France (2)

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Il descend du cheval et se faufile à travers la foule, traçant son propre chemin jusqu'au palais. Cela le fait réfléchir petit à petit. Sa destinée ... tout ce qu'il a fait à présent.

Il a dit vouloir mener ses propres combats, pas ceux des autres, mais ce qu'il fait à l'instant, n'est-ce pas mener le combat d'un autre ? Son poste de prince régent, la situation compliquée de son pays ...

Il n'oublie jamais ce qu'il doit. Ses dettes. Il pourrait probablement tout arrêter s'il en avait l'envie, s'il le décidait. Il sait que Romain le laisserait choisir, s'en aller, peu importe ce qu'il lui arriverait à lui, le Roi français. Il ne peut pas laisser ça arriver.

Il descend un peu plus tard, vêtu d'habits plus légers, à la recherche de Charles pour s'expliquer sur son comportement plus tôt. Il n'a pas envie qu'ils restent en froid. Il ne se sent pas de laisser la situation ainsi.

Il ne trouve personne. Aucun dirigeant. Ils semblent s'être tous évanouis et il soupire profondément, ne sachant pas quoi faire, jusqu'à ce que ses pas le mènent à l'un des salons royaux. Où il découvre Max.

— Tu n'es pas avec Charles ?

Le néerlandais finit son bandage, avant de relever le regard. Il remarque à cet instant que c'est une vraie question.

— Non. Et toi, je te croyais avec Daniel ?

Le Roi écarquille les yeux avant de les fermer brutalement, ses mains tremblantes, le souffle court. Il ... souffre. C'est sûrement ça. Lui-même n'a pas même remarqué que sa propre blessure s'est rouverte une fois de plus et que le sang tâche déjà probablement le tapis.

Il s'assoie aux côtes de son ami, souhaitant pouvoir panser son cœur de la même manière qu'il l'a fait avec les coupes obtenues au combat, avant de le prendre dans ses bras. Ils ne s'autorisent pas beaucoup de contact mais il sait qu'ils en ont besoin. Tous les deux.

— Max ? Mon cher ami, regarde-moi s'il te plaît. N'y pense pas. Tout va bien là maintenant et c'est le plus important. Plus que tout au monde. On a gagné. On a pas perdu la main en combat et je pense que c'est une chose positive quand même.

La langue française s'est incrustée naturellement au milieu de sa phrase. Pierre peut voir un petit sourire se dresser sur les lèvres de son interlocuteur. Il fait de son mieux.

— Merde. On est si foutus tous les deux. Ça fait mal. Je connais tes enjeux, je peux même pas t'aider, je me déteste tu sais. Je t'aime aussi, on ne le dit pas mais quand même. Tu peux pleurer, je ne dirais rien ...

Max se met réellement à verser des larmes et il le serre un peu plus fort contre lui. Les mots lui manquent, trop. Il ne vérifie pas le temps qui s'écoule mais bientôt le néerlandais s'est endormi contre lui et il doit aller demander aux servants d'apporter une couverture pour le couvrir avant de s'éclipser. Épuisé.

Les jardins sont différents ici. Peut-être un peu moins fleuris. Une jolie fontaine lui saute aux yeux et il s'en approche assez rapidement. Il s'assoie sur le rebord, passant ses doigts à travers l'eau claire.

— Pierre.

— Charles. Alors cette entrevue avec Daniel s'est bien passée ? Ou ... devrais-je dire est-ce qu'on vous avez eu du bon temps tous les deux ? Je suis sûr que oui.

— Est-ce que tu es jaloux ?

La lueur moqueuse dans les prunelles de son camarade enflamme quelque chose en lui. Il serre soudainement le poing, répandant quelques gouttes d'eau autour de lui. Les mots qui lui ont manqué pour Max semblent revenir à cet instant précis.

Dead HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant