Royaume-Uni (1)

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— Sortez.

Sa voix résonne dans la salle et ses servants s'exécutent. Laissé seul, il laisse échapper un soupir profond. Le plan entre ses mains ne lui semble pas du tout satisfaisant mais il sait qu'il ne peut rien faire de mieux.

Il bloque dessus depuis des semaines.

L'annonce du roi espagnol n'arrange pas du tout ses affaires. Lewis essaye de ne pas penser à quel point tout pourrait être chamboulé parce que le pessimisme ne lui va vraiment pas au teint et relit une dernier fois les termes qu'il propose.

Voilà cinquante ans que sa dynastie s'est imposée sur celle des Norris au pouvoir; les deux familles ayant longtemps concurrencé l'une et l'autre. Et tout peut soudainement s'effondrer comme un château de cartes.

Il refuse que ça arrive mais ne veut pas non plus accabler son frère, ce serait malvenu de sa part. Il est juste franchement bloqué. Il n'irait pas jusqu'au désespoir, ce ne serait pas le bon terme, mais irrémédiablement coincé.

Il n'a pas fait beaucoup de promesses mais il dirige ce royaume depuis qu'il a vingt ans. Il a vu passer la guerre de l'Europe sous ses yeux et a été l'un de ceux qui se sont très vite imposés pour une Alliance.

Un long règne. Un bon règne. Il a fait le meilleur pour son peuple et ce dernier le lui est plus que reconnaissant, conciliant. Il ne peut pas laisser le plus jeune roi lui mettre des battons dans les roues.

Un mariage avec la fille aînée des Norris, quelle idée.

Il a pourtant été sûr que tout tournerait en sa faveur quand il a vu Lando s'amouracher de Carlos. Son comparse était un vrai soleil à lui tout seul, il avait été quasiment sûr qu'il ferait tomber son béguin amoureux de lui. Et ce n'était franchement pas plus mal, une histoire d'amour heureuse et lui qui pouvait réaffirmer son accès au trône.

Ce mariage élève la princesse à un rang plus élevé, à un statut plus élevé, et il n'a toujours pas d'héritier.

Les papiers en main pourrait lui permettre un retournement de situation mais il n'en est même pas sûr. Il n'a jamais apprécié les mariages politiques, surtout après tout ce qui s'est passé entre eux mais ...

Il se redresse, signe d'un geste hâtif les documents, parce qu'il ne peut pas s'y attarder plus longtemps, avant de se lever, et de sortir de la pièce.

— Annulez mon emploi du temps de la semaine. Je vais directement en Allemagne, remettre ces documents en main propre.

Son conseiller bafouille, surpris, il le fait taire d'un regard. Continue d'avancer rapidement, avant de s'arrêter et de se tourner.

— Et ... sortez le Perce-Neige du coffre royal. Glissez-le dans la chambre de Lando en cadeau.

— L-Le ... Le Perce-Neige ? Vous êtes sûr votre majesté ?

Il ferme les yeux en un soupir. Il imagine trop bien les yeux de chien battu, la mine décomposée du plus jeune à la nouvelle, avant qu'il ne se recompose une façade neutre, tristement lisse, comme il devait avoir appris à le faire depuis sa tendre enfance.

— Plus que sûr.

Ce n'est qu'une petite consolation, il sait que Lando mérite plus que ça, il sait à quel point une telle déception amoureuse peut être difficile, surtout à cet âge. Surtout le premier que l'on croit être le grand amour.

Ses valises sont apprêtés et il est déjà parti. C'est dommage qu'il ne puisse pas voir le jeune Norris en face.

Il prie Sebastian pour lui pardonner de revenir l'importuner, encore une fois. En vérité, il ne sait absolument pas ce que leur entrevue va donner et ça peut être un échec total. Il n'est pas préparé à le revoir, il a le cœur serré en y pensant. Leurs rencontres ont été plus qu'éclair ces derniers temps.

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