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Cette nuit là, a été la plus belle de ma vie.
Marie m'a fait vivre des moments de pur plaisir, des instants d'une intensité folle.
Grâce à elle, ce soir là, j'ai réussi à dépasser des peurs ancrées en moi depuis 20 ans.
Et au petit matin, j'étais devenue surpuissante. J'avais la sensation d'être invincible.

Invincible.... C'était sans compter sur la maladie.

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Assise sur mon lit d'hôpital, j'observe le ballet incessant des voitures en contrebas. L'avantage de l'hôpital Rangueil, c'est qu'il est situé sur une colline, ce qui offre un sacré panorama de Toulouse.
Cela fait dix jours que je suis hospitalisée, mon état s'étant considérablement dégradé.
Le temps est long.... Et ma peur de la solitude est devenue une réalité.

Un bruit de porte me sort de mes pensées. Je tourne la tête et tous mes soucis s'envolent dans la seconde.
C'est fou cette capacité qu'elle a, d'illuminer chaque endroit où elle se trouve.

- Oh ... ma belle, ça va ?
- Et toi princesse ? ... Je suis super heureuse de te voir.

Elle se jette à mon cou, je la serre contre moi et je l'embrasse comme si ma vie en dépendait.

- Mais qu'est-ce que tu fais là, tu travaillais pas aujourd'hui ?
- Si, mais j'ai fini à 15h, alors je suis partie direct après le boulot, j'avais trop envie de te voir.

Cette fois ci, c'est elle qui vient poser ses lèvres sur les miennes.

- Est-ce que tu tiens le coup?
- Oui ne t'inquiète pas pour moi, je vais bien.

Elle me regarde, du genre "arrête tes bobards, on me la fait pas à moi"

- Alice, c'est bon, c'est moi, je peux tout entendre, si ça va pas, je veux que tu me le dises !
- Oui je sais ... mais franchement ça fait plus d'une semaine que je ne t'ai pas vue ... alors je ne veux pas gâcher ces précieux instants avec toi.
- Ok .... allez viens là.

Me voilà de nouveau au creux de ses bras, son parfum embaume tout mon être et la douceur de son corps apaise toutes mes douleurs.
Je ferme les yeux et je tente d'enregistrer ce merveilleux moment, pour les heures plus sombres.

Elle vient s'asseoir sur le lit, son dos contre ma poitrine. Je la serre de toutes mes forces contre moi. Je caresse ses longs cheveux qu'elle a détaché, je finis par poser ma tête sur son épaule et je lui murmure des mots doux à l'oreille.

Quelqu'un frappe de nouveau à la porte. Dans un moment de panique, nos deux corps se séparent et une distance plus tolérable s'installe entre nous.

- Entrez !

C'est Estelle qui pointe le bout de son nez.

- Ça va les filles ?
- Nickel et toi ?
- Oui je viens de finir le taf, je passais te faire un bisou.
- Merci coucou, c'est très gentil, ça me fait vraiment plaisir de te voir.
- Dites.....vous voulez bien m'amener en bas pour que je fume ? On pourrait se boire un truc en même temps ?
- Mais t'es sûre que ça va aller ?
- Mais oui t'inquiète .... et puis j'ai deux infirmières avec moi, je risque pas grand chose.

Marie et Estelle se regardent et acquiescent de la tête.

- Ok mais je vais chercher un fauteuil.
- Non ....

J'allais protester, mais au vu de mon état, je pense qu'elles ont raison.

On arrive dehors et quel bonheur de respirer l'air frais. J'allume une cigarette et mon Dieu ...que je la savoure.

- On va se boire un thé ?
- Allez c'est parti !

Installée sur une table un peu en retrait, j'écoute les filles discuter du travail.
Je me mets à penser que ça fait longtemps que je n'ai pas mis ma blouse blanche.
La main d'Estelle me ramène à la réalité.

- Ça va ?
- Oui, oui !
- Tu as vu Adèle du coup ?
- Non je ne l'ai toujours pas vue, ça fait 10 jours ..... C'est long, même très long pour une maman ....
- Mais pourquoi, Alban ne vient pas te voir avec elle ?
- Parce qu'il déteste les hôpitaux et qu'il ne veut pas y mettre un pied. Et puis... il pense que c'est une mauvaise idée qu'Adèle me voit comme ça.

Je pense à ma fille, à son doux sourire, ses belles bouclettes blondes, ses petites taches de rousseur qui lui font comme des paillettes sur le visage.
Et son rire... Son rire qui vaut tout l'or du monde.
Des larmes naissent aux coins de mes yeux.

- Alice, ça va aller.... je te promets que je vais trouver un moyen pour que tu puisses la voir.

Je souris à Marie mais mon coeur est lourd.

- bon ! les filles, je dois vous laisser, je bosses tôt demain matin.

Estelle rentre chez elle et Marie me remonte à la chambre.

- Tu veux que je reste avec toi ce soir ?

Mon visage s'éclaire.

- Oh tu ferais ça ! Merci ma belle, j'ai vraiment pas envie que tu partes.
- Moi non plus, je n'en ai pas envie...

En fin de soirée Marie vient se lover contre moi. Je voudrais rester éveillée, profiter du moindre instant avec elle mais notre petit goûter et les douleurs m'ont épuisée.
Alors je m'endors entre ses bras, bercée par les battements de son cœur.

Je me réveille vers deux heures du matin.
La tristesse m'envahit quand je m'aperçois qu'elle est partie.
A la lueur de la lumière du couloir, je vois un petit mot sur la table de chevet.

J'ai attendu que tu t'endormes pour partir.
Ne sois pas triste, je reviens très vite.
Et je te promets que tu verras Adèle.
Prends bien soin de toi.
Je t'aime ❤️

J'aurai Voulu T'aimer Plus LongtempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant