu'elles sont envahissantes. Abrégeons Gabrielle. As-tu une requête à formuler ?
Gabi grinça des dents.
— Première requête : ne m'appelle pas comme ça, je t'ai dit un millier de fois que c'était Gabi.
— En effet. Pourquoi préfères-tu Gabi ?
La jeune fille ferma son visage. Les raisons, elles les connaissaient très bien. Pourquoi elle ne voulait pas se faire appeler par ce nom.
— Je l'aime pas. Ça me rappelle trop le passé. En enterrant ce nom, je l'enterre avec.
![](https://img.wattpad.com/cover/208270509-288-k180908.jpg)
VOUS LISEZ
I) Le miroir des mondes
FantasyDans ce monde, tout le monde possède des pouvoirs. Dans un autre, la mort a disparu. Dans le suivant, le soleil ne brille plus depuis des millénaires. Vivant un quotidien qu'il juge ennuyeux au possible, Ren, un adolescent au caractère exécrable, a...