Chapitre 32: Diamant

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Le poing de Derak explosa contre la porte en métal quand il la cogna et le vampire cria de douleur. Il porta la main à sa bouche et suça ses phalanges endolories et saignantes. Il donna un coup d'épaule rageur puis gratta la porte avec ses ongles en criant d'ouvrir.

Dans son dos, une Gabi amorphe lui demanda d'arrêter. Elle était recroquevillée sur une chaise et entourait ses genoux remontés avec ses bras. Ses yeux étaient tellement cernés qu'on pourrait penser qu'elle n'avait pas dormi d'une semaine. Son teint se rapprochait plus d'un zombie malade que d'une personne en vie.

— On doit sortir d'ici ! protesta Derak. Sinon ils vont...

Sa mâchoire se contracta et ses dents se serrèrent quand sa voix se brisa. Il se laissa glisser le long de la porte et s'assit à terre.. Au fond de la pièce d'isolement, Gabi poussa un soupir de résignation, menton dans les bras. Elle fixait dans le vide.

— Saurac provoque donc des attaques d'Ombre pour se fournir en cobaye... Elle récupère ensuite leur pouvoir pour en faire des stocks et leur âme pour des robots, les tuant au passage, c'est bien ça ?

Derak lui avait raconté plus en détail les quelques paroles criés par Angèle avant qu'on ne les emmène en cellule d'isolement. Des pièces identiques aux chambres dans lesquelles ils vivaient habituellement, mais en moins meublées et plus sécurisées. Des barreaux calfeutraient les minuscules fenêtres et une double porte blindée empêchait de démolir le battant.

— Oui... répondit Derak d'une voix blanche.

— C'est donc le sort qui attend Angèle.

Ça devait faire une heure qu'ils étaient là et enfin Gabi formula explicitement et tout haut la crainte qui leur tordait les boyaux depuis leur arrivée. Aucun d'eux ne voulait y croire, ça leur semblait si irréel qu'ils ne pouvaient pas y croire. Même s'ils savaient ce qui se déroulait en ce moment, il leur était impossible d'accepter la réalité.

— Merde ! cria Derak en donnant un coup à la porte. C'est pas juste !

Il se leva et la tambourina férocement à nouveau, des larmes perlant à ses yeux.

— Laissez-nous sortir ! Ils vont tuer Angèle ! Ils vont... tuer... notre... amie...

Il serra les poings contre le battant froid et une larme roula sur sa joue. Ses mains glissèrent et tombèrent, puis tel un pantin il fit demi-tour et se roula en boule sur un des lits. Ses entrailles étaient tordues par la tristesse et la douleur.

— C'est cher payé pour un nettoyage de grenier, soupira Gabi. Pix ne sera plus jamais comme avant. Angèle va nous quitter...

— De toute façon, on rentrera pas... Ça se voit bien non ? On a aucun moyen de rentrer. On va crever ici Gabi. Un jour, on viendra me chercher pour prendre mon pouvoir, quand Saurac aura fini de faire mumuse avec moi et de m'étudier, puis je resterai sur la table d'opération. Si t'as de la chance, toi aussi tu finiras comme ça...

— Le serpent a d'autres projets pour moi... dit Gabi en frissonnant.

L'idée que Saurac soit au courant pour les Douze la tourmentait, et vu le personnage, elle se demandait ce qu'elle pourra bien faire avec les Gardiens. Récolter leur puissance ? Leur arracher l'œil droit pour en faire une collection de joyau sur une étagère ? Les utiliser pour devenir plus puissante ? Puis qu'entendait-elle par « faire revenir Dieu » ? Qui était Dieu ? Gabi cessa d'imaginer des scénarios.

Dans tous les cas, ils étaient fini. Leur vie si parfaite, si imperturbable, si éternelle avait basculé en un instant, le temps d'une chute. Dire qu'ils se plaignaient des cours, des profs, des horaires, de la cantine et de tout le reste. Désormais c'était fini pour de bon. Leur vie qui étaient sensée se dessiner au fil des opportunités se terminera finalement plus tôt que prévu. Comme des sujets d'expérience dans un monde parallèle.

I) Le miroir des mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant