Pierre dort dans ses bras, tranquillement, semblant presque apaisé, tandis que lui ne peut pas même fermer l'œil. Trop de pensées circulent dans sa tête. Son bien-aimé plus proche de lui qu'il ne l'a jamais été et il sait qu'il n'a pas le droit de profiter d'une telle situation.
Pour tous les péchés qu'il a commis. Pour tout le mal qu'il lui a fait. Charles ne peut pas dormir mais c'est peut-être mieux ainsi. Des démons le taraudent et le cherchent dans l'obscurité de ses nuits où il reste bien trop isolé.
Il se lève, récupérant une couverture pour couvrir sa forme nue, ainsi que du papier et une plume posée sur sa commode. Il sort sur sa petite terrasse, préférant la lumière de la lune, au confort étouffant de sa propre chambre.
De la paperasse, quelques trucs à régler, et son français s'en retournera en son pays et le laissera ici seul, comme toujours. Il ne lui en veut pas, comment pourrait-il ? Il n'attend pas non plus qu'on le comprenne, sait que ce serait difficile.
Il doit déjà faire le tri dans sa propre tête. Il doit déjà envisager d'en parler à son amour, parce qu'il sait qu'il ne le supportera pas. Il doit accepter de se plonger dans ces souvenirs une fois de plus.
Il jette un bref regard à l'intérieur pour y voir l'enveloppe à peine ouverte sur la table. Un remariage. Bonne initiative. Il n'en veut pas à Daniel d'enfin vouloir être heureux, il n'est pas aussi injuste. Il lui souhaite tout le bonheur du monde, à partir de maintenant.
Il est juste si fatigué. L'impression que sa fin heureuse est loin, très loin de lui. Pierre ne lui pardonnera pas facilement, il va devoir ramer mais a l'impression d'être perdu en pleine mer. Sa confiance est une façade.
Il fixe le papier, encore vide de mots et s'attriste de ne pas aussi bien les maîtriser que celui qui dort dans son lit. C'est poignant. Ce poème. Pour lui. Il y a bien des façons d'exprimer la souffrance.
Mais il devra passer par l'écriture parce qu'il sait qu'il n'arrivera jamais à en parler à voix haute. Il a trop voulu oublier pour pouvoir l'exprimer. Des cicatrices disparues mais il a l'impression que son corps les portera pour toujours.
S'écrire de ne pas oublier sur son bras, s'écrire de se rappeler des épreuves endurées et de vivre au jour le jour, au mieux. N'avoir rien à perdre si ce n'est soi-même. Se battre pour un peuple qui devrait être sien.
Tout a commencé quand son père est mort. Son vrai père. Celui qui lui souriait, qui le prenait dans ses bras et lui racontait des histoires avant qu'il ne s'endorme. Celui qui embrassait sa mère tendrement, qui veillait sur le royaume avec bonté et qui savait rester digne et sage.
Les guerres peuvent changer un homme. Les guerres peuvent détruire quelqu'un de l'intérieur et c'est triste, si triste quand on se rend compte qu'il ne reste d'une personne qu'on a aimé que son corps et son souvenir.
A neuf ans, il a rencontré Pierre pour la première fois. Le français a paru comme un rayon de soleil sur sa vie qui était devenue affreusement rigoureuse et il a veillé à profiter de chacune de leurs rencontres au maximum.
Ses frères ont été envoyés vivre à part quand il a eu douze ans, dans un petit domaine à la frontière de leur état. Pour y être élevés correctement.
Charles a poursuivi ses études, a fait ce que son père lui a dit. Chacune des petites actions. D'un cours d'histoire à mener des batailles. Ridicule. C'était un enfant avec une épée à la main. Il était à l'avant du danger et n'a pas eu le temps d'avoir peur.
Il devait se battre, il devait survivre. Il devait faire quelque chose pour rester dans les bonnes grâces de son père et par dessus tout, il devait être en mesure de reprendre le trône.
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Dead Hearts
FanficÀ la cour du Roi d'Italie, beaucoup de rumeurs circulent. Il est notamment dit que ce dernier trompe son mari, le Prince des Pays-Bas, avec le Prince de Monaco. Mais pour Max, dont le couronnement approche, le destin prend une toute autre tournure q...