La magie de la technologie

Pour une confrontation tant redoutée (3)

Un poids d'une masse colossale libéra soudainement ses épaules. Il venait enfin de se débarrasser du fardeau qui pesait sur lui depuis des semaines. Et, même s'il était au bord de la panique, appréhendant la réaction d'Allan, il se sentait à présent beaucoup plus léger.

Un long silence s'abattit sur la pièce. Le visage d'Allan reflétait une totale hébétude. Ses lèvres, légèrement entrouvertes, semblaient vouloir dire quelque chose qui ne voulait pas sortir. Frank était prêt à encaisser son rejet, à prendre sa haine et sa colère en pleine figure, du moment qu'il ne décidait pas de ne plus jamais lui parler. Il lui avait promis qu'il resterait toujours avec lui non ?

« T-tu m'aimes... mais comment ça ? »

Le cerveau d'Allan n'était visiblement pas en capacité de traiter cette information. Il était vrai que ce devait être relativement compliqué à encaisser. Lui-même ne savait pas comment il aurait réagi dans le cas contraire.

« Je t'aime Allan, je suis amoureux de toi, je ressens autre chose pour toi qu'une simple amitié, bien bien bien autre chose. »

Frank pouvait lire dans son regard qu'il était perdu, ne savait pas comment réagir à cette annonce. Dans sa tête, le petit monde d'Allan devait être en train de s'effondrer, exactement tout ce qu'il ne voulait pas.

« Je... ok d'accord. Et euh... ça fait... longtemps ? Tu as toujours été... ou c'est juste...

- Je serais incapable de te dire quand ça a commencé. Je m'en suis seulement rendu compte il y a quelques semaines. Je suis vraiment désolé Allan...

- T'excuse pas Frank. C'est pas ta faute. Ce... ce sont des choses... qui arrivent et on n'y peut pas grand chose...

- Mais j'aurais voulu que ça n'arrive jamais. »

Frank pu très clairement lire dans le regard d'Allan que lui aussi, mais il ne dit rien. Il voyait bien que le brun accusait le coup comme il pouvait et essayait de ne pas trop montrer son désarrois devant Frank. Chose dont il lui était extrêmement reconnaissant.

Il avait beaucoup mieux réagi que tout ce qu'il avait pu imaginer. Ou alors c'était simplement parce qu'il était sous le choc de la nouvelle. Frank espérait simplement que lorsqu'il se réveillerait le lendemain, Allan n'ait pas prit ses affaires et ne soit pas parti chez son père en le laissant seul dans leur appartement.

« Tu dois avoir besoin d'un peu de temps pour digérer l'information j'imagine. Donc je vais te laisser pour que tu puisses réfléchir à tout ça. Je n'attends absolument aucune réponse de ta part, je te demande rien du tout. Et si jamais tu ne veux plus me parler ou plus me voir... je comprendrais... »

Allan était redevenu silencieux. A présent ils avaient échangés leurs rôles, et c'était Frank qui aurait aimé savoir ce qui se passait dans la tête de son meilleur ami - mais pouvait-il encore le considérer comme tel, surtout maintenant qu'il était au courant de tout - mais il ne lui posa aucune question et se contenta de se lever pour se diriger vers la cuisine.

Même s'il ne voulait pas manger avec lui, il fallait bien que l'un et l'autre se nourrisse. Au pire, si Allan ne supportait pas de rester dans la même pièce que Frank, il pourrait toujours laisser une assiette pour Allan et manger directement dans sa chambre.

Il commença à s'affairer dans la cuisine, prépara une pâte à pizza qu'il laissa reposer sous un torchon avant de se lancer dans la concoction d'une sauce tomate maison. Allan adorait les pizzas, c'était donc le moins qu'il puisse faire pour essayer de se faire pardonner.

Il devait avouer qu'il ne savait pas quoi penser de la réaction d'Allan. D'un côté il était rassuré qu'il n'ait pas explosé de colère et qu'il ne lui ai pas balancé milles horreurs à la figure. Mais de l'autre, il appréhendait une possible réaction à retardement.

Mais maintenant que la bombe était lâchée, il ne pouvait plus revenir en arrière. Et quoi que décide de faire Allan, il allait devoir l'accepter et apprendre à vivre avec - ou sans s'il décidait, après une nuit de réflexion, de disparaître de sa vie.

La sauce tomate était fin prête. Ne restait plus qu'à placer la pâte à pizza sur une plaque de cuisson et d'y verser la sauce tomate avant d'enfourner le tout. D'un coup de baguette, la plaque du four vint se poser sur le plan de travail et la pâte s'y étala d'elle-même.

Même si habituellement il préférait préparer ses plats version moldu, il devait avouer que c'était parfois bien pratique de pouvoir s'appuyer sur la magie pour les tâches ingrates ou pour simplement gagner du temps. Après avoir recouvert le tout d'une bonne couche de fromage râpé, il lança la cuisson de la pizza et commença à mettre de l'ordre dans la cuisine.

« Hum... »

Frank manqua de faire tomber ce qu'il tenait dans les mains et se retourna brusquement. Allan se tenait dans l'encadrement de la porte, le regard fuyant, comme s'il n'osait pas croiser le regard de Frank trop longtemps. Ce qui, à la réflexion, devait être très exactement le cas.

« Allan ? Tout va bien ? »

Il en avait encore beaucoup des questions stupides ? Bien évidemment que non ça n'allait pas. ça n'allait pour personne. Cette situation ne pouvait être une source de joie pour quiconque, excepté les gens dérangés.

« Ecoute Frank je... »

Frank retint son souffle. Allan s'apprêtait certainement à lui annoncer la chose qu'il redoutait le plus au monde, à savoir qu'il ne pouvait pas continuer à vivre avec lui en sachant qu'il avait des sentiments pour lui. Une boule se forma dans sa gorge.

« Je sais pas trop comment te dire ça... c'est...

- C'est bon Allan, te bile pas, j'ai compris. »