Royaume-Uni (3)

311 23 45
                                    

Il s'éclipse, totalement sonné. Il se sent au plus mal mais il fait ce qu'il a annoncé et se retire immédiatement. Son carrosse est attelé et il se sent désarmé, c'est un sentiment nouveau. Il est venu pour chercher quelque chose et repart avant de l'avoir obtenue.

Vous ne restez pas, monsieur Lewis ?

Une petite voix en allemand l'interrompt. C'est Emilie qui le regarde avec de grands yeux, malicieuse pour son âge.

Son interprète s'avance mais il l'arrête d'un geste. C'est bon, il a eu l'occasion d'apprendre cette langue.

Non, j'ai quelque chose à régler d'un peu urgent. Tu peux donner ça à ton père ?

Elle semble surprise un instant en récupérant la lettre mais hoche la tête.

Vous parlez très bien allemand !

J'avais quelqu'un à impressionner.

Ce doit être une personne chanceuse si vous faites autant d'effort pour elle !

Il n'ose pas gâcher l'enthousiasme de la petite en lui disant que ça n'a servi à rien puisqu'il a parlé exclusivement en anglais avec Sebastian. Il lui caresse la joue avec douceur avant de se relever quand son cocher lui lance un regard interrogateur. Le chemin est long, semble-t-il lui dire et il n'a pas tort.

Il est temps de rentrer chez lui.

D'une certaine façon, il mène un grand combat politique contre une famille qui est opposée à la sienne depuis bien longtemps. Il pense qu'il n'aurait presque pas eu de mal à céder son trône à Lando.

Le jeune est différent du reste de sa famille, à bien des égards, il doit être le seul à avoir noué des liens avec lui. Peut-être sa sœur est-elle aussi sympathique mais elle ne lui a jamais parlé réellement. C'est loin de toutes ces conversations pas toujours très censées qu'il a eues avec son cadet britannique, répondant à chacune de ses interrogations de la meilleure façon possible.

Son château en vue, après un trajet épuisant, il laisser échapper un soupir, sachant très bien qu'il va avoir des comptes à rendre à certains. Ça l'épuise d'avance. Il aimerait pouvoir faire ce qu'il veut sans être critiqué ou questionné à chaque pas.

— Pouvez-vous me dire où se situe le prince Norris, s'il vous plaît ?

Il demande à deux de ses conseillers qui viennent de passer et de le saluer courtoisement. Ils s'arrêtent dès qu'ils entendent son interpellation.

— Il me semble ... il me semble qu'il n'a pas beaucoup quitté sa chambre ?

— Sa chambre du palais Ouest ?

Le palais Ouest, ou le palais ancestral des Norris. Si on donnait un nom au château dans lequel ils étaient actuellement, il suppose qu'ils l'appelleraient le palais Est mais comme c'est la demeure actuelle du Roi, c'est juste le Palais Royal.

— Non. Sa chambre, celle que vous lui avez offerte. Ici.

— Oh, je vois. Très bien.

— Votre Altesse ! S'il vous plaît, avez-vous réussi à vous accorder sur ce dont nous parlions avant votre départ ?

— Je ... je ne sais pas encore. Je rendrais ma réponse. Plus tard.

Lewis ne peut pas décemment dire qu'il vient de fuir le royaume allemand, juste après avoir pourtant obtenu ce qu'il voulait. Il garde ça pour lui et se rend plutôt dans la pièce qui lui a été indiquée. Il frappe à la porte.

— Petit ? C'est Lewis.

A peine il s'annonce que la porte lui est ouverte. La salle est un peu sans dessus dessous avec des couvertures et des oreillers sur le sol, un lit défait, une table sur laquelle sont empilées quelques pâtisseries, le tout entourés de feuilles, plein de feuilles qu'il peut voir être colorées par l'écriture de son hôte.

Dead HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant