Royaume-Uni (2)

293 20 14
                                        

Ils sont là, en tête à tête. A se regarder, yeux dans les yeux. Il se perd dans les iris couleur azur qui lui font face. Le temps semble s'être figé, quelques instants. A peine une seconde, peut-être.

— Je te reproche de ne jamais avoir rien dit, de ne jamais avoir rien fait. Je te reproche de ne pas m'avoir couru après, de m'avoir laissé m'en aller. C'est ça qui m'a fait mal, Liebe.

Une tristesse infinie le parcoure.

— Mais tu ne m'as rien laissé à quoi m'accrocher. J'ai cru ... j'ai sincèrement cru que tu étais passé outre notre relation. Que j'étais le seul à être bloqué ici, sur un bateau qui était en train de couler.

Il y a un silence, un peu long. Un silence où ils ne font rien d'autre que de se fixer. Le même sentiment, la même impression. Ils n'ont jamais changé.

— Tu as été mon premier vrai amour, le plus dévastateur. Mais je n'arriverais jamais à passer outre notre relation.

Un murmure, à peine quelques mots qui balancent tout. Une vérité tue peut-être trop longtemps.

La scolécite, pour dissiper la tristesse, l'anxiété et apaiser.

La sélénite, pour le soin, la paix intérieure, l'intuition, le jugement.

La main de Sebastian glisse sur sa joue avec douceur, il s'avance un petit peu, avec timidité. Leurs lèvres se rencontrent au détour du chemin. Le baiser prend de la profondeur, ça fait si longtemps.

Une jambe se glisse entre les siennes et il gémit, resserre son emprise autour du cou de son compagnon.

— Bon sang, Lewis ... tu m'as tellement manqué.

Ils sont essoufflés. Respirant à peine contre le cou l'un de l'autre. Sa respiration s'emballe, il sent les larmes lui mouiller les yeux. Il ne devrait pas pleurer. Il ne devrait pas pleurer en sentant ce parfum, en ressentant ces sensations ... ça lui fait tellement de mal. Est-ce qu'il peut retrouver tout ce qu'il a un jour perdu ?

— Toi aussi. Toi aussi ... je t'aime. Ne va plus voir ailleurs, ne te marie plus avec quelqu'un d'autre.

— Je ne compte pas le faire, je voulais juste savoir si c'était sincère. Ou purement politique.

— Ce n'est jamais que politique avec toi.

L'allemand rit. Ce son le fait frissonner. Il ne veut juste pas mettre fin à cette étreinte, à ce moment. La sensation que tout va trop vite et que rien n'est jamais assuré.

— Mon dieu, si j'avais su que le fait que Carlos puisse se marier te ferait bouger, je l'aurais peut-être fait bouger plus vite.

— Arrête, ça n'arrange définitivement pas mes affaires. Pas que les miennes d'ailleurs.

— Lando, pauvre chou. Ce genre de situation est ce que tout le monde aimerait éviter. Croiser l'homme qui t'a brisé le cœur tous les jours ...

— Tu parles d'expérience ?

Sebastian se recule et il étouffe un grognement de protestation. Il entend alors la porte claquer dans le fond, signe que les gardes sont revenus.

— Mais de la part du roi du Royaume-Uni, je m'attendais à mieux comme proposition de mariage. Retente ta chance, vois si ça me donne envie de te dire oui ?

Il est étouffé devant tant de culot et en même temps ça l'amuse énormément. Il n'est pas contre devoir lui faire la cour.

D'ailleurs il lui coure après toute la semaine. Assez drôle mais il fait en sorte d'avoir son attention et c'est à la fois énormément d'effort et en même temps très peu. Parce que, bien que son ancien amant essaye d'être insensible, cela fait trop longtemps qu'ils ne se sont pas prêtés à ce jeu.

Dead HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant