Italie (1)

466 33 8
                                    

Cette scène a un goût de déjà-vu à ses yeux. Enfin, Daniel trouve que c'est d'une très mauvaise ironie, il n'a pas la tête à ça. Il se souvient du regard brisé de son mari, ça le hante et le culpabilise. Il ne peut pas être aussi cruel plus longtemps.

— Charles ...

— Je ne peux pas croire que tu fasses ça ! Toutes ces années ensemble ne voulaient-elles rien dire à tes yeux ? Tu envoies tout en l'air pour un caprice !

— Ces années ?

— Ne fais pas l'innocent ! Tu n'as eu aucun scrupule à te réfugier dans mes bras, à venir me voir quand la pression était trop forte, toutes ces nuits passées dans mon lit et pas dans le sien ...

Les yeux de Charles le brûlent littéralement, furieux, désemparé, probablement désespéré aussi, il s'en doute.

— Je suis pourtant sûr qu'il aurait été ravi que tu te confies à lui mais tu m'as choisi moi ! Tu es venu te perdre avec moi ! Vas-tu vraiment réussir à mettre tout ça derrière toi ? À rester avec lui ?!

Le dégoût est tellement palpable dans la voix du monégasque à l'évocation de Max mais Daniel l'a toujours su, remarqué. Au-delà de tous les sentiments qu'ils ont pu partagé, il y a toujours eu cette rivalité entre les deux plus jeunes.

— Tu m'aimes !

— Et je suis marié, Charles.

Il prend une grande respiration, décidant de ne pas regarder en arrière. Du tout. Cela a déjà trop duré et il a eu du mal à résister à son amant quand il est dans cet état-là.

— Peu importe mes sentiments outre, je suis marié.

— Mais-

— Je dois la fidélité à Max parce que c'est mon devoir et parce que je le veux. Il était là avant toi et je l'aime. Je l'aime au point où je ne veux pas le perdre et si pour ça je dois sacrifier notre relation alors je le ferais.

Charles écarquille ses yeux qui se remplissent de larmes et il se fait violence pour ne pas le prendre dans ses bras. Il pense ... il pense à comment il l'a découvert sur le canapé, yeux bouffis, Pierre lui a raconté comment il avait pleuré une heure entière jusqu'à ce que ses larmes se tarissent et que ses cris silencieux lui brisent la voix. Comment il avait serré fort les poings jusqu'à ce que ses ongles déchirent ses paumes de main et y fassent couler du sang. Il lui a tout raconté. Il pense à son regard déterminé, froid, plein de douleur. Un océan dans lequel il se laissait couler. Il y pense et son courage s'anime.

— C'est fini.

— Je ne crois pas.

— Veux-tu bien arrêter de me contredire ? Ça ne change rien à l'issue. Tu crois m'aimer mais ce n'est pas le cas, tu fais du mal à tes proches.

— Mes proches ? Je ne vois pas de quoi tu-

— Pierre.

Un mot magique et son partenaire se tait. Cela lui tire presque un sourire de satisfaction et il regarde soigneusement le visage du prince s'adoucir.

— C'est pour le mieux. Pour nous deux.

Il n'attend pas un instant de plus et il sort de la pièce. Il cherche Max, dans les couloirs. Les servants finissent par leur indiquer la chambre royale vers laquelle il se rend rapidement. Il tiendra ses promesses à partir de maintenant, il sera sincère parce que son compagnon le mérite. Parce qu'il lui a déjà fait assez de mal.

Il se souvient ... il se souvient d'avoir entendu parler de Max avant même de l'avoir réellement vu. Lors d'un tournoi en Europe, il s'était invité parmi les foules. Il a regardé le dernier duel se jouant, la finale.

Dead HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant