Pays-Bas (2)

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Le silence garde le reste du voyage.

Qui dure une semaine.

Max a le temps de penser à tout. Toute sa vie. Ses yeux se perdent dans les paysages qui défilent. Jusqu'à reconnaître sa maison. Chez lui. L'entrée dans son palais, dans lequel il n'a pas mis les pieds depuis trop longtemps.

— Oh, Prince, quel bonheur de vous revoir ! Venez vite, votre père vous attend.

L'une des servantes le mène. Pierre est sur ses talons, garde un certain recul.

Sur le seuil de la porte, il prend une grande respiration. Ses jambes deviennent molles. Il s'effondre presque sur la chaise prêt du lit.

L'état de son géniteur est pire qu'avant, pale, respiration hachée, difficile, comme si chaque seconde à vivre supplémentaire lui coûtait.

— M-Max ...

Il prend sa main tremblante dans la sienne, la réalisation le frappant soudainement.

Sa dernière famille proche. Après l'accident du carrosse de sa mère et de sa sœur qui avait entraîné leurs morts à toutes les deux.

— Je voulais ... te dire. Je t'ai traité durement parce que ... parce que ...

Le Roi s'interrompt pour tousser violemment.

— Je voulais t'endurcir ... je voulais te faire méfiant ... que tu puisses toujours être protégé ... des complots. Ta mère m'a ... ne voulait pas. Je ne voulais pas ... que tu montes sur le trône.

Se sentir enfant de nouveau. Un sentiment qui lui a beaucoup manqué. Il sent des sanglots lui bloquer la gorge au moment où il aurait vraiment besoin de sa voix.

— Je savais ce que tu devrais faire ... si tu y montais ... alors je ne voulais pas ... te l'infliger. Je suis désolé ... ça n'excuse rien mais ... tu es tout ce qu'il me reste.

— Chut. Ne parle pas plus. Tu dois ... tu dois ...

Il étouffe dans cette salle. Des souvenirs le frappent avec dureté. Son enfance semble défiler sous ses yeux.

— Je suis désolé ... de te laisser seul. Je t'aime.

Une larme solitaire roule sur la joue de son père. Son regard se fige, vitreux. Sa respiration s'arrête.

C'est comme si ... comme s'il s'était battu contre la mort, n'attendant que de le revoir pour se laisser aller.

— Tu as toujours eu le don pour le drama. Bon sang. Merde!

Il ferme les yeux du défunt. Se relève difficilement. Il sort de la pièce.

S'isole dans le salon pour calmer sa respiration. Qu'est-ce qu'il doit faire maintenant ? Qu'est-ce qu'il doit faire ?

Le temps passe. Il ne sait pas combien il s'écoule. Quand il revient à lui, le vide dans son poitrine ne s'est pas comblé. Il se sent affreusement seul. Cette déclaration d'amour soufflée du bout des lèvres, au bout d'un souffle. La dernière. La seule.

— Max.

George. Il relève les yeux. Ça lui fait mal de vouloir haïr quelqu'un qu'il a aimé, connu.

— Oui ?

— Le conseil de guerre se réunit. Tu dois être présent évidemment.

— Ok, je ... très bien.

Il se relève, respire un grand coup. Ne se sent pas d'admettre la responsabilité qui vient de lui être donnée, n'est pas lucide. La couronne pèse déjà trop lourd. Il ne réalise pas encore, se sent toujours prince. Enfant. Les regards se tournent vers lui à peine il entre dans la pièce. Il reconnaît les généraux, les alliés. Que de personnes qu'il n'a jamais eu à côtoyer.

Dead HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant