Depuis le temps, Frank avait appris à passer outre les critiques, les insultes, les diffamations. Mais Allan non. Il n'avait jamais réussi. Est-ce que dans la situation inverse, Frank aurait réagi de la même façon ? Possible.
Rien que d'imaginer quelqu'un parler en mal d'Allan provoqua une colère sourde dans le creux de son ventre. Juste à côté des papillons qui menaçaient de s'envoler si Allan souriaient un peu trop ou s'approchait trop près.
Il fallait croire que les mauvaises langues dirigées contre quelqu'un d'autre, étaient plus difficiles à accepter que lorsqu'elles étaient nous étaient directement adressées. Frank comprenait le ressenti d'Allan - encore que sa propre réaction était certainement biaisé par ses sentiments pour son meilleur ami.
Il n'empêche qu'il ne voulait pas qu'Allan s'attire d'ennuis à cause de ça. Ce n'était pas la fin du monde. Larson et ses insultes n'étaient ni les premiers, ni - malheureusement - les derniers. Il ne pouvait refaire le portrait de tous ceux qui se mettaient à le traiter de tapette.
Enfin si, connaissant Allan, il pourrait parfaitement le faire, mais Frank ne voulait pas qu'il perde son temps avec des idiots aux mentalités moyenâgeuses. Ils avaient bien d'autres choses à faire, beaucoup plus intéressantes.
Même s'il devait bien avouer, au fond, tout au fond de lui, qu'il avait toujours aimé voir Allan prendre sa défense, et plus encore aujourd'hui. Sa réaction lui donnait l'impression qu'il pouvait espérer autre chose de la part d'Allan qu'une simple amitié.
Même s'il savait qu'il se berçait d'illusion, il ne pouvait s'empêcher d'y croire, pour ne pas sombrer dans un trop profond désespoir, ne pas sentir son coeur se briser en mille morceaux et se laisser mourir à petit feu.
« Le seul problème que ça peut causer c'est que certains se rendent compte de leur stupidité et finissent par revoir leur position, c'est tout. Tu sais parfaitement que les gens sont lâches. Quand ils se retrouvent face à plus fort qu'eux ils finissent par la fermer et ne plus rien dire
- Oui devant nous mais après, par derrière, c'est exactement le même discours.
- Peut-être pas. Peut-être que certains finissent vraiment par changer ».
Frank sourit doucement et se perdit dans le regard du brun. Croire que tout le monde pouvait changer, que le bien pouvait se trouver en chacun de nous, il avait perdu cette illusion depuis bien longtemps. Mais Allan non visiblement. Le visage de son meilleur ami se fendit soudain d'un sourire railleur. A quoi avait-il donc pensé cette fois ?
« Par derrière ? ».
Frank ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Non mais vraiment... il était impossible. Comment pouvait-il passer du statut du preux chevalier sauvant la veuve et l'orphelin à celui de beauf des campagne en moins d'une minute ? Cela pouvait-il s'apparenter à une sorte de don ?
« Allan... tu me fatigues tu le sais ça, faut mûrir un peu dans la vie. Les blagues d'ados de 16 ans ça passait encore y'a quelques années mais plus maintenant... »
Pourtant, malgré lui, un sourire s'étira sur ses lèvres avant qu'ils ne se mettent à rire tous les deux. Non vraiment, c'était désespérant. Pourquoi riait-il à cette blague plus que prévisible et absolument pas drôle ? Probablement parce qu'il était un peu beauf sur les bords lui aussi...
« T'es pas possible Allan tu le sais ça ?
- Oui mais tant que ça te fait rire, je continue. Je préfère te voire rire plutôt que tirer cette tronche que tu fais depuis plusieurs jours... ».
L'ambiance changea brusquement dans la pièce. Frank se redressa, soudain tendu. Alors il avait remarqué ? Lui qui pensait qu'il ne prêtait attention à rien, il s'était mit la baguette dans l'oeil. Allan était plus observateur qu'il n'en avait l'air.
« Tu sais que si quelque chose ne va pas tu peux m'en parler ? Je suis là Frank ».
A cet instant, Frank hésitait grandement à tout lui dire. Mais que se passerait-il lorsqu'il apprendrait que le regard qu'il portait sur lui n'était plus le même qu'avant ? Que se passerait-il quand il se rendrait compte que leurs mots n'avaient plus la même signification pour l'un et l'autre ? Que se passerait-il quand Allan partirait et l'abandonnerait à jamais... ?
« Frank, je suis ton meilleur ami, tu sais que tu peux tout me dire ».
Encore ces mots. Ces mots qu'il commençait à haïr, tout autant que ces sentiments qui étaient en train de tout gâcher entre eux. Ces mots qui le ramenèrent une fois de plus sur terre et qui lui rappelèrent pourquoi il ne pouvait pas tout dire à Allan.
« Oui je sais Allan. Merci. Mais ça va ne t'inquiète pas, ça va passer c'est vraiment rien ».
Pas vraiment convaincu, Allan se contenta de hocher la tête. Frank n'était pas vraiment le genre de personne à parler de ses petits problèmes à tout va. Il gardait souvent ce qu'il ressentait pour lui et n'en parlait que lorsqu'il allait vraiment mal. Depuis le temps, Allan avait l'habitude.
« Ok. Mais si t'as besoin tu sais où me trouver ».
Il lui sourit - le coeur de Frank s'arrêta une demi seconde - avant de se lever et de se diriger vers la salle de bain. Une fois la porte fermée, Frank pu évacuer la tension qui comprimait ses poumons depuis la question d'Allan. Il souffla doucement, les yeux fermés, avant de se lever à son tour et de se rendre dans la cuisine.
Autant s'occuper les mains et l'esprit pour ne plus repenser à tout ça. Et dire qu'il avait failli tout lui dire... qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? Pas grand chose semblait-il.
Allan était capable d'entendre et de comprendre beaucoup de choses. Il était quelqu'un d'ouvert d'esprit, mais cette information-là, il n'était vraiment pas sûr qu'il puisse ne serait-ce que l'envisager. Et il ne pouvait - voulait - prendre le risque.
Une vingtaine de minutes plus tard, ils étaient tous les deux assis autour de la table, prêt à manger le repas préparé par Frank. Une agréable odeur de pâtes, de sauce carbonara et de parmesan leur chatouillait les narines.
« Bon appétit ! Merci pour le repas Kinours !
- Allan vraiment, arrête avec ce surnom...
- Pourquoi ? Il est super ce surnom.
- Tu sais très bien pourquoi, et non il est pas super. Et je t'en supplie ne t'avise pas de m'appeler comme ça à l'hôpital ».
Un sourire malicieux se dessina sur le visage d'Allan tandis que celui de Frank devait presque une expression sévère, celle qui signifiait qu'il n'avait pas intérêt à s'y risquer ou il allait le regretter.
VOUS LISEZ
La magie de la technologie
Fanfic✉ Nouveau message de Allan : Fraaaaaaaank !!! 😁😃😄😛😜😋😎😇 SMS 16:50 Finalement, ce n'était peut-être pas une si bonne idée de cadeau... Faire découvrir la technologie moldu à son meilleur ami, il aurait peut-être dû éviter. ___________________...